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Le 1er Atlas des oiseaux nicheurs de Bourgogne pour que vous voliez de vos propres ailes par procuration
Publié le 18 Décembre 2017 à 10h58
Frais émoulu car sorti des presses depuis peu, l’Atlas des oiseaux nicheurs de Bourgogne s’en vient combler un vide en créant un précédent à l’échelon régional. Jamais en effet un ouvrage de cet acabit n’avait vu le jour. En cette période consumériste frisant l’orgie, nul doute que ce serait un présent qui emplirait de joie son destinataire, adoubé par la vision onirique du monde merveilleux de l’oiseau libre, qui se double d’un blindage méthodique et rationaliste crédibilisant à souhait ses allées et venues. Un modèle du genre autant que la Bible de tout ornithologue qui se respecte, et du grand public désireux de remettre les pendules à l’heure.
De plus en plus fort
Certes, il y eut bien un livre consacré aux rapaces diurnes et nocturnes de Bourgogne à la fin des années 90, mais voilà, les becs crochus n’ont pas vocation à représenter l’ensemble de l’avifaune. Ou, autre version, une collecte de données visant des départements de la région dont la Saône-et-Loire (ce dernier département par exemple a eu son bouquin spécifique en 2012), sans cependant arborer la physionomie d’un ensemble richement documenté relatif à la nidification. Avec l’Atlas des oiseaux nicheurs de Bourgogne, il en va tout autrement puisqu’on a ratissé très large. C’est la fédération E.P.O. B (Etude et Protection des Oiseaux en Bourgogne) qui en est à l’origine, avec pour le coup l’engagement de l’A.O.M.S.L. (Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire), la L.P.O. (Ligue pour la Protection des Oiseaux) Côte d’Or et Yonne, la S.H.N.A. (Société d’Histoire Naturelle d’Autun), ainsi que de la Choue (association affectée à l’étude et à la protection des rapaces nocturnes de Bourgogne-Franche-Comté). L’Atlas des oiseaux nicheurs de Bourgogne (coût : 39,00 euros hors frais de port) est acquérable auprès de la revue scientifique Bourgogne-Nature, dont c’est là le 15ème hors-série, via son association fédératrice (www.bourgogne-nature.fr ; [email protected]; 03.86.76.07.36), ainsi que des librairies partenaires des quatre départements bourguignons (prière de consulter la liste sur le site précité).
Le fruit du labeur d’environ 900 observateurs !
Quatre années d’auscultation de la nature auront été nécessaires pour mener à bien cette mission de longue haleine, ce de 2009 à 2012, préambule d’une mise en forme sur le papier qui a donc ensuite pris un lustre. C’est une besogne de fourmi à laquelle les volontaires ont été confrontés dans tous les milieux naturels, par carré-échantillon de 10km sur 10 km. La Bourgogne a ainsi été découpée en 376 mailles. Plusieurs associations furent de la fouille minutieuse, avec leurs salariés et les bénévoles. Ce sont au total 187 espèces aviaires dûment référencées qui ont été classées en tant que nicheuses. A l’intérieur du pavé Il y a une fiche par espèce, où sont consignés la répartition régionale, l’écologie et les habitats, la phénologie et la biologie de la reproduction, l’évolution des populations, les statuts et les mesures de conservation. Sur la carte type, la couleur rouge indique que l’indice de reproduction est fort, la couleur orange signifie une nidification probable, et la couleur jaune tend vers un certain flou : l’espèce a été observée, son chant a été présent, mais il n’y a pas d’indices davantage probants. A la fin de la publication une analyse permet de faire le point sur les secteurs où l’on trouve le plus d’espèces, la liste rouge des oiseaux nicheurs de Bourgogne, le bilan des divers suivis, de même que les facteurs (ils sont pléthore !) menaçant l’avifaune qui se reproduit dans la région. Cette masse considérable de données (les monographies, explicites, abondent) délivrées par plus de 900 observateurs (plus de 60 personnes ayant quant à elles participé à la rédaction et à la lecture des fiches), s’étale sur quelque 540 pages, illustrées par 550 superbes clichés rendant presque familiers les héros ailés, pris à 90% par des photographes amateurs en général du cru.
Le râle des genêts en figure de proue
Selon Brigitte Grand, de l’E.P.O.B., « l’espèce assez emblématique de Bourgogne et de Saône-et-Loire est le râle des genêts (photo d’Alexis Révillon prise dans la végétation ndlr). Trois ou quatre mâles chanteurs ont été entendus en 2017, alors que dans les années 80 il y en avait plus d’une centaine. On essaie de préserver les derniers individus. On espère que non, mais c’est peut-être la prochaine espèce qui disparaîtra du futur atlas, qui sera probablement axé sur la Bourgogne-Franche-Comté, mais pas avant cinq ans au minimum… »
Deux bons points, et un mauvais
Dans la nature rien n’est jamais définitivement figé, tellement de paramètres auxquels est accolé l’être humain entrant en ligne de compte. Tant et si bien que depuis 2012 deux espèces non inscrites dans l’atlas sont devenues nicheuses. C’est le cas pour une jeune marouette de Baillon, découverte de façon fortuite, et de la cisticole des joncs. Celle-ci a peut-être niché en Bourgogne quelques décennies en arrière, mais elle s’est ensuite évaporée. Son retour a été constaté à partir de 2016, du fait de la présence d’oiseaux chanteurs sur plusieurs sites dans le Val de Saône. Ca, ce sont deux excellentes nouvelles. Au chapitre noirceur ambiante, signalons le bruant ortolan, bien en place dans le présent atlas, mais qui s’est vraisemblablement fait la malle depuis l’entérinement et sa transcription noir sur blanc. Petite annonce en passant : si d’aventure vous étiez emballé par l’idée de prêter main-forte sur le terrain aux investigateurs en fonction de vos compétences et de votre temps libre, le mieux serait de contacter l’A.O.M.S.L., laquelle a « pignon sur rue » à Chalon-sur-Saône : [email protected] ou au 03.85.42.94.57
Photo d’Alexis Révillon pour le râle des genêts Michel Poiriault
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