Chalon sur Saône
Henri Salvador vu par sa bien-aimée Catherine
Publié le 07 Décembre 2016 à 13h21
Près de neuf ans après la disparition d’Henri Salvador, le 18 février 2008 à l’âge de 90 ans, Catherine, sa quatrième épouse, éprouve toujours la même fascination pour le chanteur et le gentleman. Une belle histoire d’amour qui stoppa net son élan concrètement…mais perdure toutefois chez la muse. En son for intérieur certes, mais ça n’a pas de prix. Catherine Salvador assistera à la première du spectacle « Les trésors de Salvador », le vendredi 9 décembre à 20h au Théâtre Piccolo de Chalon-sur-Saône, où la figure de proue sera le chanteur Laurent ND. Interview pour info-chalon.com
De quelle manière avez-vous rendu hommage à Henri jusqu’à présent ?
« Pour l’instant je ne lui pas trop rendu hommage, à part un album que l’on a sorti qui était des inédits, et j’avais donné les arrangements à faire à Biolay. C’était il y a trois ans, mais sinon je ne faisais rien. Au contraire, j’épurais tout ce que je trouvais dans le commerce afin de me réserver pour le centenaire d’Henri. Je voulais plutôt lui rendre hommage pour une vraie occasion, et ne pas courir après tout. Je voulais faire quelque chose de plus tranquille. »
Qu’est-ce que vous avez apprécié le plus chez l’artiste ?
« Sa générosité dans tous les sens du terme. C’était quelqu’un qui était un donneur, mais vraiment, et en dehors de ça c’était un très, très, très grand musicien. Indépendamment de l’homme qu’il était, élégant, généreux, doux, je n’ai que des bons mots en bouche pour lui, parce que c’était un homme tellement merveilleux qui m’a traitée comme une princesse. Je m’en suis rendu compte en faisant plusieurs fois le Tour du Monde avec lui pour des concerts ou pour aller voir ses copains qui étaient des gens très connus, ou des sommités chez les princes, les rois, les reines. C’était quelqu’un de très reconnu dans le monde de la musique. Quincy Jones a dit de lui que c’était un des trois meilleurs musiciens du monde contemporain. J’ai vu Al Jarreau qui dédiait des albums à Henri, ou Michael Jackson qui souhaitait le rencontrer, des gens comme ça, c’était quelqu’un de très réputé, et, c’est fou, à l’étranger plus qu’en France ! Il n’était pas considéré comme un artiste ringard, au contraire il était considéré comme un artiste avant-gardiste, et ça c’était magnifique. »
Quelle est sa chanson que vous préférez ?
«C’est difficile, mais je vais dire, ça c’est parce que je l’aime et que je l’aimerai jusqu’au bout : »Tu es venue », une chanson qu’il m’a dédiée. C’est une belle déclaration d’amour, réitérée tellement de fois ! Celle-ci est belle, parce qu’il l’a faite devant le public. Elle fera partie en plus du spectacle. »
Henri était doté d’une incroyable capacité à émouvoir et à faire franchement rire. Estimez-vous qu’il ait eu une carrière conforme à ses immenses possibilités ?
« Oui, il a eu une très, très belle carrière, il aurait pu faire mieux, mais c’est lui qui a décidé autrement. Quand les Américains l’ont sollicité dans les années 50, il aurait pu faire une grosse carrière aux Etats-Unis. Il préférait avoir la mainmise sur son emploi du temps que se faire maltraiter au niveau du planning. Lorsqu’il a failli signer son contrat aux Etats-Unis, qu’il a vu que c’était douze mois sur douze, sans vacances et qu’il devait répondre présent à chaque sollicitation il a dit : « Non, j’ai envie de vivre, la vie ce n’est pas ça. La vie, c’est vivre, profiter de chaque instant. » Il aurait pu faire encore plus, et ça a été un choix délibéré de sa part, en tout cas dans le Monde, de ne pas avoir fait plus que cela. En France, on reconnaît plus les auteurs, les gens des mots, plutôt que les musiciens, les gens des notes. Quand on regarde bien, on cite toujours des personnes qui ont écrit des chansons, des textes, mais rarement des gens qui ont composé. Mais ça c’est très latin, c’est dans notre culture française.»
