Opinion
AGRICULTURE : La FDSEA et le CDJA adressent une lettre ouverte au Préfet et aux parlementaires de Saône-et-Loire
Publié le 06 Août 2016 à 16h18
Ils soulignent la situation très très critique des agriculteurs.
La lettre ouverte de la FDSEA et du CDJA de Saône-et-Loire est adressée à Gilbert Payet, préfet de Saône-et-Loire ;
Cécile Untermaier, Edith Gueugneau, Christophe Sirugue, Philippe Baumel, Thomas Thévenoud, députés de Saône-et-Loire ;
Marie Mercier, Jérôme Durain et Jean-Paul Emorine, sénateurs de Saône-et-Loire :
Vous le savez, notre Agriculture de Saône-et-Loire est plongée dans une année noire.
Les travaux de récolte touchant à leur fin, un premier bilan peut poindre en grandes cultures. De nombreuses parcelles destinées aux cultures de printemps (maïs principalement) n’ont pu être semées du fait de la pluviométrie excessive que nous avons connue lors de ce printemps et ce début d’été. Quant aux cultures d’hiver, elles connaissent - dans leur ensemble - des rendements catastrophiques, conséquences de l’excès d’eau, des températures négatives de la fin de printemps et du manque d’ensoleillement. Le tout avec des qualités très médiocres qui impactent plus encore le prix qui sera payé aux producteurs. Cet épisode intervient, faut-il le rappeler, dans un contexte de prix déjà gravement affectés et ce pour la 4ème année consécutive.
De leur côté, certains viticulteurs ont dû purement et simplement rayer les vendanges de leur agenda, quand d’autres subissent d’importantes pertes de récoltes. Pour tous, la vendange 2016 contraindra à la perte de parts de marché. La situation est là aussi grave, alors que, pour certains, la récolte 2017 est d’ores et déjà amputée. Vous en connaissez les causes.
L’élevage laitier subit, quant à lui, des cours largement en-dessous des coûts de production, du fait notamment des cumuls de charges non productives avec les mises aux normes en tout genre et la modernisation nécessaire pour maintenir l’outil. Comment un éleveur peut-il supporter l’astreinte quotidienne de la traite avec une production à ce point dévalorisée ?
Quant à l’élevage allaitant, alors que la crise est installée depuis longtemps, les cours ont perdu quelques 65 centimes du kilo de carcasse en quelques mois, et ce malgré une reconnaissance de la qualité au niveau national et une exportation souhaitée par de nombreux pays, mais toujours tributaires de nos pourparlers politiques.
Enfin et après y avoir cru quelques mois, l’élevage ovin retombe dans ses travers coutumiers. La chute de la Livre sterling qui résulte du vote sur le Brexit a en effet donné un avantage concurrentiel de poids à l’agneau anglais.
Dans ce contexte, l’analyse est sombre quant à la gestion par l’Etat de son agriculture alors que la France est passée du 1er au 6e rang mondial des pays exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires en quelques années, un secteur qui demeure malgré tout un des plus beaux fleurons de notre économie française.
Notre agriculture française a été condamnée à mort par idéologie, et l’exécution de la peine se fait sous nos yeux du fait de la lâcheté d’une bonne part de nos élites et de nos élus.
Les producteurs sont au bout du rouleau ; ils ne croient plus en leur métier ; la trahison leur fait mal ; elle les blesse. Quant à leur trésorerie et à leur moral, ils sont au plus bas.
Dans nos campagnes, doucement mais sûrement, nos partenaires économiques sombrent avec nous, avec déjà des licenciements en cours et en prévision chez certains d’entre eux. Ils sont en train de comprendre qu’ils sont dépendants des producteurs, peut-être faute d’avoir compris suffisamment tôt le besoin d’en être solidaires. Les dégâts seront, là aussi, irréversibles.
Certes, nous comprenons bien le contexte mondial et ses inquiétudes, nous avons déjà payé un lourd tribut sur le dossier de l’Ukraine et de l’embargo russe qui en a résulté, nous payons aussi celui avec la Turquie, pour ne parler que d’eux !
Mais comment font tous ceux, nombreux, qui nous prennent ces parts de marché que nous leur offrons sur un plateau ? Les minorités y ont-elles autant d’aura chez nous ! L’idéologie et l’égoïsme qui l’entoure peuvent-ils bafouer à ce point le pragmatisme et le collectif qui avaient façonné, année après année, notre puissance ?
De nombreux dossiers sont en cours et en préparation pour sauver ce qui peut l’être (Zones intermédiaires, Zones défavorisées, regard sur la PAC 2020…). Pour nos régions, ces dossiers sont primordiaux, leur aboutissement positif doit permettre le maintien d’une agriculture diversifiée sur l’ensemble des territoires. Mais, à court terme, des solutions économiques fortes s’imposent pour aider les agriculteurs et leurs structures à limiter les dégâts. Un plan de soutien d’envergure s’impose.
Si l’enjeu de l’environnement est primordial, nous en sommes les tous premiers acteurs, ensemble, il nous faut remettre un peu de pragmatisme dans la gestion de ces dossiers, sans céder aux cris d’Orphée des lobbys qui vivent de la peur de leurs concitoyens.
Un métier qui ne se renouvelle pas est un métier qui se meurt. La Saône-et-Loire a relevé le défi de la diversité de ses produits, sur le terrain de l’excellence. L’installation doit plus que jamais demeurer, à la fois dans ses politiques et dans ses moyens, une stratégie d’avenir.
Les agriculteurs ont besoin de perspectives ; ils ont aussi besoin de considération.
Sauvez ce qui peut encore l’être !
Bernard LACOUR
Président de la FDSEA
Damien LEMIER
Président des JA
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