Faits divers

TRIBUNAL CHALON - Il confie sa carte bleue et son code secret à sa dulcinée et perd 4000 euros

TRIBUNAL CHALON - Il confie sa carte bleue et son code secret à sa dulcinée et perd 4000 euros

Anthony est un jeune homme naïf, sinon un peu simple. En 2011, il s’est fait dépouiller de 4000 euros par deux sœurs. Tombé amoureux de l’une d’entre elles, il n’a pas compté pour satisfaire sa belle. Il aurait dû.

Ce 2 mai 2011 au soir, âgé de 19 ans,  ce grand jeune homme s’est trouvé bien dépourvu au milieu du centre commercial de la région où il s’était lancé dans une frénésie du shopping avec Soraya, une jeune femme sexy avec qui il échangeait depuis plusieurs semaines. Au fil des messages, la jeunette lui  a fait entrevoir des nuits chaudes et des échanges câlins. Accroché par des photos et des conversation tendancieuses, il envoie très vite de l’argent à son coup de cœur. L’enquête évalue les dépenses totales consenties d’abord par Anthony, puis abusé, à 4000 € mais le préjudice total qui s’étale sur davantage de mois atteindrait près du double. Le plafond de dépenses de la carte bleue du jeune homme, dépassé en quelques heures avec plusieurs dizaines de fringues, produits de maquillage et équipement a sonné le glas des achats.

L’idylle s’achève dans un océan de naïveté et d’imprudence. Antony finit par prêter sa carte et son code secret à la jeune fille. Il attend benoîtement quelques heures qu’elle revienne lui rendre. Avant de se rendre compte de la supercherie. Sans moyen de paiement pour un titre de transport, il appelle sa famille à la rescousse pour rentrer chez lui.

La qualification choisie du délit reproché à Soraya, qui ne s’est pas déplacée au tribunal ce 17 juin est celle d’abus de confiance. Barbu, vêtu d’un T-shirt noir siglé, semblable à beaucoup de jeunes gens de son âge, Antony montre à la barre une émotion certaine et quelques difficultés d’expression. « Pourquoi avoir fait autant confiance à la prévenue, que vous ne connaissiez guère ? » questionne la présidente Therme. Antony balbutie puis garde le silence. Il préfère laisser parler son avocate, Me Roksana Naserzadeh.

Antony est certes naïf, et attend après cette journée shopping quelques faveurs sexuelles, mais il est aussi tombé dans une nasse bien pensée, par deux sœurs très débrouillardes.  La prévenue avait un casier judiciaire vierge jusqu’à ce vendredi mais sa sœur s’est déjà fait remarquer. Sonia et Soraya ont trouvé avec Antony un bon moyen de financement. L’enquête démontre qu’Antony a parlé aux deux sœurs lors des divers contacts téléphoniques alors qu’il pensait converser avec une seule d’entre elles. II ignorait d’ailleurs l’existence de Sonia, qui elle ne perdait rien de ses messages. Flairant sans vergogne le bon client, les jeunettes ont exigé des mandats cash, des sommes d’argent pour « payer l’essence et aller au rendez-vous ». Le stratagème a parfaitement marché jusqu’au 2 mai 2011, date à laquelle la subtilisation de la carte bleue d’Antony donne un coup d’arrêt final à cette love story plus vénale et fabriquée que romantique et sexy. Lors de son audition par les enquêteurs, Soraya a reconnu  avoir noté « qu’il était bien un petit peu faible d’esprit ». Une faiblesse dont la minette a profité sans complexe. Dès le compte du pauvre Antony vidé, une troisième sœur alertée recevra deux virements de 2000 € sur son compte. Une organisation familiale parfaitement calibrée.

« Comprenez bien, explique Me Naserzadeh, mon client ne voit pas le mal,  est extrêmement généreux et il était très jeune. Il a subi ce jour-là une profonde humiliation sans parler des moqueries familiales et amicales qui ont suivi sa mésaventure ». Le parquet a requis quatre mois de prison  avec sursis à l’encontre de Soraya. Sa sœur n’était pas visée par les poursuites.

Soraya a été condamnée  à trois mois de prison avec sursis simple. Elle devra rembourser les 4000 € détournés du compte de sa victime, et verser à Antony 500 € pour préjudice moral avec 600 € au titre de l’article 475-1du code de procédure pénale.

Rappelons à nos lecteurs que prêter sa carte bancaire et son code secret à quelqu’un, même de confiance, comporte de gros risques et reste fortement déconseillé...

 

Florence Genestier