Faits divers

TRIBUNAL - Dix mois de prison pour une catastrophe en chaîne à Sanvignes-les-Mines

TRIBUNAL - Dix mois de prison pour une catastrophe en chaîne à Sanvignes-les-Mines

Gérard a 26 ans, l’alcool festif et excessif, le cannabis quotidien et la conduite dangereuse. Le 27 août dernier, sous alcool et cannabis, il a provoqué deux accidents, calciné trois voitures et failli brûler un immeuble. Jugé en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Mâcon ce mercredi 7 septembre, cet habitant de Sanvignes-les-Mines a dit sa « honte » d’avoir provoqué tout ça. Pour lui, c’était « la fois de trop ».

Le matin même, Gérard (prénom changé)  a été placé en garde-à-vue suite à la réception par le parquet mâconnais d’analyses de sang qui prouvent son addiction au cannabis au moment des faits. Sa conduite sous  empire alcoolique était déjà établie. Privé de tous ses points sur son permis de conduire depuis février 2016. En mai dernier, le tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône l’a pour la troisième fois de sa courte vie,  sanctionné pour ivresse au volant. « Bref, vous cumulez…Vous êtes totalement hors des clous » résume d’une formule le président Santourian.

 

Dans le box, encadré par les forces de l’ordre, le jeune homme, qui a une vie professionnelle irréprochable et gagne bien sa vie, ne brille guère. Sa voix tremble par instants. L’enchaînement des faits, cette nuit du 27 août, en plein centre de Sanvignes-les-Mines, a de quoi donner des sueurs froides rétrospectives. Après une soirée passée à Montceau-les-Mines dans un bar à siroter des punchs et à boire du rhum, sans parler des cigarettes exotiques,  Gérard prend le volant. En centre-ville, vers trois heures du matin, il roule à plus de 100 km/h, emboutit une Clio garée sur un trottoir, fonce sans s’arrêter dans le mur d’un immeuble avec son Alfa Roméo, percute et soulève une Austin Mini, qui se retrouve sur le capot de sa voiture. Du haut de leur balcon, la propriétaire de la malheureuse Mini et son  compagnon assistent au choc. Constatent que le conducteur accidenté semble nerveux. Le compagnon de la jeune femme descend, entend le conducteur demander de « ne pas appeler les flics ». Et là, ce dernier allume une cigarette, malgré les vapeurs d’essence... Parti chercher ses papiers et son portable dans l’habitacle de son  véhicule, la clope au bec, Gérard provoque l’embrasement de son auto, puis de la Mini accidentée par ses soins et enfin d’une troisième auto  stationnée à deux pas. Les flammes lèchent la façade de l’immeuble. Un escalier et des volets sont réduits à néant. L’intervention rapide des pompiers évite la contagion. Les dégâts sont importants mais par miracle, personne n’est gravement blessé. Les conséquences de l’absence de jugeotte du jeune conducteur, doublement pas dans son état normal, auraient pu être bien pires.

Ce qui pose question, c’est bien l’attitude de Gérard en soirée. Il a trois mentions à son casier judiciaire, toutes en lien avec sa consommation d’alcool ou de stupéfiants et la conduite. En mai dernier, les juges chalonnais l’ont condamné à de la prison avec sursis. Comme le note la procureure Malara, qui ne réclame pas de mandat de dépôt : « je suis en peine de proposer quelque chose de constructif, la justice ne fait que ça depuis 2009... ».  Jamais le jeune homme n’a entamé un suivi médical pourtant recommandé, malgré l’accompagnement des services de probation. Comme il n’a jamais voulu incendier véhicules et maison. Mais il a pris les risques, certes dans un état  second, pour que le drame arrive. Le parquet conçoit que la prison ne va pas soigner son addiction. La prison ferme risque de lui faire perdre son emploi et d’aggraver les choses. Le ministère requiert huit mois de prison et deux mois de révocation de sursis d’une peine précédente. Recommande une peine aménageable, peut-être sous bracelet électronique, ce qui permettrait au jeune homme de garder son emploi. Et surtout une interdiction de repasser le permis d’un an, tant que les soins anti-addiction à la drogue et à l’alcool ne sont pas effectifs.

Pour Me Amélie Veaux, qui assure la défense du prévenu, c’est « la fois de trop ». Il n’a pas le « profil de l’alcoolique quotidien, est inséré professionnellement. Il a parfaitement conscience qu’il peut tout perdre. » Le choc d’entrer menotté en salle d’audience ?

Le conducteur à risques a été condamné à 10 mois de  prison ferme (mais  aménageable) au total pour destruction de bien d’autrui, conduite de véhicule sous l’empire alcoolique en récidive et sous stupéfiants et absence de permis. La collégiale est allée au-delà des réquisitions du Parquet en poussant à deux ans l’interdiction de conduire et de repasser le permis, qui plus est soumise à une obligation de soins, avec mise à l’épreuve. Une audience civile aura lieu pour indemniser les victimes, averties ce mercredi matin de la comparution immédiate de l’après-midi, toutes n’ont pas pu être à temps  présentes pour se constituer partie civile à l’audience correctionnelle.

F.G.