Chalon sur Saône

Le "triolisme artistique" a quelquefois droit de cité. Si, si, la preuve le 31 décembre à Chalon !

Le "triolisme artistique" a quelquefois droit de cité. Si, si, la preuve le 31 décembre à Chalon !

Ils font l’humour à trois ». Hum !…pourquoi pas après tout puisqu’il faut bien que jeunesse se passe ! Les lascars que sont Antoine Demor, Jefferey Jordan et Victor Rossi ne prendront pas de chemins détournés le samedi 31 décembre au Théâtre Grain de Sel de Chalon-sur-Saône pour vous faire quitter 2016 sur une bonne note. Celle de la raillerie égratignant à tour de bras quelques victimes expiatoires…Interview d’Antoine Demor pour info-chalon.com

« Quelle en est la genèse ?

« C’est un spectacle créé en juin 2015 à Lyon, qui partait du principe que déjà nous, on avait envie de s’amuser à trois, parce que l’on s’entend bien. On est certes trois humoristes, cependant on n’avait pas envie d’être trois humoristes concurrents, mais plutôt d’unir nos forces, car on a trois univers qui sont complètement distincts et très complémentaires. C’est ce qui fait la force de ce spectacle, construit autour de ça : notre complémentarité et notre envie de nous amuser. Et surtout, on voulait mettre une plus-value, car il y a pléthore de plateaux d’humour. Souvent ce sont des « passe-moi le micro », et c’est le suivant qui fait son sketch, et ainsi de suite. Nous ne souhaitions pas cela, on désirait y mettre de l’âme. On a monté une histoire qui intègre nos petits extraits avec une trame globale. Alors elle est complètement farfelue, c’est totalement fou et drôle, mais elle vient progressivement distiller nos petits extraits. On a des passages à trois qui permettent d’introduire les saynètes suivantes, puisque l’unité d’espace est représentée par un bureau. En fait on est dans une soirée, un 31 décembre qui ne nous convient guère. On ne se connaît pas, et chacun notre tour on va entrer dans le bureau qui est à peu près la seule pièce où il n’y a pas eu la fête. Je suis le premier à entrer, ensuite je m’aperçois que quelqu’un y pénètre aussi, c’est Victor, et puis le troisième va nous rejoindre complètement en dépression nerveuse, c’est Jefferey. Ensuite le dialogue se tisse entre nous, et on raconte ce qu’on a vu à cette soirée. Chacun des personnages que l’on joue sur scène est un personnage dont on se moque dans la soirée. Par exemple Jefferey joue le personnage de quelqu’un qui se fait moquer par homophobie. Donc il raconte vraiment ce coming out, ce positionnement, de manière très, très chouette car il est avec un violon sur scène. L’homosexualité passe par le prisme du violon, qu’il appelle Jean-Jacques. Il y a aussi le personnage incarné par Victor, qui est un trader ; même le 31 décembre le mec a ses ordinateurs et il essaie de vendre des choses. On moque un petit peu le cynisme de la finance. Et puis moi je suis l’un des personnages de la soirée qui prend tout en photo, qui n’arrête pas de faire des selfies, c’est mon point de départ pour dire que l’image est omniprésente, que ce soit dans les médias, la publicité, etc. En résumé, on est dans le bureau, on se moque de l’un des invités de la soirée, et ça nous permet d’introduire nos sketchs. »

 

N’est-ce pas un pari insensé que de tenter de retenir l’attention du public un 31 décembre au soir, à un moment où les fêtards ont d’autres chats à fouetter ?

« Surtout pas, je pense qu’au contraire c’est une aubaine. On s’en est d’ailleurs rendu compte l’an dernier. Ce qui était risqué, c’était de refaire éventuellement ce spectacle qui a connu très modestement un très joli succès sur le bassin chalonnais. Nous sommes allés au Réservoir à Saint-Marcel, on a fait salle comble et nous étions même en surréservation ! L’an dernier on avait déjà joué ce spectacle au Piccolo Théâtre à Chalon, et pareil, on avait fait complet dans le cadre des festivités de Noël. C’était plus ça qui nous faisait dire : mince, finalement est-ce que c’est louable de revenir avec le même spectacle un an après ? On a assez vite tranché, en se disant que de toute façon  le bassin de population à Chalon est assez grand d’une part, et d’autre part on l’a vu l’an dernier, les gens ont une telle demande, une telle appétence pour le 31 décembre, c’est fabuleux ! Nous on n’est pas en formule dîner-spectacle, on a une formule la plus épurée qui soit, c’est-à-dire le spectacle avec éventuellement une petite coupe de champagne. Ca dure 1h20, et le tarif est le plus accessible possible. Il ne faut pas prendre les gens pour des vaches à lait sur ce coup-là. C’est notre force, des gens qui n’ont pas forcément les moyens peuvent s’offrir un spectacle le 31 décembre, vivre un bon moment, nous c’est ce qu’on revendique. Il n’y a pas de raison  que le 31 l’on fasse comme tout le monde et que l’on passe à 25,00, 30,00, ou 35,00 euros la place avec une coupe de champagne. Ca n’a pas de sens, en tout cas pas pour nous. Après, c’est sûr qu’on n’a peut-être pas les mêmes frais que les autres…Je préfère que l’on ait de jolies salles bien pleines avec des gens qui éventuellement ne seraient pas allés au spectacle. On a eu l’an dernier des demandeurs d’emploi qui pour 10,00 euros sont venus voir un spectacle. Ils ont dit : « Sans vous on n’aurait rien fait ». En fin de compte c’est ce qui m’intéresse. »

De quelle manière obtenir son sésame ?

Cette dernière soirée de l’année n’eût pas été réalisable sans le soutien du service culturel de la ville de Chalon, avec la mise à disposition à titre gracieux d’un Théâtre en ordre de marche, et d’A Chalon Spectacles. Trois séances ont été programmées pour ce samedi 31 décembre au Théâtre Grain de Sel (46, Grande Rue à Chalon-sur-Saône) : 18h, 20h15 et 22h30. Tarif normal : 14,00 euros, tarif réduit (étudiants, demandeurs d’emploi, tous les minima sociaux) : 10,00 euros. Infos et réservations : 07.85.34.36.70, ou www.lesoenorires.fr Ouverture des portes et du bar 30 minutes avant la séance. Nous ne saurions trop vous conseiller de ne pas faire preuve de procrastination pour prendre votre place, étant donné que la jauge est très réduite, et qu’en ce début de semaine les tickets d’entrée ont tendance à partir les uns après les autres d’après l’organisateur en chef…

                                                                             Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                             [email protected]