Chalon sur Saône

A Chalon, ne jamais dire jamais, mais bien plutôt Jamait...tout le temps !

A Chalon, ne jamais dire jamais, mais bien plutôt Jamait...tout le temps !

A près d’un an d’intervalle Yves Jamait a quasiment fait salle comble jeudi soir à Chalon-sur-Saône, preuve s’il en fallait une que la « poésie sur pattes » en question possède des lettres de noblesse qui ne datent pas d’hier. Dans les travées de Marcel-Sembat on n’a pas le moins du monde boudé son plaisir, en communiant à qui mieux mieux.

L’une des fines lames de la chanson française

« Je me souviens », tel est le titre de son album, un dernier-né apparu dans la paysage musical en 2015. Eh bien le public s’est souvenu lui aussi, buvant ses paroles comme du petit lait, et lui faisant écho avec beaucoup de chaleur. « Je me souviens », bien sûr », mais aussi « Toi », « J’en veux encore », « Salauds », « Le temps emporte tout » notamment ont fait monter la température lorsque les circonstances l’exigeaient. Le troubadour des temps modernes à la casquette enracinée ne se sera pas pour autant cantonné à son récent album, puisant par petites touches dans son patrimoine, à l’image de « Je passais par hasard », pour ne citer que cette seule chanson. A l’aide de sa voix sans pareille qui, lorsqu’elle est poussée dans ses retranchements copine avec l’éraillement, accordant de facto une grandeur singulière à ce qu’il distille. Doté d’une folle énergie et d’une belle niaque quand il a décidé de passer à la vitesse supérieure, le « poulbot dijonnais projeté dans la maturité » sait également baisser d’un ton pour que ses messages, l’air de rien, s’impriment durablement dans les esprits en goguette ou à la recherche de sensations fortes, dont la valeur ajoutée a pris pour modèle l’authenticité. Ainsi,  l’amour avec ses hauts et ses bas, le spleen, les soirées consumées en compagnie de la dive bouteille, la mentalité de la « France d’en bas », la grisaille quotidienne…garnissent les chansons de l’auteur-compositeur-interprète, magnifiées par ses trois musiciens soucieux de lâcher la bride à des notes très consensuelles une fois fondues dans le moule. S’il s’exprime micro en main en emmenant loin sa cour, le talentueux chanteur sait de temps à autre changer de tempo  et de registre. Il s’adresse alors à ses fans en n’étant jamais en veine de confidences, ni avare de son temps (son récital a duré plus de deux heures trente !). Pétri d’humour, Yves Jamait théâtralise un maximum ses saillies verbales. L’humour est omniprésent, idem pour l’autodérision. En face de lui on jubile, la machine intérieure tourne alors à plein régime. Chacun d’en vouloir tant et plus !

 

Lou Di Franco a donné le la

Yves Jamait a un cœur gros comme ça ! Dans ses propos liminaires il a annoncé la couleur : « Il n’y a pas de bon(s) spectacle(s) sans une bonne première partie ». Il mettait en orbite la Bourguignonne d’adoption Lou Di Franco, originaire de Sardaigne. Celle-ci avait des arguments à faire valoir pour dégeler l’atmosphère : son album six titres intitulé « le Goût des mots ». En une demi-heure les spectateurs ont appris à la connaître, se familiarisant un poil avec sa tessiture, gage d’émotions transmises sans coup férir, chant révolutionnaire sarde aidant, par exemple.  Et puis le héros de la soirée en a profité pour braquer les projecteurs sur deux associations, à savoir « Grand Dire », et « Un Avion, un enfant, un Rêve ». Tout à son honneur !

                                                                                                      Michel Poiriault

                                                                                                      [email protected]