Chalon sur Saône

Les régies de quartier, « de grandes dames qui méritent plus que le sort qu'il leur a été réservé ! », selon Frédéric Collin

Les régies de quartier, « de grandes dames qui méritent plus que le sort qu'il leur a été réservé ! », selon Frédéric Collin

Depuis l’annonce, en plein été, de la suppression des contrats aidés, de nombreux emplois au sein des régis de quartier sont menacés. Et c’est, à terme, l’existence même de ces dernières qui est clairement posée. Un danger à propos duquel responsables, salariés, adhérents de la Régie et habitants du quartier des Prés Saint-Jean ont souhaité alerter. Le retour d’info-chalon.com.

En France, quand quelqu’un vous parle de « régie », c’est souvent pour désigner un établissement public chargé de la gestion d’un service public ou une sorte d’excroissance de collectivité territoriale (la fameuse « régie simple » d’une commune, assurant la gestion d’un service public à l’aide du personnel communal). Du coup, beaucoup pensent que les régies de quartier sont elles aussi des organismes publics ou des services de la mairie, peuplées de fonctionnaires, à tout le moins d’agents publics.

Pourtant, et même s’il leur arrive de se voir attribuer des marchés publics, elles ne sont rien de tout cela. En effet,  les régies de quartier sont des associations de type « loi de 1901 ». Des associations qui génèrent du lien social à travers leurs activités et les services qu’elles rendent. Des associations qui créent des emplois destinés aux habitants du territoire les plus en difficulté et leur permettent ainsi de s’insérer sur le marché de l’emploi. De s’insérer ou de se réinsérer sur ce marché. Car, souvent, c’est à ceux dont les entreprises ne veulent plus en raison de leur âge prétendument trop avancé (50 ans…), que les régies de quartier viennent en aide, bien plus efficacement que d’autres organismes d’ailleurs…

Fonctionnant en réseau, ces structures associatives au service d’un quartier ou d’un territoire qui n’a de prioritaire pour les autorités que le nom, les actes ne suivant pas toujours les belles paroles prononcées la larme à l’œil, ont depuis longtemps fait leurs preuves. Tant et si bien que, sans elles, la vie dans de nombreux quartiers urbains ne serait certainement pas la même aujourd’hui.

Pourtant, bien que difficilement dispensables, elles sont désormais menacées. Pourquoi ? Parce qu’en plein mois d’août 2017, un « p’tit bonhomme » (Frédéric Colin, directeur de la régie de quartier des Prés Saint-Jean de Chalon-sur-Saône), devenu président de la République quelques mois auparavant, a décidé que les contrats aidés, des contrats spécifiques pour lesquels l’embauche et l’accompagnement est encadrée et appuyée financièrement par l’Etat, étaient inutiles et qu’il fallait les supprimer. Point barre.

(Frédéric Collin)

En quoi une telle décision estivale concerne-t-il les régies de quartiers, qui fonctionne beaucoup avec des bénévoles ou des adhérents, qui bien souvent sont les mêmes ? Tout simplement parce que pour entretenir et maintenir les communes des immeubles, fournir des prestations au juste prix, insérer ou réinsérer des personnes sur le marché de l’emploi, les régies de quartier dépendent de tels emplois. Et que la décision, « brutale » (Frédéric Collin), de le supprimer, fait clairement peser au-dessus d’elle, donc des quartiers où elles s’investissent, une épée de Damoclès. En effet, depuis le parti pris par Emmanuel Macron d’opérer une tabula rasa, mis en œuvre de façon assez cacophonique par son intendance gouvernementale, de nombreux contrats aidés n’ont pas été renouvelés, tandis que d’autres sont clairement menacés de ne pas l’être, sauf demande de dérogation individuelle auprès du représentant de l’Etat dans le département. Demande dont l’issue demeure toujours incertaine, en plus de monopoliser pour sa formulation une énergie et du temps qui aurait pu être employés autrement, à des fins économique et sociales utiles.

(Myriam Rahmoune, secrétaire comptable, salariée de la régie de quartier des Prés Saint-Jean depuis 18 ans)

(Martine Voisin, habite du quartier depuis 47 ans, adhérente de la Régie, impliquée dans une association de locataires)

(Francine Chopard, pharmacienne des Prés Saint-Jean)

Outre le drame humain que cela représente, prioritairement dénoncés par les responsables de ces associations et ceux qui en font les frais, ce n’est rien moins, à brève échéance, que l’équilibre financier, donc l’existence de ces structures, qui se trouve sur la sellette. Et ceci, les adhérents, comme les salariés et les responsables de la régie de quartier des Prés Saint-Jean ont entendu le faire savoir ce mercredi midi. Plus exactement, ils ont entendu rappeler leurs états de service et attirer l’attention sur le fait que des apprentis sorciers étaient en train de démolir un outil de travail au service du lien social, sans même lui avoir laissé le temps de se retourner, de trouver une solution pour, au pire, s’adapter à la volonté du pouvoir en place, aussi discutable soit-elle.

Samuel Bon