Saint-Marcel

Des amis dans un placard ?

Des amis dans un placard ?

La programmation de ce samedi fait partie des engagements du Réservoir de parier sur des spectacles achetés avant même qu’ils soient totalement montés. Un pari dont a pu bénéficier la compagnie Spiralum pour cette création récente.

Après vingt ans de mariage, Odile et Jacques s’ennuient. Ils décident donc de trouver à se divertir et … s’achètent des amis, qu’ils gardent dans un étroit placard, tels de vulgaires objets. Quand l’ennui se fait trop présent, ils les en sortent. S’en suit alors un manège de compliments, de tentatives parfois désespérées d’amuser ce couple que rien n’intéresse, si ce n’est leurs petites personnes et les bruits de klaxons. Eux-mêmes se qualifient de médiocres et se vantent allègrement de leur bêtise puisque « penser n’est pas nécessaire ».

Le public lui, va « y penser pendant encore longtemps ».

Car le spectacle se veut dérangeant et bouscule. Au-delà du rire.

« J’étais parfois mal à l’aise par rapport aux thèmes, notamment par rapport à cette forme d’esclavagisme moderne traité dans la pièce. Le rire ne venait alors pas parce que c’était trop dur et que le sujet est toujours d’actualité».

« Je ne m’attendais pas à ça. Ce n’est pas si léger que ce que laissait entendre le synopsis. Cela vaut le coup parce que c’est très bien joué, mais il faut aimer le style boulevard. Il me semble aussi que c’est « trop gros » pour qu’on puisse vraiment s’identifier».

« Il y a un message sur le pouvoir de l’argent. Les personnes qui vivent dans le placard sont intelligentes, mais cela ne leur suffit pas. On paye et on peut tout exiger, leurs vies entre nos mains»

Une démonstration dérangeante de ce qu’est la totale déshumanisation de l’autre. Mais, est ce que tout s’achète ? Est-ce que le spectacle du malheur de l’autre peut me laisser indifférent ? Et bien d’autres questions sur la quête du bonheur peut-être…

 
Sophie Mère