Chalon sur Saône

Intrigant au possible, l'art fractal sort du bois à Chalon-sur-Saône

Intrigant au possible, l'art fractal sort du bois à Chalon-sur-Saône

L’art fractal mis à nu…mérique, c’est en ce moment à Chalon-sur-Saône, plus précisément à Nicéphore Cité, à la faveur d’une exposition sur grand écran. Une quinzaine de vues, tant à l’accueil qu’à l’étage, permettent à la personne curieuse de nature, de se plonger dans un univers singulier ô combien accaparant, gage d’émotions forcément personnalisées. La première expo de Thomas Desbrières, arc-boutée sur les nouvelles technologies bien dans l’air du temps, algorithmes au poing, vaut assurément le détour.

A la frontière entre l’art et la science

Dans les années 70, le concept, mis au point par Benoît Mandelbrot (informaticien-mathématicien) provenait des mathématiques, lequel fut le premier à s’intéresser à l’art fractal et à utiliser la puissance de calcul des ordinateurs, histoire de modéliser des géométries ne brillant pas obligatoirement par leur simplicité. L’évolution a depuis  suivi son grand bonhomme de chemin. « Il fallait trois jours à l’origine pour calculer une image. Maintenant, ça dépend du type de formule, mais en moyenne ça demande une bonne heure de calcul, et là, l’ordi tourne à plein régime », explique Thomas, qui ne fait qu’un avec son outil de travail : « C’est particulier comme forme d’art au niveau de la fabrication d’images, de créer avec l’ordi. Celui-ci va proposer des formes, et sortira quelque chose d’artistique, d’esthétique. » Formaté de manière tentaculaire (une formation scientifique plus l’injection de l’histoire de l’art et de l’archéologie), le créateur coule des moments heureux en leur compagnie, ayant trouvé le lien idoine entre ces domaines différenciés, à la frontière entre l’art et la science. Thomas a éprouvé en vérité le déclic à la lecture d’un bouquin de maths au collège. « La montée en puissance a été progressive. C’est un peu un rêve d’enfant que je suis depuis vingt ans. Dernièrement, j’ai découvert que c’était enfin accessible au grand public. Des logiciels (lui n’a manœuvré qu’avec un seul N.D.L.R.), gratuits et payants à charger sur Internet pour se lancer, sont là. Cela requiert cependant une certaine expérience, de la motivation, du temps. Il y a à présent des objets en 3D grâce aux fortes capacités des ordinateurs. Il y a vraiment des moyens pour faire des choses, et c’est à portée de main. » Quid des réactions de l’observateur lambda ? « Ce qui surprend, c’est la complexité du motif, et le rendu que l’on peut avoir à partir de ça. » Au royaume de la précision d’horloger, ou quand l’énigmatique abstraction se donne en spectacle à la figuration subjective.

 

L’envie d’aller plus loin

Tâtonnements il y a, et entre le cerveau humain et les potentialités informatiques, le résultat final, comportant toujours des surprises, n’est que le meilleur parti tiré de cette alchimie quelque peu baroque. L’un des intérêts : nourrir de nouveaux motifs. « Il faut essayer des formules, je sais à l’avance ce qu’elles vont donner. Après, il existe une part d’exploration et d’adaptation. Dans les formes, on choisit ce qu’on veut montrer, l’ordi suggère. », poursuit Thomas. Comment l’autodidacte voit-il la démocratisation de l’un de ses dadas ? « On se connaît essentiellement par Internet, les pays concernés sont essentiellement les U.S.A., l’Angleterre, la France et l’Allemagne. J’aimerais que dans les écoles d’art on s’intéresse au fractal, qui est un art génératif. » A Nicéphore Cité Thomas Desbrières fait partie du FabLab, de même que celui du FabLab Chalonnais, où il est davantage immiscé dans les rouages, et qu’il serait heureux d’utiliser pour inventer des formes inédites. « Ce que j’essaie de faire, c’est un aspect abstrait et un aspect plus architectural. Ca me plaît de réaliser des décors, des lieux. On peut choisir les couleurs, les lumières. Plus on entre dedans en zoomant, et plus on retrouve le motif global.» Les notions de plaisir et de partage ne sont pas une vue de l’esprit, loin s’en faut ! « Je souhaiterais développer une activité artistique en rapport avec les nouvelles technologies et l’art fractal, ce dans le cadre d’une micro-entreprise. Quel bonheur si ça devenait une activité principale ! » Ce qui ne l’empêche pas de déplacer le curseur cette fois sur des tableaux qui prendraient place dans des expos, et sur des vidéos.      

 

Renseignements complémentaires et coordonnées

Lire la présentation de Thomas Desbrières (qui a soit dit en passant touché à la sculpture et écrit des nouvelles de science-fiction et du genre fantastique) sur l’art fractal et l’expo en vous rendant à cette adresse : http://www.nicephorecite.com/actualites/evenements/1228/creationnumeriqueetartfractalanicephorecite/ Accès libre à Nicéphore Cité du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h, jusqu’au jeudi 14 juillet.

 

Œuvres et photos de Thomas Desbrières                                        Michel Poiriault

                                                                                                         [email protected]