Saône Doubs Bresse
Philippe Decroocq, maire de Bey : « Je veux qu’on me reçoive, qu’on m’écoute et... qu’on m’entende ! »
Publié le 12 Février 2018 à 17h01
Devant la menace d’une fermeture de classe en septembre 2018, le maire de la commune de Bey, Philippe Decroocq, monte au créneau. Soutenu par son équipe municipale, par les parents d’élèves, des élues du conseil départemental de Saône-et-Loire, il entend bien convaincre l’inspection académique de revenir sur une décision que tous jugent, a minima, inadéquate.
Issu du secteur privé au sein duquel il continue de travailler, prompt à faire jouer la concurrence pour limiter la pression fiscale pesant sur les habitants de la communauté de communes dont il est le président (lire ICI), Philippe Decroocq, également maire de Bey, n’en est pas moins attaché à l’existence de services publics de qualité pour ses administrés. C’est pourquoi, à la suite de celle qui l’a précédé à la mairie de Bey (Suzie Blandenet), Philippe Decroocq a continué de consacrer de l’argent public au groupe scolaire de sa commune.
Pour quoi faire ? Pour construire des bâtiments neufs, pour rénover les locaux existants, pour construire un préau, pour aménager la cour et le parking, en achat de matériel, en achat informatique. Au total, près d’un million d’euros TTC, entre 2005 et 2017.
Aussi, quand Fabien Ben, le « DASEN » (Directeur départemental de l’éducation nationale) nommé durant le quinquennat de François Hollande, lui a annoncé un « retrait d’emploi » (traduction en français non technocratique : une fermeture de classe) pour la rentrée de septembre 2018, le sang de Philippe Decroocq n’a-t-il fait qu’un tour.
Pour Philippe Decroocq, une décision fondée sur une logique purement comptable
Qu’il faille se résoudre à fermer une classe pour des raisons objectivement valables, Philippe Decroocq pourrait à la limite le comprendre. Mais là, pour lui, comme pour les parents d’élèves fréquentant le groupe scolaire de Bey, cela ne se justifie pas. En outre, la méthode utilisée pour lui annoncer cette mauvaise nouvelle l’a passablement irrité, pour ne pas employer un autre terme…
C’est par un courrier en date du 10 janvier dernier que Fabien Ben a entendu lui faire connaître sa décision. Sauf que le courrier n’a jamais été envoyé et que, ayant eu vent de ce qui se tramait et ayant fait demandé celui-ci, Philippe Decroocq n’en a pris connaissance que le 25 janvier. Premier problème.
Deuxième problème : en le lisant attentivement, il comprend qu’il a jusqu’au…25 janvier ( !), c’est-à-dire le jour-même, pour fournir « des observations et des éléments d’informations complémentaires ». Pour lui, même s’il ne se permettrait pas de le qualifier ainsi auprès d’un journaliste, c’est, au mieux, du mépris, au pire du foutage de gueule caractérisé.
Troisième problème : Philippe Decroocq et son équipe municipale se rendent compte en étudiant le courrier du DASEN que les arguments invoqués sont purement comptables, témoignent d’une méconnaissance manifeste des réalités de terrain, du moins n’intègrent pas de nombreux paramètres s’opposant à un « retrait d’emploi ». Pour fermer une classe, le DASEN avance uniquement le niveau des effectifs prévisibles à la date du 21 novembre 2017. A aucun moment, Fabien Ben ne prend en compte les investissements massifs d’argent public que la commune de Bey a consacrés au groupe scolaire. A aucun moment, non plus, Fabien Ben ne prend en compte la construction et l’ouverture prochaine d’une crèche sur la commune voisine d’Allériot, en train d’attirer de nouvelles familles sur le bassin de vie et donc susceptibles d’impacter les futurs effectifs de l’école de Bey. La décision de Fabien Ben semble uniquement reposer sur une moyenne globale (le nombre d’enfants par le nombre de classes), valable à un instant « t », c’est-à-dire en novembre 2017.
A Bey, la colère des parents d’élèves monte
Pas du tout disposé à laisser procéder à une fermeture de classe, Philippe Decroocq et son équipe l’ont clairement fait savoir par une délibération du conseil municipal, votée à l’unanimité le 1er février dernier. Ils ont ainsi fait écho à la commune de Montcoy qui, lors de son conseil municipal du 25 janvier 2018, avait également voté à l’unanimité des présents contre la fermeture d’une classe à l’école de Bey.
Fort du soutien de Violaine Thériot Gillet (conseillère départementale PS du canton de Gergy) et d’Elisabeth Roblot (vice-présidente du Conseil départementale), Philippe Decroocq ne désespère pas d’obtenir, à terme, le soutien de la députée PS de la 4ème circonscription de Saône-et-Loire, Cécile Untermaier. En attendant, il essaye « en vain » d’obtenir le rendez-vous qu’il a sollicité auprès de Fabien Ben.
Qu’attend-il ce rendez-vous ? « Je veux qu’on me reçoive, qu’on m’écoute et qu’on m’entende. Je ne veux pas qu’on me reçoive, qu’on m’écoute mais sans m’entendre, pour temporiser », explique Philippe Decroocq, qui n’entend pas que l’on sacrifie ainsi la ruralité sur l’autel de considérations comptables, au mépris de la volonté générale du gouvernement en matière d’éducation, qui va dans le bon sens selon lui, mais qui peine à être mise en œuvre par la technostructure.
Une bataille perdue d’avance ? En tout cas, une bataille que Philippe Decroocq ne mène pas seul. En effet, un récent conseil d’école s’est prononcé à l’unanimité contre la fermeture d’une classe en septembre 2018. Une pétition circule, qui recueille chaque jour d’avantage de signatures (Lire ICI), notamment de parents d’élèves plus que remontés : à deux doigts de passer, selon toute vraisemblance, à une étape beaucoup moins… diplomatique.
Un détail susceptible de convaincre le DASEN de revoir sa copie ? Réponse prochainement.
Samuel Bon
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