Opinion de gauche

LOI TRAVAIL : DE LA REPRESENTATIVITE SYNDICALE.

Lorsque les rapports sociaux se tendent pour des raisons de réformes, de crise économique, de changement politique, il est de bon ton, dans les classes dirigeantes et souvent dans les médias détenus par ces mêmes classes, de fustiger, de discréditer voire de mépriser les positions et les actions des salariés et de leurs organisations syndicales.

 

C’est ainsi que dans le conflit sur le projet de Loi Travail, les organisations syndicales les plus combatives (notamment la CGT, FO, Solidaires et FSU) sont accablés de tous les maux au prétexte qu’elles ne seraient pas représentatives et que le taux de syndicalisation serait un des plus bas d’Europe.

 

S’il fallait juger les élus politiques au nombre d’adhérents revendiqués par leur propre  parti, de droite comme de gauche, il serait facile de faire la démonstration qu’ils ne représentent pas grand monde.  Selon l’hebdomadaire l’Obs du 24 mai 2016 «  laCGT compte 688 000 adhérents alors que la plupart des partis politiques peinent à rassembler 200 000 militants (178 000 en 2015 pour Les Républicains, 131 000 pour le Parti Socialiste, et 83 000 pour le Front National ». Et s’il fallait les juger à leur représentativité électorale, le plus grand parti de France serait celui des abstentionnistes.

 

Il existe pourtant des chiffres incontestables de la réelle représentativité syndicale : les élections prudhommales dans le secteur privé et les élections paritaires dans les trois fonctions publiques. Ces chiffres sont reconnus et publiés par les ministères concernés.

 

Dans le privé, lors des dernières élections prudhommales de 2008 (sans cesse remises en cause notamment par le patronat et ses représentants politiques), 4 755 868 salariés ont voté. Même si ce chiffre est insuffisant, il est loin d’être négligeable. Les résultats ont été les suivants : CGT (34%), CFDT (21,8 %), FO (15,8 %), CGC (8,19%), UNSA (6,25%), Solidaires (3,82 %).

 

Dans les trois fonctions publiques ( d’Etat, Territoriale, Hospitalière), lors des dernières élections paritaires de 2014, 2 753 540 fonctionnaires ont voté (53%). Les résultats ont été les suivants : CGT (23,1%), CFDT (19,3%), FO (18,6%), UNSA (10,4%), FSU (7,9%), Solidaires (6,85%). Autrement dit, dans tous les cas de figure, et pour l’ensemble du pays, les syndicats dits de lutte et d’action sont largement plus représentatifs que les syndicats dits réformistes  pourtant les plus courtisés.

 

Dans la volonté de minimiser l’action collective, il est toujours tentant de personnaliser les débats ou de « gouverner » avec des sondages de popularité. Selon les sondages plus de 80 % des Français sont opposés à la Loi Travail et selon le sondage IFOP-JDD du 29 Mai, 46% des Français sont pour le retrait de cette Loi. Rappelons également que sur le site Change. Org, la pétition « Loi Travail : Non Merci ! » a recueilli 1 343 338 soutiens ( record absolu sur ce site.)

 

Enfin, en terme de popularité et d’image, le leader de la CGT, M. Martinez arrive largement en tête de tous les protagonistes avec 35 % d’opinion favorable contre 24 % pour M. Valls (premier ministre) et 17% pour M. Gattaz (Medef) (sondage BVA du 23 mai).

 

Les responsables politiques et les tenants d’un ordre social de plus en plus libéral, sont donc largement minoritaires et seraient bien inspirés de faire preuve de plus d’humilité et de modestie dans leurs analyses et dans leurs propos. La France mérite mieux que le 49.3, que l’arrogance patronale et que l’intégration libérale à marche forcée.

 

Lucien Matron , enseignant retraité, toujours syndiqué FSU