Opinion
Inondations sur le Grand Chalon - L'ingénieur agronome Joël Galissot rappelle les responsabilités et tire une nouvelle fois la sonnette d'alarme
Publié le 30 Mai 2016 à 15h05
Arrivé à Chalon-sur-Saône, il y a quelques années, j’ai eu maintes fois la possibilité de me promener le long de la Thalie, et voyant son état de délabrement qui sous-entendait aucun entretien depuis de très nombreuses années : arbres morts en travers de la rivière, buissons débordant de plus de la moitié de leur volume sur le cours d’eau, embacles de toutes sortes, de 50 à 100 m les uns des autres, arbres penchés du côté de l’eau….j’eus l’idée d’envoyer un courrier à Mr Platret pour tenter de le sensibiliser à ce problème d’inondations. Le sujet ne devait pas du tout l’intéresser, ou j’ai pensé qu’il ne connaissait rien au problème, et que l’histoire de Napoléon était plus dans ses « cordes » que les inondations qui touchaient la région et la sécurité de ses administrés ( en tant que Maire et vice-Président du « Grand Chalon » !! j’attends depuis plus d’un an sa réponse, et je ne me fais plus d’illusion car notre Maire à plein temps pour sa ville, durant sa campagne électorale, avait depuis, multiplier ses fonctions, et comme le disait récemment le délégué du mouvement « debout la France » du département : « Monsieur Platret, par ses nombreuses fonctions, ne sait plus où donner de la tête » !! Son ambition personnelle l’a depuis longtemps éloigné de la réalité qui touche sa ville.
Mais revenons à des sujets plus sérieux et qui touchent de nombreuses personnes de la région Chalonnaise. La commune de Fontaines, face à une petite inondation a vite réagi en plaçant 2 avaloirs à la limite supérieure du niveau du ruisseau qui lui posait problème, afin d’absorber une partie de l’eau quand le niveau d’eau monte ! L’idée n’est pas sotte, mais leurs ouvertures placées en parallèle au courant du cours d’eau, je doute que, quand le courant est important, ces 2 avaloirs puissent avoir une pleine efficacité ! Toutefois le problème se trouve plus loin car, après avoir prolongé ses avaloirs par une canalisation qui doit, en temps de crue, véhiculer l’eau excédentaire dans un autre ruisseau qui lui-même se déverse dans la Thalie. Aussi, si la commune de Fontaines a tenté d’épargner ses habitants de petites inondations, elle a repoussé le problème vers d’autres communes traversées par la Thalie.
Déjà tout au début de l’année 2016, Les pluies torrentielles ont encore sévi sur notre région, et les communes inondées dans le Chalonnais sont de plus en plus nombreuses : principalement à l’Ouest de Chalon-sur-Saône.
Une première vague avait précédé cette dernière, il y a 18 mois environ (4 et 5 Novembre 2014) et des trombes d’eau s’étaient déjà abattues sur les mêmes secteurs ! Alors face à ces inondations, consécutives, qui reviennent tous les 2 ans voire plus souvent, la population de ces communes commence à se poser des questions et se retourne vers le « Grand Chalon » présidée par Sébastien Martin, qui se retrouve un peu partout pour constater les dégâts, tout en essayant de remonter le moral des familles, mais cette action est nettement insuffisante pour des gens qui, quand ils ont terminé de nettoyer chez eux et tout autour sont obligés de refaire la même chose quelques mois plus tard (et je les comprend aisément).
Pour stimuler les Responsables et faire avancer les travaux qui sont indispensables au niveau des cours d’eau, je voudrais non rassurer la population, mais tout simplement leur dire qu’ils n’ont pas encore tout vu !! En effet, avec le réchauffement climatique, la fréquence de ces pluies torrentielles et orages, ne fera qu’augmenter au fil des années à venir !
Quelques communes (dont Givry) ont entrepris de petits travaux que j’ai pu voir, pour tenter d’enrayer l’impact de ces pluies diluviennes qui se fait très rapidement. Les clichés parus dans le journal local sont le reflet de la réalité. Mais les Responsables ne réagissent pas ou peu, et les travaux effectués sont très souvent insuffisants. Je peux en parler en connaissance de cause, compte tenu que je me suis investi, avec mes élèves BTS et les techniciens du Conseil Départemental du Doubs, plusieurs années de suite sur ces problèmes d’inondations, et je peux affirmer ici qu’il existe des solutions pour stopper les inondations ou les dévier afin de ne pas les subir directement.
