Chalon sur Saône

Mado roule au super. Super Mado !

Mado roule au super. Super Mado !

Noëlle Perna exerce ce métier d’amuseuse publique pour partager de la joie avec ses fidèles. C’est du moins ce qu’elle a claironné à l’issue de son spectacle Super Mado à celles et ceux qui en pinçaient pour elle vendredi soir en la salle Marcel-Sembat de Chalon-sur-Saône, lesquels n’ont pas manqué de lui adresser en guise d’hommage un ban bourguignon. Preuve que côté cœur, elle était des leurs. «Les plus beaux voyages que je fais, c’est avec vous », a-t-elle élégamment distillé à l’assistance buvant ses paroles comme du petit lait.

Un personnage fort en gueule, une personnalité haute en couleur

Mado la Niçoise en 2003, Mado fait son show en 2007, Mado prend racine en 2012, et enfin à partir de 2015 :  Super Mado. Un quadrilatère aux assises solides dont l’élément moteur n’est rien d’autre que le rire à toute épreuve. Mado n’a pas de cape, ne colonise point les cieux…mais elle parle ! L’héroïne est mue par une devise : « Celui qui veut faire trouve un moyen, celui qui ne veut pas faire trouve une excuse. » Imparable ! Son « reproducteur » comme elle le désigne (son producteur en fait) a « enjoint » à la vedette du « chauve-binz » de se produire dans un spectacle exclusivement visuel. Peine perdue ! Si ruban et cerceaux ont bien été utilisés, la verve de Mado les a vite éclipsés. Car la Méditerranéenne n’est pas du genre à se laisser museler sans coup férir. Gouailleuse impénitente, dotée d’un inaltérable bon sens et d’un accent sudiste conférant à ses propos moult pincées pittoresques, partisane des jeux de mots retentissants, elle a souvent porté un regard acerbe sur l’apparente banalité du quotidien. Cette espèce de diseuse de bonne aventure n’aura à aucun moment molli ni courbé l’échine, ayant trop de choses à débiter.

 

Avec une certaine finesse d’esprit

Elle n’est jamais avare de confidences, appelant un chat un chat. « Quand je faisais le sapin, je n’osais plus mettre les boules, de peur d’être attaquée par une bande de lesbiennes. » Son mari, les profs, la conjugaison, les hormones, les supporteurs de foot, les plombiers (ils ont une particularité génétique : lorsqu’ils se baissent, une partie de leur raie est visible), la téléréalité (si on pouvait éliminer les politiques pour qu’ils ne reviennent pas…), tous les sujets sont susceptibles de passer à la moulinette. Un conseil à l’endroit de l’agriculteur de l’émission L’amour est dans le pré qui dégotte l’âme sœur : « Il ne faudra pas qu’il oublie de la…bourrer ! » A propos d’un sondage médical, « Marine Le Pen ne supporterait jamais qu’on lui mette un corps étranger.»  Dominique Strauss-Kahn a également eu sa « minute de gloire » : »Ministre du string, je mettrais DSK, car il connaît toutes les ficelles du métier. » Ses assertions, invariablement ont du coffre, du relief et de la résonance. « Entre les footballeurs et les rugbymen, celui qui a le plus grand QI, c’est le ballon ! ». Mado ne s’est pas contentée de railler tout ce qui bouge, s’emparant à l’occasion du laminoir afin de s’automutiler : « J’ai fait une grossesse tardive, c’est dû à plusieurs facteurs. Eh non, pas des facteurs de La Poste ! » Volontiers tournée vers l’offensive, Super Mado sait par ailleurs bifurquer en sortant un bijou de son écrin : »L’amitié, c’est la seule religion qui met tout le monde d’accord. » A méditer…

                                                                                                     Michel Poiriault

                                                                                                     [email protected]