Comment, pour ceux qui ne l’ont pas connu, réactualiser son répertoire ?
« J’aurais du mal à vous dire ça, parce qu’artistiquement c’est complexe dans la mesure où on apprend ses chansons à l’école. Elles sont dans les manuels scolaires, comme « La chanson douce », «Le lion est mort ce soir », les enfants le connaissent, ça fait partie des cours à l’école. Donc les nouvelles générations continuent d’apprendre ses chansons, les personnes un peu plus âgées qui ont une trentaine d’années aujourd’hui l’ont connu grâce à « Jardin d’hiver ». Je ne rencontre jamais des jeunes qui ne l’aient pas connu, d’une manière ou d’une autre. Il suffit qu’ils écoutent une chanson pour qu’ils disent : « Ah, mais c’est lui ! » Il est parti depuis plus de huit ans, bientôt neuf ans dans deux mois. Physiquement il était quelqu’un de très discret, ne sortait jamais, n’allait pas aux avant-premières, il détestait ça. Il préférait vivre tranquillement à la maison et profiter de la vie à son rythme, ne devoir rien à personne. Henri était quelqu’un qui se cachait plus qu’il ne se montrait. Il ne donnait des interviews que quand il y avait de la promotion à faire. Ca faisait partie du travail, mais pas autrement. En dehors, il ne voulait pas.»
Pour les 100 ans de sa naissance, le 18 juillet 2017, un événement est-il prévu ?
« Oui, on a plusieurs projets. Déjà, il va être Monument national, il a l’appellation, c’est-à-dire qu’il entre au patrimoine, c’est très important. C’est reconnu par l’Etat français, par le Ministère de la culture et par les Archives nationales, donc on va entrer pas mal de documents d’Henri aux Archives nationales qui ont été créées par Napoléon. Les grands documents sont archivés ici, et ça j’en suis très, très fière. C’est pour moi la reconnaissance absolue, d’être considéré comme du patrimoine français, enfin. Et puis je prépare, indépendamment du spectacle qui va commencer à tourner et pour lequel on a beaucoup de demandes, un concert -événement le soir de son centenaire le 18 juillet prochain. Je ne peux pas vous dire encore le lieu exact, on y travaille, on sait évidemment, mais je ne peux pas le dire parce que je ne veux pas aller contre la personne qui organise le spectacle car l’on est dans une dimension économique tellement importante, lourde, que ça m’échappe complètement. Ce ne sera pas très loin de Chalon, les gens pourront se déplacer de Chalon à l’endroit, car ça ne sera pas à Paris en tout cas, puisque ce n’est pas Paris qui a demandé. Et puis il y a un album qui est en préparation et commencera à être en travail à partir de janvier ou février, sur lequel beaucoup d’intervenants seront présents. »
Le chanteur Laurent ND pourrait-il être un fils spirituel ?
« Fils spirituel, non, mais fils tout court, oui. C’est quelqu’un qui est tellement dans la même philosophie artistique, même s’il est dans une autre dimension parce qu’il ne chante pas que de la variété, son vrai métier ce n’est pas de la variété. C’est un danseur, comme Henri, qui savait chanter, danser, composer, tout faire aussi. Laurent a ces mêmes capacités, il parle plusieurs langues, Henri en parlait six ou sept, et puis il y a le respect de l’art et des gens, la générosité également à leur égard. Henri et Laurent se sont vus quand ce dernier avait neuf ans, et s’ils s’étaient retrouvés à la fin de la vie d’Henri, je pense qu’ils se seraient très bien entendus, se seraient adorés. Il y a une légitimité, vraiment. Pas physiquement, à part la couleur, car il y a du métissage dans les deux, mais leur philosophie de vie est celle-ci Et puis Laurent est un grand déconneur aussi ! Il écoute les critiques, les digère, et travaille pour aller vers le mieux, il est très à l’écoute des gens comme Henri l’était. Il y aurait eu une très belle rencontre. »
Renseignements/Réservations :
Le spectacle « Les trésors de Salvador » se déroulera les vendredi 9 et samedi 10 décembre à 20h, au Théâtre Piccolo. Tarifs de 6,00 à 23,00 euros. Prière de contacter l’Espace des Arts au 03.85.42.52.12
Crédit photo : Jean Riz Propos recueillis par Michel Poiriault
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