Chalon sur Saône

Le bilboquet mène à tout...à condition d'en sortir !

Le bilboquet mène à tout...à condition d'en sortir !

Samedi 9 avril le Quartier de lune des Aubépins accueillait à deux reprises la Compagnie Ezec Le Floc’h, pour le spectacle « Un ». Traitant d’égal à égal avec le jongleur, le bilboquet. Mieux qu’un faire-valoir. Une locomotive lors d’une démonstration mettant habilement de côté la maniabilité optimale afin de s’enfoncer progressivement dans la désopilance.

L’art de se mettre en scène sans valorisation excessive

L’amorçage a en vérité induit en erreur le commun des mortels, puisqu’une musique orientale introduisit le sujet sur fond d’impassibilité et de savoir-faire. Mais ce fut un pétard mouillé au regard de ce qui suivit, avec un virage à 180° pris illico presto, une volte-face contre toute attente. Certes, la dextérité n’a pas complètement disparu des écrans radar, cependant une autre constante a fait son apparition sans que personne ne s’en offusque, bien au contraire. Fil conducteur du spectacle, le bilboquet (une armada d’objets disparates et loufoques initialement tapis dans sa valise, dont un se caractérise par son invisibilité !) a subi la concurrence d’autres matériels n’ayant qu’une visée : amasser des situations hilarantes inversement proportionnelles à l’aspect général du méduseur de foule consentante. Il s’emmêle les pinceaux en grimpant sur sa valise avec des cordes qui corsent ses tentatives, n’en loupe pas une ! Son investissement a porté ses fruits, « Bilboquet Man » faisant marcher le public au doigt et à l’œil. Point ici de solitude du « montreur de tours », mais une interactivité tenace  durant laquelle le comédien appela à la rescousse l’improvisation, synonyme d’éclats de rire. De l’enfant convié à lui rendre service au spectateur mûr entrant dans son jeu, en passant par la spectatrice invitée à lui céder temporairement son siège pliant, chaque « injonction » détenait sa –gentille- part de risée. En se compliquant la vie, le clown ne s’est pas facilité la tâche, mais il s’en est tiré avec les honneurs, sous les applaudissements d’une assistance complètement sous le charme.

                                                                                                         Michel Poiriault

                                                                                                         [email protected]