Ces travaux que nous avons réalisés ont fait l’objet de la publication par moi-même d’un ouvrage conséquent, contenant de nombreux clichés couleurs, mais dont je ne parlerai pas pour ne pas être vite taxé d’en faire de la publicité. Ce livre sorti le 10 Février 2015 a été diffusé dans la France entière et une partie de la Belgique.
Alors on peut se poser la question : « qu’attendent les communes touchées pour entreprendre des travaux ? ». Je sais pertinemment que nombreuses vont me répondre qu’ils n’ont pas d’argent, ou pas les moyens financiers pour faire appel à une personne ou à une entreprise compétente, ce qui est vrai, car ces travaux pour stopper ces inondations ne s’improvisent pas ! Pour appuyer ce que je viens de dire, je reprends un article qui cite que des travaux sur le Farlan à Givry ont été entrepris, principalement de busage. Je cite Monsieur Sylvain Tronquet, directeur eau et assainissement du Grand Chalon : « Nous avions des diamètres des tuyaux complètement différents qu’empruntait le cours d’eau. Tout a été remplacé par des conduites au diamètre impressionnant de 1000 mm soit 1 m ! C’est assez rare » ! Oui c’est rare car avec de tels diamètres sur des ruisseaux ou petits cours d’eau, on constate fréquemment l’inverse de ce qu’on attendait !! l’eau est aspirée littéralement par un vide d’air au sein de la canalisation, et bien souvent, à la sortie, on obtient un niveau d’eau et une vitesse du courant 2 à 3 fois plus importante qu’à l’initial ! C’est en partie ce qui s’est passé, il y a quelques mois dans la ville de Cannes où pour éviter les inondations, on avait totalement muselé avec des tuyaux de très gros diamètre, les cours d’eau descendant de l’arrière-pays des bassins versants. L’eau a pris une telle vitesse qu’en bas de pente, c’étaient des lames d’eau de plus de 1 m voire de 2 m qui se sont abattues sur les lotissements construits à ces endroits, et de surcroît dont toutes les rues et passages étaient bétonnés. Donc attention, toujours intervenir avec des techniques les moins agressives possible !
Alors Monsieur Martin, c’est tout en votre honneur de vous rendre sur les lieux sinistrés pour tenter de remonter le moral des sinistrés, mais cela ne suffit pas !!! Il est vrai que le « Grand Chalon » va débloquer des fonds sur plusieurs années pour faire des travaux qui s’imposent inévitablement. Pour ma part, je ne pense pas que le problème sera résolu en appliquant des « rustines » ici et là !!!
Je crois que le problème des inondations à répétition pour la sécurité des habitants de Chalon et du « Grand Chalon » doit être pris dans son ensemble !! Ne serait-il pas plus utile et prioritaire de lancer un vaste programme pour faire cesser ces inondations ? Ce n’est pas une fatalité ? plutôt que de détruire une grande zone humide qui joue un rôle fondamental dans l’absorption de l’eau dans l’impact de ces pluies et orages que nous connaissons de plus en plus ? (ceci n’engage que moi ?), zone humide qui se conduit en permanence comme « une éponge », absorbant le trop d’eau avec un fort pouvoir de rétention, et qui la redonne par temps chaud !
Dans le jsl du Mercredi 18 Mai 2016, Thierry Dromard pose la question en première page « Inondations en série » : à qui la faute ??? Là, je me permets d’y répondre aisément ! Pour l’instant, la faute en incombe aux propriétaires riverains du ou des cours d’eau. Il est de son devoir d’entretenir régulièrement la ripisylve qui se trouve de son côté, c’est-à-dire, tronçonner régulièrement les arbres morts, les arbres penchés sur le cours d’eau, de débroussailler les buissons qui ont tendance à se tourner vers l’eau, de retirer tous les embacles qui se trouvent de son côté et ce , jusqu’au milieu du cours d’eau, et qui sont régulièrement la cause des inondations, voire des catastrophes qui en résultent par rupture de ces bouchons (constitués d’arbres et branches mortes, feuilles pourries, bouteilles plastiques et tous autres déchets) quand le niveau de l’eau monte trop vite. Souvenez-vous de Lamalou- les- Bains (Hérault), il y a plus d’un an ? un petit ruisseau insignifiant traverse la ville mais à cette époque, il était tout de même suivi au niveau de la hauteur d’eau par toute l’équipe municipale après plus jours de pluies intenses. Le niveau montait très peu, jusqu’à ce que les embacles en amont (par défaut d’entretien) se rompent et déversent à 3 h du matin, une lame d’eau de 3 m de haut sur la ville et le camping : conclusion : dégâts matériels……… et 3 morts !!!
