Chalon sur Saône

TRIBUNAL CHALON - Six mois ferme pour avoir dévalisé un camping-car à Montceau-les-Mines

TRIBUNAL CHALON - Six mois ferme pour avoir dévalisé un camping-car à Montceau-les-Mines

Colette a 72 ans, et vit à Montceau-les-Mines. Ce vendredi 1er juillet, pour la première fois de sa vie, cette retraitée met les pieds dans un palais de justice. Victime d’un vol en 2014, elle est venue demander réparation.

Colette a un peu de mal se déplacer et à se tenir debout mais elle est venue, convoquée à 10 h 30, accompagnée d’une amie. Elle compte se porter partie civile. En mars 2014, son camping-car a été cambriolé. On lui a subtilisé une télé, une caisse à outils, un transformateur indispensable quand elle est en déplacement parce qu’il fait fonctionner un respirateur artificiel dont elle a besoin. Comme souvent, l’audience de 10 h 30 ne débute pas à 10 h 30. Une affaire délicate d’agression sexuelle, prévue à 8 h 30 prend plus de temps que prévu. Colette doit attendre 14 h pour que son affaire soit jugée. Entretemps, elle s’est inquiétée du parcmètre chalonnais à ravitailler et s’étonne des longueurs des audiences. « C’est toujours comme ça au tribunal ? » questionne-t-elle. Oui, souvent.

Colette n’a pas engagé d’avocat. « J’ai pas les moyens » dit-elle, mais a pris le temps de calculer son préjudice. Le prévenu, âgé de 23 ans,  poursuivi pour vol avec dégradation en récidive ne s’est pas déplacé. C’est un habitué des tribunaux. Le jeune homme était encore incarcéré il y a peu à Varennes-le-Grand mais bénéficie d’un aménagement de peine depuis quelques semaines. Il compte 17 mentions sur son casier judiciaire : des vols, des violences, de l’usage de stupéfiants. Le fait qu’il soit bien connu des services de police a favorisé l’identification. La porte du camping-car est restée verrouillée, mais la fenêtre latérale du véhicule a été forcée. Le prévenu a laissé une belle trace papillaire sur la vitre. Le fichier a tilté. Placé en garde-à-vue suite à cette identification, le prévenu a d’abord nié le vol. Et a raconté aux gendarmes qu’un certain Henri, qu’il connaissait, et à qui il voulait acheter une moto, s’était prétendu propriétaire du véhicule mais en avait égaré les clés. Il l’a donc aidé à se glisser dans le camping-car et à récupérer des affaires. Ce n’est pas lui le voleur, c’est donc Henri. On ne connait pas le nom de famille du fameux Henri. Ni s’il existe vraiment…

Garé rue du Champ-du-Moulin à Montceau, à deux pas du lycée Henri-Parriat, le camping-car de Colette permet aux amis retraités des sorties champêtres. Ce 29 mars 2014, la partie de pêche n’a pas été annulée mais retardée de quelques heures, le temps d’aller déposer plainte au commissariat. La contrariété n’a pas empêché la bande d’amis d’aller taper le carton et taquiner le goujon au bord de l’eau.  Deux ans après, Colette est encore ennuyée d’avoir perdu la caisse-à-outils, qui s’était garnie au fil des années et rendait service à toute une communauté de voisins. Face au tribunal, elle explique ses soucis d’après cambriolage, les tracas pour se procurer un nouveau transformateur compatible avec son matériel médical et estime les torts causés.  Elle demande 1500 € pour le préjudice matériel et 10.000 € de préjudice moral.

Le parquet regrette l’absence du prévenu, souligne la récidive et le nombre de condamnations déjà important à son casier. Trouve l’histoire racontée aux gendarmes invraisemblable et requiert une peine de six mois de prison ferme. Le tribunal suit les réquisitions à la lettre et condamne le récidiviste à … six mois de prison ferme. La partie civile de Colette est retenue. La retraitée montcellienne percevra 500€ pour le préjudice moral, 800 € de dommages et intérêts pour le matériel disparu et 50 € prévus par l’article 475-1 du  code de procédure pénale. Colette est repartie soulagée à Montceau, même si l’attente de l’examen de son affaire lui a paru trop longue.

 

Florence Genestier