Chalon sur Saône

Anne Roumanoff a pris un malin plaisir à gratter là où ça fait pas mal à certains...et un bien fou aux autres !

Anne Roumanoff a pris un malin plaisir à gratter là où ça fait pas mal à certains...et un bien fou aux autres !

Avec son spectacle « Aimons-nous les uns les autres », cela semblait partir d’un bon sentiment. Mais avant de parvenir à cet état de grâce, Anne Roumanoff a mardi soir en la salle Marcel-Sembat, remplie, de Chalon-sur-Saône, procédé à un lavage de cerveau, sorte d’épuration pour chasser les vieux démons qui parasitent le logiquement correct. Le résultat a été à la hauteur des espérances.

Une incroyable intensité d’histoires à ne pas dormir debout

Il n’y a en fin de compte qu’à se baisser pour ramasser à la pelle les incongruités qui jalonnent à longueur de temps la vie de la société, l’humoriste à la langue acérée en étant un exemple irréfutable. Dans son style qui repousse aux calendes grecques le souci du qu’en-dira-t-on, elle brandit la satire à bout de bras, assassinant autant les acteurs de l’actualité que les us et coutumes. Ses sketches durant lesquels elle campe nombre de personnages descendent en droite ligne de l’humour devosien ; extrêmement soignés au terme d’un travail millimétré, ils dévastent tout sur leur passage, car frappés au coin du bon sens. Et dans les travées on a ingurgité à qui mieux mieux une quantité incalculable de diatribes et traits d’esprit, pour les restituer ensuite après assimilation sous forme de rire quasi continu.  

 

Une large revue d’effectif

Remarquez bien qu’Anne sait également donner le bâton pour se faire battre, parce que rien n’est en mesure de stopper son vorace appétit de dézinguer à tout va. «Je suis une quinqua très légèrement corpulente. Je me sens lourde d’expérience, je ne suis pas une menace pour les autres femmes ! ». Au moins, après ça, ne pouvait-on l’accuser de mettre en branle le rouleau compresseur à son seul profit ! La réforme de l’orthographe, le sexe, la résurrection de l’emploi, des exercices pour se libérer de ses toxines avec des personnes issues du public sur scène, l’éducation des enfants, la conseillère municipale d’extrême-droite, les banques, la téléréalité, la touristes américaine à l’opinion toute faite au sujet du Français moyen (bien manger, picoler, et prendre des congés), le mariage homosexuel (« Mieux vaut un mariage gay heureux, qu’un mariage hétéro où on se fait chier »), etc. Les vérités sont sorties de sa bouche le plus naturellement du monde, dans l’hilarité générale.

 

Les politiciens au poteau d’exécution

La politique n’a pas été en reste, et Anne Roumanoff aura lâché la bride plus d’une fois. « François Hollande a dit qu’il allait baisser les impôts des plus modestes, c’est-à-dire de ceux qui n’en payent pas ! Il a dit que la France va mieux, je ne sais pas dans quel pays il habite ! Depuis qu’il est élu il a parcouru un million de kilomètres, dommage, il revient tout le temps ! On ne vend pas des navires à la Russie, mais on en vend à l’Arabie Saoudite, parce que c’est une démocratie !» Elle a fait un effort d’imagination par ailleurs, voyant Hollande en Simplet, Valls en Grincheux, Cazeneuve en Timide, Macron en Joyeux…Lorsqu’elle a évoqué l’ex-président, Anne Roumanoff a perçu Sarkozy comme un cyclone pour remplacer un trou d’air (l’actuel). Nadine Morano, entre autres, a aussi été marquée au fer rouge : « Elle se réclame de Lorraine, mais elle a tout d’une quiche ! » Et ainsi de suite…

                                                                                                      Michel Poiriault

                                                                                                      [email protected]