Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il avait cambriolé l'Easy Cash avant de se faire alpaguer par un passant

TRIBUNAL DE CHALON - Il avait cambriolé l'Easy Cash avant de se faire alpaguer par un passant

 

Mustapha A., 32 ans, était venu à Chalon voir sa copine. Dimanche soir, il reprend la route pour Bourg-en-Bresse, dit-il, et puis « je suis passé devant Easy Cash, et j’ai pris un coup de folie. Je me suis arrêté, j’ai démonté une partie de la tôle du toit avec une clé à pipe, j’ai découpé la tôle avec une cisaille, et j’ai atterri dans le magasin ». Il était environ 20h30. A peine ses pieds touchent-ils le sol que l’alarme sonne et déclenche des fumigènes. Le jeune homme se dirige vers la sortie, rafle au passage une poignée de bijoux et file, passant par-dessous le rideau de fer qui se levait lentement. 

Au même moment, C. X, 37 ans, ouvrier, raccompagnait chez elle son amie, F. Il voit la fumée sortir par les ouvertures taillées dans le toit, il pense à un incendie et s’apprête à appeler les pompiers lorsqu’il repère Mustapha qui, tout de noir vêtu, se faufilait hors du commerce. Il le voit se mettre à courir, et pige qu’il a fait « une connerie ». Il fait descendre son amie et rattrape le voleur avec sa voiture, il le bloque au niveau du pont de la Thalie. A partir de là les versions divergent, au point de rendre la scène bien opaque. Seule certitude, l’ouvrier attrape Mustapha, le maîtrise avec une clé d’étranglement, serrant à lui en couper le souffle. « Il forçait », raconte le prévenu (C. X n’est pas à l’audience de comparution immédiate, ce jeudi 21 décembre), qui saisit son trousseau de clés (de voiture, d’appartement) et balance à l’aveugle des coups qui ne peuvent porter qu’au visage et au cou de son adversaire, vu leurs positions respectives. Une clé se tord sous la force de l’impact, voilà l’ouvrier poinçonné en quelques endroits, et ? « Et la police est arrivée. »

Le butin, si on peut se permettre, n’est pas à la hauteur de l’effraction et du corps à corps des deux hommes dans la nuit humide, qu’on en juge : « deux bracelets de métal doré tressé, un collier avec un médaillon en forme de cœur – 29 euros -, un collier plaqué or, une bague en métal doré, une autre bague – 19 euros ». Montant : 193.06 euros.
D’un autre point de vue, le montant est assez lourd : effraction, vol, violence (4 jours d’ITT pour l’ouvrier), état de récidive légale, et ses effets itou : garde à vue, détention provisoire depuis deux jours, comparution immédiate. Et tout ça pour quoi ? « Pour échanger les objets volés contre de la drogue. » Mustapha est cash lui aussi, c’est toujours ça. Il est allé à l’école jusqu’en 4ème, il a « le niveau CAP plâtrier peintre », il a été ferrailleur, il a été beaucoup incarcéré. Cet homme encore bien jeune a fait 10 ans de prison, de ses 19 à ses 29 ans. Et, depuis 4 ans, il se drogue, il prend de la cocaïne, 1 gramme, 2 grammes, 3 grammes par jour, « en fonction de ce que j’ai ». Il l’achète à Lyon. Il vient d’avoir 32 ans (le 17/12), 32 moins 4 ça fait 28, il était encore détenu. 

Dimanche soir, la police a trouvé son sac à dos dans sa voiture, et dans son sac à dos il y avait une hache, une cisaille, une paire de gants, une cagoule, une lampe frontale, une clé de pipe de 12 et une de 14, une pince coupante, un tournevis plat. La présidente Catherine Grosjean conduit une instruction précise d’une voix douce, et le prévenu répond lui aussi d’une voix posée, au ton égal : « Oui c’était pour commettre un vol. » Alors la question de l’intention (« un coup de folie » disait-il au début, position que défendra maître Mirek pour sa défense), dans ces conditions, est limpide et se prête à la synthèse du parquet : « Il avait dans son sac le kit du petit cambrioleur. Quand on l’a interpellé il ne portait sur lui ni son téléphone, ni ses papiers, ni une carte de crédit. Il a 15 mentions à son casier dont 6 pour vols, 3 pour violences, 1 pour stups (« les violences c’était surtout des bagarres en prison », avait précisé le prévenu). A moins de 40 ans, il a déjà fait 10 ans de prison, il ne travaille pas, il se drogue et a besoin d’argent pour en acheter, c’est inquiétant. Son hébergement chez ses parents est une façade, il n’offre aucun gage d’insertion pour le ministère public. » On requiert 3 ans de prison dont 1 an assorti d’un sursis mis à l’épreuve, et son maintien en détention. 

Le tribunal condamne Mustapha A., 32 ans, devenu cocaïnomane, auteur d’une effraction et d’un pauvre vol arraché au tintamarre de l’alarme et au brouillard des fumigènes, mais aussi auteur de violences, le tout en état de récidive légale, à 2 ans de prison dont 1 an assorti d’un SME (obligation de travail et de soins). Il lui est interdit de porter une arme. Le tribunal lui fait obligation de rendre la voiture à sa mère, qui en est la propriétaire. Il est maintenu en détention. 

FSA