Opinion de droite

Lettre ouverte de François Sauvadet Ancien ministre, Président du Conseil départemental de la Côted'Or, à Matthieu Croissandeau, directeur de la rédaction de L'Obs

Ce vendredi 10 mars dernier, vous étiez l'invité de l'émission de Yann Barthès, "Quotidien", diffusée sur TMC.
Interrogé sur la dernière Une de L'Obs, proposant un portrait de François Fillon barré de cette interrogation "Cet homme est-il dangereux ?", vous vous êtes défendu de faire du populisme. Comme l'a justement fait remarquer Yann Barthès, il ne s'agissait toutefois pas d'une nouveauté puisque Le Nouvel Observateur avait déjà utilisé la même Une en 2010, avec Nicolas Sarkozy. Avec la même mention.

Vous vous êtes affiché et revendiqué comme un journal d'opinion, un média engagé. C'est votre droit mais nous avons également le droit, nous lecteurs assidus ou non, de dénoncer un manque d'objectivité, et plus encore, un ton outrancier.
C'est ce que j'ai fait, jeudi 9 mars, à Besançon lors d'un meeting de soutien à la candidature présidentielle de François Fillon. Invité à prendre la parole devant 3.000 personnes, j'ai évoqué cette Une vue dans l'après-midi en expliquant qu'elle m'avait provoqué un "haut-le-coeur". Oui, j'ai été choqué par cette présentation volontairement caricaturale. François Fillon n'est pas "dangereux" pour la France.

Dire le contraire, ou simplement le suggérer, contribue au populisme ambiant. Ets'agissant d'un média affichant des valeurs républicaines, cela m'a plus choqué
encore.
Je suis journaliste de profession et je sais que des Unes se font parfois racoleuses pour accrocher les lecteurs, pour susciter leur intérêt. Durant toute ma carrière de journaliste, je me suis toujours refusé à user de tels procédés, préférant développer des arguments factuels et écrire sur le fond des sujets plutôt que choisir délibérément de choquer.

Interrogé sur ma réaction, vous avez préféré répondre par la dérision. "On va lui donner des cachets" avez-vous dit à Yann Barthès. En tout cas, cette attitude n'est pas à la hauteur du débat et cela montre votre mépris pour ceux qui ne pensent pas comme vous. Qu'aurait-on dit si j'avais suggéré au directeur de la rédaction de L'Obs de prendre des calmants ?

Je suis un responsable politique qui a exercé des fonctions ministérielles et ce côté méprisant illustre bien la dégradation de certaines pratiques journalistiques. Comme le dit la citation "tout ce qui est excessif est dérisoire", mais devient dangereux lorsque cela alimente la polémique facile.
C'est toujours plus aisé de répondre en ironisant et en éludant les vraies questions qu'en défendant des arguments de fond. Je regrette ce dédain mais je tiens à vous rassurer: je vais bien et n'ai pas besoin de cachets.
Et je continuerai à m'exprimer en homme en libre. Ne vous en déplaise.

François Sauvadet
Ancien ministre
Président du Conseil départemental de la Côte-d'Or