Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - A la station d'essence de Mercurey, l'histoire se termine au tribunal

TRIBUNAL DE CHALON - A la station d'essence de Mercurey, l'histoire se termine au tribunal

Un couple s’est plaint d’une agression à la station-service Avia de Mercurey samedi dernier. Les auteurs ont été faciles à identifier et les faits impossibles à nier : la scène a été filmée par les caméras de surveillance, ils ont été jugés ce 19 octobre en comparution immédiate.

On pense à Laurel et Hardy : Laurel, 18 ans, est à la barre. C’est un beau gamin qui aurait pu tourner Les 400 coups avec Truffaut, il a un air comme ça, l’allure d’un garagna comme on dit en parler stéphanois, on lui donne 14-15 ans, il pèse 50 kg.  Hardy, 26 ans, 130 kg, est dans le box, incarcéré hier. Les deux chuintent lorsqu’ils parlent, une marque de fabrique sans doute, car ils sont plus que ‘bons copains’, ils sont frères.

Le couple victime ne s’est pas déplacé mais demande en revanche un renvoi sur intérêt civil, pour avoir le temps de saisir un avocat et de « chiffrer son préjudice », car il y a eu des coups. Il y a aussi une histoire, et, coupables pour coupables, les frères seront bien défendus, et par leur avocate, et par la vidéo qui a filmé la scène.
Samedi dernier, les frangins reviennent du Creusot avec un collègue : ils travaillent pour une société à vocation sociale qui emploie des gens en difficulté pour les aider à s’en sortir. Hardy a avancé grâce à cela : un salaire, un appartement, il est devenu autonome et il a peur de « tout perdre » à cause d’un « moment de colère ». Bref, ils revenaient du boulot en roulant sur la réserve, l’essence allait manquer. Ils s’arrêtent à la station-service, et Hardy va demander à un automobiliste qui faisait le plein s’il voulait bien lui « prêter » sa carte bancaire pour 40 euros de carburant, 40 euros qu’il lui aurait donnés en espèces. Un troc, en quelque sorte. Le monsieur « se sent agressé », suppose le tribunal, par cette demande et fait « comme s’il n’avait rien entendu », de guerre lasse, Hardy s’en retourne, mais le conducteur fait alors de loin un geste en direction des jeunes, on le voit bien sur la vidéo que le tribunal diffuse. Et : « Il a insulté ma maman, mais elle n’a rien à voir avec tout ça ! », du coup Hardy revient sur ses pas, une altercation éclate, Laurel s’en mêle, et la femme du conducteur sort de la voiture et le tire par les cheveux : « Elle s’en est prise physiquement à mon petit frère ». Un coup, deux coups, peut-être un peu plus, ce n’est pas hyper clair, puis c’est la fuite.

Caroline Mollier représente le ministère public : « Peut-être que l’attitude des victimes n’a pas été correcte, mais rien ne justifie une telle violence. » Elle requiert contre le petit 8 mois de prison dont 4 assortis d’un SME de 2 ans, et contre le gros 15 mois de prison dont 6 mois assortis d’un SME de 2 ans, et son maintien en détention…
« Il n’est pas agréable de regarder des vidéos d’agression, car la violence y est brute, mais celle-ci a une importance particulière : on est sur une méprise. » Maître Carle-Lengagne plaide d’un ton égal, elle reprend la scène que tout le monde vient de voir, rappelle le geste provoquant du conducteur à qui finalement personne ne demandait plus rien, puis comment le grand frère commence par temporiser avant de sortir de ses gonds quand la femme du conducteur s’approche et prend le petit frère par les cheveux…. « C’est donc une violence qui ne se déchaîne pas de façon totalement gratuite. » L’avocate rappelle que les garçons se signalent toujours en gendarmerie lorsqu’ils entreprennent des démarchages à domicile pour leur travail (ce qu’ils avaient fait ici, et qui a permis de les identifier rapidement), et que tout se passe bien. Dans la salle, leur grande sœur, et leur père : ils sont venus de Romans sur Isère où toute la famille réside.

Le tribunal condamne les frères pour ces faits de violence. Le grand à 4 mois de prison ferme (il a un casier essentiellement pour des délits routiers) mais sans mandat de dépôt, et le petit à 4 mois de prison avec sursis.
Le pire, c’est que les garçons ont pu faire le plein ce samedi-là 200 mètres plus loin, sur le parking d’un hypermarché qui accepte les espèces.

FSA