Opinion de gauche

Philippe Baumel veut «retrouver la confiance perdue en nos institutions»

Le Député réaffirme son soutien à Arnaud Montebourg.

Retrouver la confiance perdue en nos institutions
Les échéances électorales à venir – primaire puis élection présidentielle – concentrent les ruptures potentielles. Il n’y a là ni matière à légèreté, ni prétexte aux guerres d’égos. Les questions posées sont aiguës. Il y a celle du projet économique et industriel, matrice de tant de nos problèmes, il y a le risque d’éclatement du vivre-ensemble et de basculement dans la guerre intestine intercommunautaire.
Dans ce contexte qui appelle à une grande vigilance, le pouvoir, en plus haut lieu, semble avoir été tout à la fois confisqué et déserté par ses mandataires. C’est un sentiment de sidération qui domine face à la légèreté d’un Président qui se livre sans mesure aux journalistes, hypothéquant du même coup toute possibilité d’exercer le pouvoir qui lui a été confié, naviguant à vue et au long cours depuis maintenant si longtemps qu’il en a perdu jusqu’à la conscience du rivage.
Ce rivage c’est celui du chômage, de l’investissement en panne, de l’urgence écologique, de l’insécurité croissante face à une mondialisation qui fait des vainqueurs mais surtout des perdants, de la peur du déclassement, de la montée des tensions communautaires. Les électeurs ne s’y tromperont pas. C’est les pieds solidement enfoncés dans ce rivage qu’ils voteront avec la conscience de cet abandon.
Face à cela, il y a une véritable urgence : celle de retisser un lien de confiance avec les citoyens. Dans une France où l’abstention bat tous les records, où le Front National devient pour certains une réponse crédible, nous devons refonder en profondeur le système démocratique et institutionnel français.
Nous avons besoin d’une nouvelle République, une République de souveraineté populaire.
Directement, en recourant davantage au référendum d’initiative populaire. Indirectement, en améliorant la représentativité et la diversité des représentants de la Nation en instaurant le suffrage à la proportionnelle pour un certain nombre de députés. En créant un nouveau Sénat, au sein duquel seront tirés au sort une centaine de citoyens, garants des politiques publiques misent en œuvre.
L’utilisation du 49-3, arme de destruction massive du débat parlementaire, doit être limitée aux seuls textes budgétaires. La politique du coup de force permanent n’a plus sa place dans notre démocratie.
Le non-cumul des mandats dans le temps pour les parlementaires comme pour les élus locaux doit être strictement limité à trois mandats consécutifs. La politique n’est ni une rente de situation, ni une profession !
Enfin, le passage à un septennat non-renouvelable donnera du temps pour mener des réformes structurelles d'envergures et permettra de rompre avec l’obsession d’une élection présidentielle qui gangrène le système démocratique.
Pour ma part, il me semble nécessaire d’aller encore plus loin, de limiter les pouvoirs du Président. Nous devons envisager une profonde réforme de cette élection et en finir avec l’élection au suffrage universel, qui personnalise ce scrutin et permet l’ascension au pouvoir d’un monarque républicain. Cela favorise le reniement des idées et des engagements portés pendant une campagne relevant plus du « show » populaire que du débat de conviction. Le Président de la République serait élu par les élus siégeant au Parlement.
Ce système démocratique oblige le Président à être en adéquation entre la politique qu’il met en œuvre et le programme qu’il lui permet d’être élu à cette fonction.
Il faut que les idées à gauche s’expriment, c’est même indispensable après une pratique autoritariste du pouvoir par l’actuel Premier Ministre. Le débat doit être riche afin de résoudre une crise démocratique croissante.
Une partie de la gauche s’est perdue au cours du dernier quinquennat. Les français sont déçus, le peuple de gauche se sent trahi. C’est en réformant les institutions de notre pays que nous redonnerons confiance à nos concitoyens. C’est en rompant définitivement avec ce système quasi monarchique que nous réduirons la facture entre la gauche et les français. C’est en portant un projet politique d’envergure que nous éviterons le scénario qui se dessine pour les mois à venir : un débat entre la droite et l’extrême droite dont le grand perdant sera notre pays.
Cette VIème République, c’est le projet porté par Arnaud Montebourg depuis plus de 15 ans. C’est, entre autres choses, pour cette raison que je le soutiendrai dans son entreprise de reconquête du peuple français dans les mois à venir.
La France a besoin d’un souffle nouveau, de rompre avec la tentation libérale de ces politiques qui oublient leurs valeurs en chemin. La gauche a besoin de solutions fortes sans renier ce qu’elle est, comme tant d’autres qui se livrent à une surenchère de propositions dans lesquelles la démagogie mortifère et périlleuse le dispute aux propositions irréalistes et inefficaces. Nous avons un devoir d’exigence et de rigueur. L’échéance de la primaire au mois de janvier est décisive, les français doivent se saisir de cette opportunité démocratique. C’est ainsi que nous retrouverons une République combative, une France solidaire.


Philippe Baumel, député de la 3ème circonscription de Saône-et-Loire