Opinion de gauche
Le PCF et les contrats aidés
Publié le 21 Septembre 2017 à 06h56
Communiqué :
Contrats aidés.
Les précaires refusent d’être envoyés dans le mur.
Depuis l’annonce du gouvernement, qui prévoit de supprimer des dizaines de milliers de ces emplois d’insertion, la mobilisation grandit. Menacés de se retrouver au chômage, les salariés redoutent de voir s’aggraver leur situation déjà précaire.
«Coûteux?», «?pas efficaces?», «?sans résultats?». En deux temps et trois mots signés Muriel Pénicaud et Édouard Philippe début août puis début septembre, les contrats aidés sont devenus les pestiférés des politiques de l’emploi. Passés à la guillotine budgétaire gouvernementale, ces «?contrats d’accompagnement dans l’emploi?» (CUI-CAE), réservés aux employeurs de la fonction publique et hospitalière ou aux associations, sont condamnés à décroître de 459?000 en 2016 à 310?000 à la fin de l’année, pour, à terme, être divisés par deux fin 2018.
Mais derrière ce dispositif, le dernier-né d’une longue série de statuts imaginés depuis quarante ans pour offrir aussi bien un tremplin aux personnes éloignées du travail qu’un mécanisme de maquillage des vraies statistiques du chômage, se joue la vie de femmes et d’hommes licenciés du jour au lendemain. 140?000 personnes, le plus souvent isolées, sont ou vont se retrouver sur le carreau. Un plan social qui ne dit pas son nom, silencieux, sans indemnité ni dispositif de retour à l’emploi, qui déchire un peu plus le lien social. Les contrats aidés se mobilisent. Un recours devant le Conseil d’État doit être examiné début octobre. Avant, ils manifesteront jeudi, ainsi que le 26 septembre devant Bercy.
Partout, les annonces se succèdent et le plan social bat son plein. Si le gouvernement pensait mettre un coup d’arrêt aux contrats aidés en toute discrétion, c’est râpé. Peu à peu s’élèvent les plaintes de ces «?CUI-CAE?» renvoyés pour certains sine die à Pôle emploi, sans indemnité ni accompagnement, ainsi que celles de tous les territoires dont la cohésion sociale se voit détricotée par cette mesure aussi abrupte qu’autoritaire.
La situation est à ce point critique pour l’économie sociale et solidaire que le Mouves, mouvement des entrepreneurs sociaux, dont certains de ses leaders ont pourtant été des soutiens actifs au candidat Macron, s’insurge. Les CUI-CAE coûtent environ 3 milliards d’euros chaque année avec un taux de transformation moyen en emploi durable d’environ 30 %. «?Face aux 40 milliards d’euros dépensés pour le Cice (cadeaux faits aux MEDEF) pour environ 70?000 emplois créés ou sauvegardés, la facture paraît presque mince?», souligne le Mouves.
Pour l’heure, le gouvernement reste sourd à la colère des personnes en CAE et de leurs employeurs associatifs ou des collectivités locales. Et joue habilement la montre. Début septembre, il a concédé 30?000 CAE supplémentaires aux collectivités locales afin de parer au plus pressé pour l’accueil des élèves dans les établissements scolaires. Hier, le ministère du Travail a obtenu le report au 3 octobre de l’audience prévue aujourd’hui devant le Conseil d’État. Dommage, car dans cette affaire, il n’est pas question de s’arc-bouter sur ce dispositif d’aide à l’emploi dont la vertu – proposer une mission d’intérêt général à une personne éloignée de l’emploi en vue de son insertion professionnelle – a parfois été dévoyée en sous-contrats et voies de garage pour enjoliver les statistiques du chômage. «?Nous demandons la fin des mesures dérogatoires aux contrats aidés pour que ceux-ci soient comptabilisés dans les effectifs des entreprises. Ces contrats sont un laboratoire de précarité pour le néolibéralisme?».
Les employeurs de l’animation, du sport et du tourisme social (Cnea) envisagent, eux, un nouveau contrat aidé ancré sur les besoins des territoires en mission d’intérêt général, avec des obligations renforcées en termes de formation et d’accompagnement de sortie de l’emploi. Les pistes d’évolution ne manquent pas. Encore faut-il pouvoir en parler.
PCF bassin Creusotin
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