Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Violences et évasion du commissariat à la barre
Publié le 11 Décembre 2017 à 21h16

Quinze points de suture dont 13 sur le visage : il fait mal le bruit du morceau de la bouteille fracassée qui ricoche avec force sur le visage. Il va faire mal, le bilan de ce tapage nocturne dont la victime était venue se plaindre le 3 décembre. Il fera d’autant plus mal que l’auteur des violences consécutives, interpellé, s’est échappé du commissariat de Chalon pendant sa garde à vue 3 jours plus tard.
Le dimanche 3 décembre, monsieur M. va toquer à la porte de son voisin. Il est plus de minuit, et le bruit est gênant. Ce n’est pas la première fois, et le voisin et ses amis n’apprécient guère qu’on leur rappelle des limites, monsieur M. reçoit un mauvais accueil. Un copain du voisin, ivre, le poursuit jusqu’à sa porte, fracasse des bouteilles sur le mur, le chambranle, en vient à manquer de munitions, repart en chercher, recommence, et monsieur M. est blessé. 10 jours d’ITT, une joue recousue, donc une cicatrice à venir, rappel muet et constant de cette soirée-là, au cours de laquelle il voulait défendre son droit au repos ainsi que celui de ses enfants.
Le voisin s’était enfui, les policiers l’interpellent en premier, il dénonce le copain, ne donnant que son prénom. La police ne tarde pas à savoir qui c’est : c’est A. G., 24 ans, marié, et père de famille. Père d’un enfant qu’il n’a pas vu naître ni grandir parce qu’il était incarcéré, bientôt père d’un 2ème enfant dont il ne veut pas, dit-il, rater la venue au monde. De la soirée du 3, A. G. n’a pas de souvenir parce qu’il a d’abord bu, tout seul, un pack de bières, puis une bouteille de Vodka, puis un autre pack, « et après, je ne me rappelle de rien, mais si mes copains ont dit que c’était moi, alors c’est moi ».
Le 5 décembre, A. G. est arrêté et placé en garde à vue. Caroline Mollier, substitut du procureur, le prévient « que je vais le déférer et qu’il est en état de récidive légale ». A. G. sait dès lors, s’il ne s’en doutait pas avant, qu’il risque d’être à nouveau puni d’une peine de prison ferme. Le 6 décembre en fin d’après-midi, il est autorisé à sortir dans la cour intérieure du commissariat de police pour y fumer une cigarette. Il va pousser le policier qui l’accompagne, foncer vers l’enceinte, sauter. Le policier le course, perd son téléphone, doit marquer un arrêt pour le récupérer, perd la trace du fugitif. Branle-bas de combat, des hommes sont mobilisés, gendarmes, policiers, un chien aussi. Ils retrouvent le fugitif moins de 24 heures après chez un autre copain. Qu’espérait ce jeune homme ? La voix mouillée et le nez reniflant, il le dit et le tourne en boucle à « madame le juge » : « Je n’ai pas vu grandir mon premier enfant, et j’ai eu peur de ne pas voir naître le 2ème. » Quoi de plus sensé en ce cas que de blesser un homme à coup de bouteilles, puis de profiter d’une latitude laissée à l’appréciation des policiers, et qui compte pour bien des gardés à vue (tout compte, la plupart du temps, en matière de « gestes » qui tissent la trame des rapports humains, quand bien même l’un représente la loi et que l’autre vient de l’enfreindre), pour se barrer ainsi, avec zéro chance de ne pas être retrouvé ?
A écouter l’instruction de la présidente Catala et les réponses du prévenu ce lundi 11 décembre, on entend bien qu’il n’y a pas grand-chose de sensé dans la vie du jeune homme, ni rien d’amarré, à l’exception peut-être de son fils de 2 ans, présent à l’audience, et qui monte son petit visage vers celui de son père, lequel parvient à passer sa tête par l’étroite ouverture en bas du box en verre pour donner des baisers. Sa jeune maman, enceinte, portant le voile et une longue robe noire, est assise au plus près, et regarde se disloquer morceau par morceau la promesse de son mari vers elle lors de l’accouchement, d’un Noël en famille.
A. G. est né à Tunis. Des conditions de son arrivée en France nous ne saurons rien, et de sa situation administrative guère plus, si ce n’est qu’il a un récépissé de 3 mois (il n’a pas de titre de séjour), et qu’« avec ça, personne ne me donne du travail ». C’est donc la faute au récépissé si rien ne va, et puis aussi à tous ses « problèmes », A. G. parle de la grossesse de sa femme, et du cancer au cerveau d’un de ses oncles au pays, toutes ces choses n’étant par ailleurs pas franchement égales. La présidente Catala ne cesse d’essayer de l’amener à un peu de réflexion : « Vous dites que votre femme est seule, mais dans ces conditions, est-ce que ce n’était pas votre responsabilité que d’être présent ? C’est vous qui étiez en soirée et qui avez blessé monsieur M. » A. G. ne répond pas à cette question, il se contente de s’exclamer : « Ah j’étais vraiment désolé quand j’ai vu les photos ! » La juge ne renonce pas : « Tout à l’heure vous avez dit aussi que vous étiez seul, sans famille. Pourquoi n’êtes-vous pas allé en parler à votre CPIP ? Vous avez 2 suivis en cours.