Mais revenons à la question posée par Thierry Dromard : « à qui la faute ? ». En l’absence du travail incombant aux riverains, la loi du 27 janvier 2014 de Modernisation de l’Action Publique Territoriale et d’Affirmation des Métropoles (MAPAM) attribue désormais aux communes une compétence obligatoire des gestion des Milieux Aquatiques et de prévention des Inondations (GEMAPI). Cette loi permet de pallier la carence des propriétaires riverains à entretenir les cours d’eau.
Donc, là où le travail des riverains n’est pas fait, c’est la municipalité de la commune « inondée » qui en est responsable, et, dans notre cas, l’organisme qui les représente à savoir « Le Grand Chalon et son Président »
Alors évidemment, nombreuses sont les communes qui vont rétorquer, face à cette loi, qu’elles n’ont pas suffisamment de moyens financiers ! Or, je voudrais rassurer ces petites communes traversées par un ruisseau ou un petit cours d’eau que les solutions pour éviter le débordement donc les inondations ne demandent pas énormément d’argent ! Pour les stopper, il est indispensable de travailler correctement en ne commençant pas par changer les diamètres des conduites avant d’entreprendre en premier ce qui est indispensable, c’est-à-dire :
+ l’entretien REGULIER des bords du cours d’eau , par l’entretien de la ripisylve : tronçonneuse, casque et pantalon de sécurité, et surtout beaucoup « d’huile de coude » seront nécessaires.
+ Il sera opportun de construire quelques noues pour récupérer le surplus d’eau et tamponner le débit d’eau arrivant au bassin de rétention (tractopelle).
+ construction d’un ou de 2 bassins de rétention suffisamment importants (tractopelle). Ces « fosses » terminées, entourées d’un grillage de protection, seront plantées de plantes aquatiques (essentiellement) : typhas, quelques roseaux, et quelques iris d’eau jaune complèteront le tout. Ces plantes vont faciliter la descente de l’eau dans le sol. Au bout de quelques années, quand le bassin de rétention sera rempli de vases, un tractopelle pourra aisément les retirer, et le bassin sera à nouveau prêt à recevoir l’eau en excès et quelques plantes aquatiques citées précédemment !
+ l’exutoire ne sera pas indispensable, dans le cas de petits cours d’eau.
Ps : jsl du 24 mai , un article écrit par Emmanuel Mère à propos des inondations provenant d’un petit cours d’eau : le Frachet à Saint-Mard-de-vaux envisage en premier de curer le lit du ruisseau !!!! Surtout pas : LE CURAGE DU RUISSEAU EST LE PIRE DES FLEAUX !!!!!
Une question vient à l’esprit : pourquoi des travaux simples ne sont pas réalisés dans notre région et en particulier au niveau des communes touchées par les inondations ? soit par la commune en question, soit par « le Grand Chalon ». J’arrive à penser qu’il faudra un mort ou plusieurs pour que ce problème des inondations soit pris « à bras le corps » et comme pour les dossiers, celui-ci soit remis en haut de la pile.
Oublions les querelles de couloir des Responsables, l’esprit revanchard, la politique de droite et de gauche, les ambitions personnelles et visitez à Chalon-sur-Saône ce qu’a fait réaliser la Municipalité Précédente aux Prés Saint- Jean car l’exemple est à copier, à aménager selon sa commune ou sa région. Vous y verrez les noues, le bassin de rétention et l’exutoire ! le même jour, rendez-vous au carrefour de Cortelin et voyez les 2 bassins de rétention très simples qui ont été construits pour récupérer les eaux de ruissellement de l’autoroute. Déplacez-vous au lotissement bâti en face le Jardiland Nord, de Chatenoy – le Royal et voyez ce qui s’est fait entre certains pavillons de plain-pied. Ce n’est pas le « must », mais ces grandes fosses vont empêcher les fortes pluies d’inonder le lotissement. Et Bon courage à Tous !
Gallissot joël – Ingénieur Agronome
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