Faits divers

Conduite dangereuse, et course poursuite avec la BAC hier soir à Chalon sur Saône

Il n’était que 22h30 hier soir, lorsque des policiers de la BAC qui remontent l’avenue de Paris en direction du nord voient arriver droit sur eux une Mégane qui roule à contresens. La Mégane fait demi-tour en les voyant. Le conducteur va vite, son passage déclenche un radar préventif : il est alors à 90 km/h, et en phase d’accélération.

Les policiers pour le suivre doivent monter à 120 km/h. La Mégane fait un gros écart, mais le conducteur reprend le contrôle, c’est à ce moment-là que la BAC demande du renfort. 

Lorsque la voiture tourne rue Pierre de Coubertin, le policiers actionnent leurs avertisseurs, et parviennent à se positionner pile à côté de la Mégane, au niveau de la portière, mais le conducteur déboîte, double ensuite en franchissant une ligne blanche, il fonce. Au bout de la rue Pierre de Coubertin, un rond point : la voiture part en dérapage, s’encastre contre un poteau. Fin de la course. Les policiers sont déjà dehors, déployés autour de la Mégane, et ils tiennent en joue ses occupants.  

Dans le hall du tribunal de grande instance, une femme, la mère du prévenu peut-être, reste assise sur un banc, un sac en plastique posé à côté d’elle. Elle a apporté des effets de première nécessité, la famille pense que le risque d’aller en prison est non seulement réel, mais certainement acquis.

Dans le box, Jordy L., 22 ans. Sur sa tempe gauche une marque zébrée qui raconte un peu son interpellation de la veille. En face, Maître Ronfard, qui représente 4 policiers qui veulent se constituer parties civiles… Les deux passagers de la Mégane sont des mineurs, on les conduit au service sans difficulté. Mais des membres du campement voisin, où en réalité et spontanément Jordy se rendait pour rentrer chez lui, arrivent au rond-point, « échanges secs et tendus », dit la présidente. Et ça excite Jordy, « bande de chiens », « j’ai envie d’enculer un flic ». Puis son père lui-même arrive aussi et derechef Jordy s’emporte, les policiers usent de la force pour l’immobiliser, une brigadier le fait plier, et, bien que menotté, il roule sur le bassin et lui porte des coups au bras et au flan. Il éructe d’autres insultes, et des menaces.

Le jeune homme refuse de se soumettre aux analyses (alcool et stup). Le fichier national des permis signale que son permis fut annulé le 26 août 2016, pour un an. La voiture n’est pas la sienne, n’est pas assurée. Cette cascade d’infractions ouvre un boulevard au ministère public : « Il vous dit ‘je suis désolé’…il est surtout désolé d’être là ! Il va aller là où il mérite d’aller, c’est-à-dire en prison. » La procureur requiert 1 an de prison avec mandat de dépôt, et une interdiction de conduire pendant 2 ans, et une amende. 

Jordy est né en 1993 à Paray, mais n’est allé à l’école que jusqu’en CM1, « je sais un tout petit peu lire », dit-il. 7 condamnations à son casier, essentiellement pour des délits routiers. Maître Jérôme Duquennoy plaide en faveur d’une peine mixte : que son client puisse se former, apprendre.

Décision du tribunal : Jordy L. est condamné à 18 mois de prison dont 6 mois avec sursis, suivi mise à l’épreuve de 2 ans, avec obligation de se former et/ou de travailler, de suivre des soins, d’indemniser les victimes (250 euros à chacun des 3 policiers hommes, et 500 euros au brigadier qui a reçu des coups). 100 euros d’amende. Interdiction de conduire pendant 2 ans. 

 

« Vous saviez n’avoir pas le droit de conduire, alors pourquoi ?

- Il me restait 8 jours à patienter avant d’avoir le droit de repasser mon permis, ça fait 1 an que j’y pense, alors je ne sais pas ce qui m’a pris. »

 

Florence Saint-Arroman