- J’en ai parlé, il a dit qu’il ne pouvait rien faire.
- Le CPIP dit surtout que quand on vous demande de faire des démarches, vous ne les faites pas. » La magistrate les énumère.
A. G. cumule déjà 4 condamnations, dont 3 pour des violences, avec ou sans vols associés, et 1 pour stupéfiants, une assez grosse peine. « Ça ne vous amène pas à réfléchir et aller consulter ? Vous êtes dangereux pour les autres si vous ne pouvez vous maîtriser. » D’un ton plaintif, le prévenu escamote la réponse : « J’ai rien à vous dire, madame. » Puis il égrène à nouveau ses soucis : il est marié, il a bientôt 2 enfants, il n’a pas le droit de travailler, il n’a pas de famille, la famille de sa femme n’est pas sa famille. Maître Sarikan le plaidera : « C’est déchirant et insupportable de ne pouvoir subvenir à ses besoins. »
C’est pas la dolce vita, c’est sûr. La vie d’A. G. ressemble, vu de l’extérieur et d’assez loin, à une vie d’adulte littéralement arrachée précocement à une vie d’enfant, et cette irresponsabilité trouve à se justifier des droits qui lui manquent, faute d’un titre de séjour, mais se traduit aussi lourdement sur son casier. Que pourront valoir ces arguments aux yeux du petit garçon qu’on amène au tribunal pour panser le chagrin du père en donnant des baisers ? Ce petit enfant qui paie donc déjà de sa chair ce qui, à lui, lui est refusé, retiré, interdit (des droits, dont celui à la sécurité, à la tranquillité). La faute à qui, à quoi ? Certainement pas à ce monsieur qui voulait dormir, certainement pas à ce policier qui accordait à A. G. quelques bouffées de tabac et d’air frais, les premières certes altérant les secondes, mais peu importe : il lui accordait une pause, un petit moment de régénération possible avant de retourner en cellule, et il arrive, ici ou ailleurs, que ce bref moment soustrait à la rigueur des procédures et des protocoles devienne un moment prégnant pour un prévenu, un moment positif, mais voilà... Le bilan va faire mal.
Les derniers mots d’A. G. se font supplique : « Je souhaite demander qu’il me pardonne (on ne sait pas s’il parle de monsieur M. ou du policier). J’espère que vous n’allez pas me mettre une grosse peine, c’est tout ce que je veux. Je veux être là pour la naissance de ma fille. Si vous pouvez me relâcher sous contrôle judiciaire, j’irai pointer plusieurs fois par semaine. »
Le tribunal condamne A. G. à 3 ans et 2 mois de prison, selon 2 peines distinctes (imposées par la prévention d’évasion) :
- pour les violences : 3 ans de prison dont 18 mois assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, avec obligations de soins, de travailler, d’indemniser la victime, et interdiction de contact avec elle ainsi que de paraître à son domicile.
- pour l’évasion : 10 mois de prison, maintien en détention, et révocation totale de 2 sursis antérieurs, l’un de 2 mois, l’autre de 8 mois.
« Quand on vous dit qu’il ne faut pas commettre d’infraction pendant le délai d’épreuve… » A. G. a signé les papiers, il ne comprend pas tout, mais il ne pleure plus. Le petit garçon s’est entretemps endormi, allongé sur le banc le plus près du box, recouvert de son manteau, abandonné au sommeil dans la blanche innocence de ses deux ans, ignorant encore que celle-ci vient de recevoir une nouvelle entaille.
FSA
Maître Marceau intervenait pour le policier dont A. G. a trompé la confiance avec brutalité. Le policier obtient 100 euros d’indemnité et une somme pour ses frais de justice. Maître Dijoux demandait 1000 euros de dommages et intérêts pour monsieur M., demande jugée « très très raisonnable » par le tribunal qui les accorde.
Le parquet avait requis en tout 4 ans de prison dont 1 an SME 3 ans, et la révocation totale des 2 sursis de 2 et 8 mois, maintien en détention.
A. G. et son épouse vivent habituellement à Montceau-les-Mines mais restaient sur la ville de Chalon hébergés par sa grand-mère à elle, la jeune femme devant accoucher plus tôt que prévu.



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