Rencontre avec Philippe Cheloudiakoff, Directeur du Département Danse du Conservatoire du Grand Chalon

Le Conservatoire fêtera ses 20 ans, vendredi 10 et samedi 11 juin. Partout, déjà, c’est l’effervescence dans le bâtiment où l’on veille à régler les derniers détails. Philippe Cheloudiakoff, entre une réunion et un 'raccord' a bien voulu nous parler du spectacle de la 1re partie de soirée : "Pulcinella" d’Igor Stravinsky et revenir sur les 20 dernières années passées au Conservatoire du Grand Chalon.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce spectacle ? S’inspirant de la Commédia Dell’Arte et de ses personnages, nous avons imaginé avec Christelle Andali, Sophie Anota-Marquet et Sylvie Mondulet, une version stylisée du ballet Pulcinella. Toute la mise en scène s’articule autour d’une scénographie, créée également avec Christophe-Emile Oddoux (Professeur Couture au lycée Emiland Gauthey), volontairement épurée. Des rideaux rouges structurent l’espace rappelant le théâtre ambulant du XVIè siècle. Cette suite de danses (les 3 départements sont représentés : Jazz, Classique, Hip-Hop) sans narration est une farce dont Pulcinella est le personnage central. C’est une bouffonnade insensée et les chanteurs, par leurs interventions scéniques, rythment les différents tableaux. Ce spectacle est une boîte à guimauves où il y a une multitude de bonbons à « picorer » ; ces friandises sont des petites saynètes.

Pourquoi Pulcinella de Stravinsky ? C’est une proposition de Philippe Cambreling qui dirige l’Ensemble instrumental qui nous accompagne. Déjà, il y a 20 ans, en 1996, nous avions collaboré ensemble pour la pièce Le Festin de l’Araignée d’Albert Roussel. C’est un spectacle total que nous proposons. En effet, avec lui, c’est un volet du métier que les danseurs abordent car les musiciens sont dans la fosse. Cette expérience avec les musiciens est nouvelle pour beaucoup d’entre eux.

Vous êtes le Directeur du Département Danse du Conservatoire, comment cette discipline a-t-elle évolué ? Je suis arrivé à Chalon-sur-Saône il y a 29 ans. À l’époque, je donnais des cours à la Maison des Sports. En 20 ans, en 30 ans même, la discipline a complètement évolué. Très vite, en 1987, nous avions intégré la Danse contemporaine dans notre enseignement ; en cela, nous étions déjà précurseurs. J’ai voulu une équité entre ces deux disciplines. Aujourd’hui, nous avons l’un des plus beaux départements danse de France. Les 4 disciplines enseignées apportent une dynamique phénoménale et notamment dans la multitude de projets interdisciplinaires qui en découlent. Il y a des passerelles également avec le théâtre, la musique et le chant et ces deux soirées programmées pour fêter les 20 ans du bâtiment en sont la preuve.

Quels sont les temps forts organisés au Conservatoire du Grand Chalon qui vous ont particulièrement marqué ? Rendu fier ? En 20 ans, il y en a eu tant ! Ce qui me rend fier, c’est un élève qui réalise sa passion, qui réussit dans les grandes écoles comme Germain Louvet, promu Sujet à l’Opéra de Paris et qui mène une carrière magnifique ; c’est tout simplement savoir que les élèves vont bien et qu’ils dansent. Entre celui qui vient au Conservatoire pour faire carrière et celui qui vient pour se faire plaisir, nous ne faisons pas de différence, le niveau d’exigence est le même pour tous, ce qui compte, c’est vivre la danse passionnément et les résultats sont là. Ce qui m’a profondément marqué, ce sont les tournées et les projets régionaux menés avec Dijon et Mâcon ; et puis dans les temps forts, il y a l’indélébile Giselle de Mats Ek, un grand moment ! Mais durant ces vingt années, mes plus beaux moments, je les ai vécus au Studio.

Le bâtiment du Conservatoire fête ses 20 ans, que peut-on vous souhaiter pour la suite ? En 1996, nous nous sommes battus pour avoir 2 studios de danse. Aujourd’hui, il nous en faudrait 4. Bientôt, une salle va être rénovée et l'année prochaine, nous disposerons de 4 plateaux, ce qui nous permettra de croiser plus encore les projets.