Opinion

Pour les opposants à l'aménagement de la Place De Gaulle, "deux bonnes nouvelles"

Le Collectif Chalonnais pour un urbanisme responsable réagit suite à la conférence de presse organisée par la municipalité en présence d'une douzaine de commerçants de Chalon sur Saône.

Deux bonnes nouvelles
pour les opposants à la construction d'un bâtiment sur la Place de Gaulle :

• La pétition lancée en janvier dernier par le Collectif Chalonnais pour un urbanisme responsable a atteint dimanche devant le Piccolo les 2000 signatures, venant d’une grande diversité de la population et non d’opposants systématiques !
• Et Monsieur Platret reconnaît publiquement l'existence d'un problème concernant la construction d'un centre commercial sur la Place du Général de Gaulle lorsqu’il annonce dans sa conférence de presse de mercredi qu'il veut « remettre le projet sur ses bases ».
Comme lui, nous souhaitons remettre le projet sur ses bases mais justement quelles bases ?
Comme lui, nous souhaitons une nouvelle vie pour notre centre ville où il fera toujours bon se promener, boire un verre, rencontrer des amis et « faire les boutiques ». Et pour cela, il faut
redonner envie aux gens de revenir et d'habiter en ville et ceci passe, non pas par un projet opportuniste et ponctuel mais par une réflexion profonde sur le cadre de vie, l'habitat, la qualité des espaces publics, le rôle des équipements publics, notamment culturels.
Est ce que l'arrivée d'H&M constitue une occasion exceptionnelle pour faire bouger notre centre ville ? Peut être si toutefois le centre commercial qui l’accueille n’est pas « un morceau de commerce qui vient faire irruption dans un monde fragilisé ». Et Chalon est aujourd’hui fragilisé !
On nous dit : « L'emplacement choisi est clairement le seul qui correspond au cahier des charges de l'enseigne ». Encore heureux que l'emplacement idéal ne soit pas la place de l'Hôtel de Ville ou la place Saint Vincent ! Car finalement lorsqu'on raisonne ainsi, tout emplacement est le bon si celui ci est désigné par l'enseigne convoitée. La place De Gaulle n’est pas « une dente creuse ». Elle fait partie intégrante des places de la ville. Les piétons qui y passent entre le Boulevard de la République et les rues piétonnes du centre-ville historique sont nombreux mais sont ils uniquement des clients potentiels d’un centre commercial qui leur barrerait la route ?
Une ville doit être davantage force de proposition et non simplement partenaire soumis, une force de proposition qui lancerait une étude globale et une vaste concertation avec tous ses habitants et ses commerçants.
Car la concertation dans ce dossier majeur, nous ne l’avons pas eue. A la place, nous avons appris, longtemps après, qu’une simple réunion d'information destinée aux commerçants et riverains, très confidentielle avait été organisée lorsque le projet était déjà constitué. Puis s’est mise en place une enquête publique (obligatoire et consultative) dont on n’a pas tenu compte. Elle mélangeait deux problématiques, celle de l'Ile Saint Laurent très consensuelle et celle de la Place De Gaulle bien plus polémique car ayant pour objectif de construire là où en théorie on n'avait pas le droit de le faire. Pas question en effet au printemps 2016 dans l'enquête publique de donner directement son avis sur la construction d'un bâtiment commercial, Le sujet était bien plus pointu : la modification du secteur sauvegardé nécessaire pour réaliser ce projet. Malgré la façon détournée d'aborder le problème, plus d'une centaine d'habitants ont donné leur avis et dans leur grande majorité se sont prononcés contre.
Madame Goubard, la commissaire enquêtrice a rendu compte de ces réserves et conclut qu'il était préférable de laisser ce lieu en zone de pavage comme il l'était avant. A quoi ses remarques faites dans l’Intérêt Général et faisant échos à celles des participants à l'enquête ont servi ? A rien. D'ailleurs sur quoi se fonde l'assurance de notre maire que ce projet est bon pour notre ville ? « une étude urbaine menée par un cabinet pluridisciplinaire » disait il au conseil municipal du 2 juin 2016. Mais quelle étude et quel cabinet ? Et quelle en est son ampleur ?
D'autres interrogations demeurent sans réponse : quelles seront les retombées financières pour la ville de la convention d'occupation du domaine public pour 70 ans par l'entreprise SOMABI ? Que deviendrait le centre commercial si dans 15 ou 20 ans H&M se retire ? Une nouvelle friche commerciale au cœur de la ville ? (« la galerie Médicis désertée n'est pas loin » nous rappelait une de nos commerçantes signataires). Quelle est cette mystérieuse deuxième enseigne ? Ne va-t-elle se transformer en plusieurs petites cellules pouvant faire directement concurrence avec les petites boutiques environnantes ?
Toutes ces questions et beaucoup d'autres auraient dû être en coeur d'une vaste discussion avec la population sur l'avenir de sa ville: une nouvelle construction qui va modifier durablement et considérablement la physionomie du centre ville ? C'est cela que nous appelons la concertation.

Contrairement à ce que prétend le maire, le collectif n'a jamais prétendu que tous les commerçants étaient contre le projet de construction sur la Place De Gaulle. Nous en avons rencontré certains, pas tous, mais avons écouté et respecté chaque parole exprimée, y compris celle de ceux qui applaudissent au projet. Ce qui est ressorti de ces heures passées à arpenter (bénévolement) les rues en quête de signatures à notre pétition, c'est que le centre de Chalon, composé d'enseignes nationales mais aussi de beaucoup d'indépendants prometteurs, a un potentiel commercial encore incroyable, parfois insoupçonné par ses propres habitants et qui ne demande qu'à être davantage valorisé. N’est-ce pas aussi la mission d'une ville de conforter l'existant avant d'aller chercher l’enseigne miraculeuse qui va (peut être ou peut-être pas) changer la donne ?
Mais encore une fois nous ne nous opposons pas à H&M, juste au modèle qu'il veut nous imposer : une construction non choisie, non discutée, sur une place précieuse qui, nous le souhaitons tous, est appelée à être de plus en plus « un passage de vie et un lieu de destination ».
Non à la construction d'un bâtiment commercial imposant et imposé Place de Gaulle, Oui à un projet réfléchi, cohérent, global et concerté de redynamisation du centre ville.

Nous souhaitons remettre notre pétition début mars en mairie et nous convions tous les Chalonnais à une réunion/atelier ouvert à tous le samedi 11 mars de 10 à 12 heures à la salle de la Citadelle, 21 Rempart Saint Vincent. Nous évoquerons la Place De Gaulle mais aussi tous les espaces vivants que nous aimons à Chalon.

Le Collectif Chalonnais pour un urbanisme responsable