Chalon sur Saône

Tribunal correctionnel de Chalon : C’est beau l’amour, même au parloir mais…

Tribunal correctionnel de Chalon : C’est beau l’amour, même au parloir mais…

Six mois de prison supplémentaires pour un détenu de Varennes-le-Grand qui avait planqué de la résine de cannabis dans sa chaussure. Trois mois de prison avec sursis pour sa compagne, qui lui avait glissé ce « petit cadeau » pendant une visite familiale.

C’est beau l’amour. Même au parloir du centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand. A condition de ne pas  profiter des entrevues pour écouler de la résine de cannabis, que les surveillants pénitentiaires se font un plaisir de trouver rapidement lors de la fouille obligatoire post-parloir, ce 12 février 2016.  

« Ce n’est pas elle, Madame  la présidente, c’est moi ». « Ce n’est pas lui, Madame la Présidente, c’est entièrement de ma faute ». A l’audience de ce vendredi 8 juillet, les versions des deux prévenus divergent. Le détenu, incarcéré depuis des mois, affirme que c’est un autre compagnon d’infortune qui lui a donné les presque trente gramme de résine de cannabis, juste avant de repasser dans sa cellule. Elle, en revanche, assume d’être une fumeuse régulière de joints et raconte avoir acheté 150 € de produit à Chalon avant le parloir, l’avoir coupé et glissé une portion à son compagnon de son propre chef. L’alerte vite donnée après la visite, les forces de l’ordre ont perquisitionné le véhicule de la demoiselle et déniché 18 g de résine sous son siège conducteur et un couteau maculé. Passés de son soutien-gorge à la semelle de chaussure de son compagnon, les 30 grammes de shit peuvent lui coûter cher. « Vous vous rendez compte que vous risquez jusqu’ à dix  ans de prison pour ces faits ? », tacle la présidente Therme. La jeune femme vient de vanter les mérites relaxants de la drogue face au tribunal. Elle voulait faire plaisir à son homme, incarcéré depuis longtemps et l’aider à se détendre. « Franchement, il n’y a pas d’autre moyen de lui faire plaisir ? » questionne la magistrate. « Ah mais, ça m’a servi de leçon. J’ai ma petite vie, je travaille, j’ai arrêté de fumer. Je n’ai jamais eu de problème avec la justice jusque-là »,  se repend l’amoureuse, piteuse. Jusqu’à cet épisode de leur vie conjugale, la jeune femme fumait trois joints par soir. Son compagnon assure qu’il a arrêté de fumer. Son casier, comporte six condamnations depuis 2011 pour violences en réunion et outrage. Son début d’incarcération à Varennes s’est mal passé. Il a eu maille à partir avec d’autres détenus, s’est visiblement bagarré, a passé six mois en quartier disciplinaire, deux procédures de violences aggravées commises en prison le concernant sont encore à l’instruction. Depuis octobre 2015, il suit une formation, travaille, est devenu sportif, a perdu 15 kg. Il est libérable fin septembre 2016 et craint que sa peine ne soit prolongée. Mais pour rien au monde, il n’avaliserait la version de sa petite amie. Personne n’est dupe à l’audience.

Le parquet note que « les prévenus veulent se protéger l’un l’autre » et requiert six mois de prison supplémentaires pour le détenu, en récidive. Et deux mois de prison avec sursis, assortis d’un travail d’intérêt général (TIG) pour la prévenue. « Son casier judiciaire est vierge, mais la saisie est tout de même importante ». Interrogée quant à la possibilité d’effectuer un TIG, la prévenue refuse, ses horaires professionnels étant variables.

L’amoureux est condamné à six mois de prison supplémentaires. L’amoureuse à trois mois de prison avec sursis pour « remise ou sortie irrégulière de correspondance, somme d’argent ou objet de détenu » et trafic, transport et acquisition de stupéfiants. Le couple, suite à ce parloir parfumé au cannabis en février,  a connu une interdiction de visites de deux mois.

 

Florence Genestier