Chalon sur Saône

Elie Semoun en aura de bien bonnes à raconter le samedi 28 janvier à Chalon

Elie Semoun en aura de bien bonnes à raconter le samedi 28 janvier à Chalon

Depuis 2015 Elie Semoun amuse la galerie avec son one-man-show « A partager ». Avec si possible le plus grand nombre de spectateurs cela s’entend, puisque plus on est de fous…Le samedi 28 janvier à 20h30 l’humoriste ne l’enverra pas dire en la salle Marcel Sembat de Chalon-sur-Saône, et les personnages plus vrais que nature ainsi campés constitueront une force de frappe risible à souhait. Interview pour info-chalon.com

« A partager », votre spectacle est-il œcuménique, et en quoi se différencie-t-il des cinq précédents où vous avez évolué en solo ?

«D’abord, la société a changé, je trouve qu’elle s’est durcie, elle est devenue plus cruelle, plus féroce, plus violente. Donc de ce point de vue-là je ne pouvais pas faire le même spectacle en 2017 ou en 2016, qu’en 2004, par exemple. Ce n’est pas pareil. Il y a quelque chose d’un peu moins futile dans l’air, et en même temps de très futile parce que tout est tiré vers le bas. Il y a quelques années le djihadisme par exemple n’était pas aussi présent que maintenant. Le Front national avait de l’importance, mais beaucoup moins que maintenant. Ce sont des petites choses qui font que mon spectacle est forcément différent. »    

Comment y faites-vous « l’apologie » d’une certaine façon de celles et ceux qui ont un comportement dépassant l’entendement ?

«Je parle d’un pédophile, du Front national, du djihadisme, etc. Comment est-ce que je fais ? Eh bien je suis un grand observateur, c’est mon métier d’observer la vie, la société, mes contemporains, de ressentir les choses. Je crois que j’ai un bon radar. Par conséquent je regarde la télé, lis les journaux, je m’intéresse, je suis un citoyen. Après on se réunit avec les auteurs, et en général c’est dans une cuisine, je ne sais pas pourquoi ! En général ça part d’un personnage, et on délire, c’est comme ça que j’écris. » 

Parvenez-vous toujours à rire intérieurement de vos coups d’épée répétés ?

« Il y a toujours le même plaisir à jouer, ça c’est sûr. Quand on a joué le même spectacle pendant deux ans et demi-trois ans, au bout d’un moment on ne rigole plus trop, sauf quand il se passe un petit « accident », lorsque quelqu’un a un rire marrant ou fait une réflexion dans la salle. Autrement on peut s’ennuyer, alors là c’est le signe : il faut écrire un nouveau spectacle. Pour l’instant ce n’est pas vraiment le cas, je suis très content de jouer ce spectacle, même si je commence un petit peu à penser à un nouveau, mais très lentement. »

Tous les publics réagissent-ils de manière identique, là où vous vous y attendez ?

« Oui, vous savez, ce spectacle est joué à Tahiti, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, à Marseille, à Lille, à Londres, au Canada…partout ça rigole toujours aux mêmes endroits en fait. Quand c’est drôle à Marseille, c’est drôle à Lille ; si c’est drôle à Besançon, ce sera drôle à Chalon-sur-Saône ! » 

L’humour est source de joie, mais peut, dans certains cas, être la cause de tourments grimpant vite dans les tours. Comment en disposer au mieux ?

« C’est une source de joie pour celui qui l’écoute, et une source de tourment pour celui qui le crée. Faire rire, ça demande un travail extrêmement sérieux, un boulot de fou, et ça donne de grandes angoisses. Il m’arrive évidemment parfois de dire des conneries, et c’est très mal interprété, les gens se déchaînent comme en ce moment, car j’ai dit que mon pote Christian (Christian Quesada, le champion des champions de l’émission de TF1 «Les 12 coups de midi » N.D.L.R.) était le débile de la classe. Ca va passer, je m’en fous. Parfois, certains meurent de l’humour, c’est une société très bizarre. En fait, tout est en train de se communautariser, c’est-à-dire que les Arabes ont le droit de rire des Arabes, les Juifs des Juifs, les catholiques des catholiques, donc il y a un truc qui ne va pas. Surtout, les gens sur Internet sont totalement déchaînés. Maintenant, on a donné la parole à tout le monde, et principalement aux gens idiots, rageux, aigris, jaloux, c’est vachement compliqué de gérer ça. »

Est-ce plus dur maintenant de percer ou de se maintenir dans l’humour, qu’auparavant ?

« Je pense que c’est plus dur actuellement, parce qu’en réalité il y a trop de monde. L’humour est bourré à craquer, il y a énormément d’humoristes, c’est une folie, ce n’est pas simple. Je suis bien content d’avoir débuté il y a vingt ans, et ça me ferait chier de tout recommencer maintenant. »

Le one-man-show est-il ce qui vous convient le plus ?

« Complètement, car c’est mon univers, mon monde, je suis le patron, c’est moi qui écris, qui joue. Vous connaissez l’expression « On n’est jamais mieux servi que par soi-même », donc c’est le cas, ça ne pouvait pas être mieux. »

Entrevoyez-vous déjà le suivant ?

« Un petit peu, oui, j’ai quelques fantasmes artistiques. J’aimerais bien faire un sketch sans paroles, muet, je suis en train d’y réfléchir. Faire du mime c’est particulier, que l’on comprenne juste avec le langage du corps. C’est le truc qui me fait kiffer en ce moment, je vais essayer de trouver une bonne idée autour de ça. Ce serait pour dans un an et demi-deux ans, je ne pas exactement, ça dépendra de l’inspiration »

Qu’avez-vous par ailleurs entériné, ou en tête, pour les mois à venir ?

« Je vais participer aux trente ans de M6, donc je vais leur faire des petites annonces, car ils me l’ont demandé. C’est le dernier truc en date, après on verra, c’est la vie d’artiste ! Ce qui est bien dans mon métier, c’est qu’il y a beaucoup de projets qui apparaissent alors que ce n’était pas prévu. »

 

Des places restent vacantes

Tarif unique : 35,00 euros. Renseignements auprès d’A Chalon Spectacles (03.85.46.65.89, [email protected]). Location dans les points de vente habituels. 

Crédit photo : Clémence Demesme                         Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                        [email protected]