Chalon sur Saône

Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône – Avec une pétition qui rassemble plus de 4300 signatures, inauguration sous haute tension !

Publié le 19 Juin 2016 à 20h30

Il y avait de l’électricité dans l’air vendredi soir. En effet, beaucoup de personnes étaient venues défendre « la culture à Chalon » à l’occasion de l’inauguration des nouvelles expositions. On notait la présence de Christophe Sirugue, Député, du Docteur Mathey, de Karine Delorme et Florence André, anciens Adjoints à la culture, de l’ex-Président d’Olympus, de nombreux photographes et personnalités politiques toutes tendances confondues. Tous ont témoigné de leur soutien au Musée et rendu hommage à François Cheval. Ce qu’ils ont dit…

L’ombre de l’ancien Ministre, ex-maire de Chalon-sur-Saône planait dans la salle

Temps considéré, habituellement, comme très festif, l’ambiance s’est quelque peu assombrie au moment des discours où l’émotion et les revendications ont fait place à la joie d’être tous là réunis pour partager cette inauguration, la plus importante de l’année puisqu’elle couvre la période estivale très prisée des visiteurs et touristes, et avant-dernière avant le départ de François Cheval, Directeur des Musées. En cause : les coupes budgétaires drastiques dont fait l’objet le musée et qui va le priver de son essence même : être un lieu vivant, un lieu de création, de production et d’ouverture en direction de tous les publics. François Cheval, dans un discours qu’il avait préalablement écrit, exercice auquel il ne se prête guère car souvent animé par la spontanéité et signe de la gravité de la situation, a tenu à rappeler (extraits) : « Le musée a toujours eu un vrai projet constant et moderne […] qui a rendu vivant le médium. Nous n’avons pas cédé, non plus, à l’esprit du temps. Avec des budgets réduits, nous sommes restés éloignés des effets de mode […]. 140 artistes en 20 ans sont intervenus pour nous dire le monde […] Nous avons fait en sorte que ce lieu soit une chambre ardente où la création sans limite soit en phase avec le monde réel. Le photographe a ausculté nos manières d’agir. Il nous a traqués dans nos perversités. Mais il nous a tout pardonné. Et tout cela pourquoi ? Pour témoigner ? Non. Pour transformer, pour reconfigurer cette époque si mal faite. Pour même, disons-le, repenser et réinstituer un nouvel ordre, contre le vulgaire, l’ignorance et le sens commun. Ce combat est loin d’être terminé, raison de plus pour soutenir la création contemporaine et les musées qui la défendent». Il a ensuite lu un extrait d’une lettre de Dominique Perben adressée pour l'occasion : « La culture, c’est la vie. […] La culture, ce n’est pas ce qui vient en plus mais ce qu'il y a de plus important […] ».

Côté mairie, les représentants étaient bien peu nombreux

Personne ne savait à l’heure des discours si le Maire de Chalon-sur-Saône allait honorer ou non de sa présence l’inauguration de ces deux magnifiques expositions : « Léon Herschtritt, La fin d’un monde » et « L’œil de l’expert, La photographie contemporaine ». Beaucoup n’avaient pas résisté à la tentation de lancer les paris et c'est naturellement que tous les yeux ont convergé vers Benoit Dessaut, Adjoint en charge de la culture et du patrimoine, accompagné de Dominique Rougeron, Déléguée aux relations avec le monde culturel et sportif, venus seuls, mettant ainsi fin aux spéculations. Les raisons de cette absence n’ont pas été évoquées par l’Adjoint resté discret en cette soirée mais qui, néanmoins, a joué son rôle, prononçant un bref discours en lien avec les deux expositions présentées et remerciant François Cheval et ses équipes pour « son travail remarquable et riche de culture ». Malaise palpable dans la salle où des pancartes « Non au démantèlement de la vie culturelle à Chalon… Soutien au musée » ont été brandies mais discours applaudi par une foule qui a su rester digne et respectueuse en dépit des revendications qu’elle avait à faire valoir.

Laurence Fluttaz, 2^ème Vice-Présidente en charge de la culture au Conseil Régional Bourgogne/Franche-Comté a prononcé un très beau discours : « […] Les œuvres d’aujourd’hui nous convoquent dans le monde de demain. Elles tendent la main vers ce que nous avons d’humain, elles nous invitent à être courageux, ni replié, ni frileux. Elles ne sont pas faciles, ni même difficiles […]. Monsieur Cheval, vous avez su ouvrir les portes de l’avenir dans l’ici et maintenant de notre musée Niepce. La création a trouvé ici une auberge, une résidence, pour nourrir notre imaginaire et notre action de la vision que nous propose « L’œil de l’expert ». Je veux vous témoigner, Monsieur Cheval, ma profonde admiration pour votre travail et celui de votre équipe. Je veux vous transmettre la volonté de voir se poursuivre la diversité de votre action en direction de l’ouverture au public, des témoignages du passé jusqu’à l’interpellation de ce que nous serons demain et que ce bain d’aujourd’hui puisse nous y conduire. Je dis juste cela… Merci ».

L’ex-Président d’Olympus, bourguignon d’origine, a ensuite pris la parole pour dire « qu’il était impensable de ne pas être là aujourd’hui. Partageant beaucoup de valeurs avec François Cheval » avec lequel il démarre très vite, après leur rencontre, une collaboration, toujours avec la volonté de sortir des sentiers battus, des effets de mode. Il a rappelé que le Musée Niépce est unique en France, qu’il n’y a pas d’autre lieu où l’on réunit autant de « choses » différentes ; de plus, fait rare, axé sur la création et l’ouverture sur la ville. « C’est une belle œuvre qu’il faut poursuivre. Il est important de trouver les moyens pour que ces lieux vivent et se développent » a-t-il conclu.

La prise de parole de Christophe Sirugue, Député, fortement attendue …

« Vous êtes venus nombreux, si nombreux que j’ai comme le sentiment qu’il y a un message au travers de votre présence » a débuté Christophe Sirugue, avant de poursuivre (extraits) « Nous sommes heureux d’être ensemble autour de ces expositions qui rendent hommage à 20 ans d’une politique culturelle forte. Les nombreux photographes présents et exposés témoignent du lien qu’ils ont établi avec ce lieu, avec François Cheval qui anime ce musée avec passion », a-t-il souligné, remerciant, par là-même, le Directeur des musées pour l’ensemble du travail effectué, également, à l’endroit des professionnels et en direction de l’ensemble de la photographie. « Dans le domaine culturel, il n’y a pas d’apothéose (revenant sur ce terme utilisé par Benoit Dessaut dans son discours) mais des poursuites, des enjeux. Je suis fier de voir que sont présents, ce soir, tous ceux qui ont su que les politiques culturelles ont besoin de continuité et ce, au-delà des différentes convictions. Chalon-sur-Saône a su construire sa notoriété sur une politique culturelle forte. Nous défendrons les politiques culturelles à Chalon. » a-t-il conclu.