Opinion de gauche

"Non monsieur Hollande nous ne vivons pas "ensemble" pour le NPA 71

François Hollande, l’homme de l’état d’urgence, l’homme qui a tenté la déchéance de nationalité, n’a pas contredit son Premier ministre quand celui-ci a déclaré à propos des femmes portant le burkini : « Face aux provocations, la République doit se défendre. […] Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la volonté d’encourager le vivre ensemble ».

 

Et voilà que resurgissait alors, ce fameux, sirupeux, doucereux « vivre ensemble », ce « vivre en commun » repris à l'envie dans le discours de pré-candidature de Hollande. Le même Manuel Valls avait asséné il y a trois ans : « Le voile est pour moi un combat essentiel ». Remplaçons, le temps d’une respiration dans le monde réel, « voile » par « chômage », « précarité », « pauvreté », « mal-logement », « racisme », « discriminations », « inégalités », « harcèlement au travail ». L’analyse politique paraîtrait lucide, responsable – mais ce ne serait plus du Valls.

 

Le « vivre ensemble » est un mot de passe dont le rabâchage n’a d’égal que son inconséquence, un de ces mots creux qui tournent en boucle pour mieux faire oublier son hypocrite inconsistance. François Hollande (nom commun aux puissants de ce monde), pensez-vous vraiment vivre avec les migrants de Calais ? Avec les réfugiés, avec les Roms, avec les sans-papiers raflés et expulsés ? France de la fraternité, a répété le président. François Hollande, pensez-vous vivre avec cette factrice victime d’un AVC parce que son employeur avait exercé sur elle un ignoble chantage pour la forcer à travailler malgré le mal qui la guettait ? Avec Franck, ce caissier licencié pour une erreur de caisse de 18 euros ? Avec le million de personnes devenues pauvres en France depuis 2008 selon l’INSEE ? « France de l’égalité » selon les mots impudents du président. Ou bien encore avec Adama Traoré ? Avec cette jeune femme serbe et son bébé placés hier dans un centre de rétention ? Avec les travailleurs de Goodyear condamnés à deux ans de prison ? « France de la liberté », insiste le maître de l’Elysée. Ou bien avec ces femmes obligées par des polices municipales d’ôter leur vêtement sur une plage ? Que l’on sache, on n’a jamais forcé une religieuse à retirer sa guimpe et à enlever son voile. Si elle n’était aussi humiliante et odieuse, insupportable tant elle est honteuse, la sale affaire des arrêtés anti-burkinis pourrait être grotesque tant on y mesure le fossé entre l’essentiel et le dérisoire, entre ce que les puissants montrent du doigt et ce qu’ils ne veulent surtout pas voir.

Le chef de l’Etat a conclu son auto-congratulation de rentrée sur un ton inquiétant : « Le danger, je vous l’ai dit, c’est que la France puisse à un moment douter d’elle-même ou se diviser. Je m'efforcerai de rester le garant de l'Etat de droit dans les mois et les années à venir. » Mais François Hollande, ce doux rêveur solitaire, ne peut plus faire illusion. Comme dans beaucoup de sujets, de principes, de valeurs, il a trahi sans vergogne. Et précisément "ce vivre ensemble" qu'il nous ressert, réchauffé, il l'a bafoué, honteusement instrumentalisé pour faire diversion et sauvegarder son statut suprême. Durant ce piètre quinquennat, il s'est révélé comme le principal fossoyeur du "vivre en commun". Aussi, La démocratie devrait permettre au peuple souverrain de répudier un chef d'Etat qui oeuvre en totale contradiction avec le programme qui l'a porté au pouvoir.

Pour toutes ces raisons, monsieur le Président, s'il vous reste un gramme de bon sens et un soupçon de dignité, vous ne pouvez légitimement vous présenter aux prochaines élections présidentielles.

 

Jean-Guy Trintignac NPA 71