Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Il a frappé sa compagne, il l’a volée, il avait 1 gramme de cocaïne sur lui quand on l’a interpellé.

TRIBUNAL DE CHALON - Il a frappé sa compagne, il l’a volée, il avait 1 gramme de cocaïne sur lui quand on l’a interpellé.

Le dos arqué sous sa veste, la tête en extension, donc le menton en surplomb, à la Mussolini, Cédric X, 34 ans, tient ses bras serrés contre lui, exactement comme s’il était contenu dans une camisole de force. Ce n’est pas la posture la plus confortable qui soit, il n’est pas dans la position la plus confortable qui soit : il arrive directement du commissariat de Chalon pour être jugé selon la procédure de « comparution immédiate », dite « correction immédiate » par une jeune femme férue des audiences. La déformation est involontaire, mais si juste. Cédric est en état de récidive légale pour trois des sept préventions retenues contre lui.

Laconisme et un peu de provocation

« Trop d’alcool », c’est ainsi que Cédric synthétise l’ensemble des faits, et la présidente Foucault le trouve un peu court, mais sa posture physique annonce la couleur : tout n’est que rétention chez cet homme pendant l’audience. Dans la salle, la victime, dont le vice-procureur Prost saluera « le courage », celui d’avoir posé plainte, et celui d’être venue. Elle, elle a la tête baissée, le menton appuyé sur le kleenex serré dans son poing, il n’est pas facile d’entendre la description des scènes, ni de voir ce compagnon dans le box, mal comme tout mais tâchant de sauver la face ou on ne sait quoi.

 

A coups de couteau contre la porte pour la faire sortir

Vendredi 2 mars au soir, les policiers interviennent dans le quartier Boucicaut, sur appel téléphonique. La victime s’est réfugiée chez une voisine : jetée contre les murs, traînée au sol, menacée avec des couteaux de cuisine que les policiers trouvent posés sur le lit, elle s’était bouclée dans les toilettes, et l’autre y est allé à coups de couteaux contre la porte, lacérée. On l’interpelle le lendemain vers 14 heures, alcoolémie de 1.48 gramme, « trop d’alcool », 1 gramme de cocaïne sur lui, non consommée, « j’ai rien à voir avec la cocaïne, je l’ai achetée parce que j’avais trop bu. – On n’en trouve pas à tous les coins de rue, pourtant. – Ben, si. »

 

Il vole la CB de sa compagne, il n’avait « pas d’argent dans les poches »

La veille au soir il s’était enfui, avec son chien, ce chien qui visiblement se soulageait parfois dans l’appartement de la victime, ce qui ne lui plaisait, mais lui, ça ne lui plaisait pas qu’elle en fasse la réflexion. La veille au soir, il lui avait piqué sa carte bleue, 40 euros et un chargeur. Avec la CB, il a retiré 100 euros. 40 euros de drogue, 60 euros d’alcool. Il avait le code parce qu’elle « avait tellement confiance en lui », et puis lui, il n’avait « pas d’argent dans les poches ». Alors bon, des coups, des cheveux arrachés, des couteaux agités, mais un peu d’argent, c’est nécessaire. Il la balayait, aussi. Quand elle a voulu fuir l’autre soir, et un autre jour, qu’elle voulait aller voir son frère et qu’il ne voulait pas, hop, son pied passe rapidement derrière le sien, qui est menue, et à terre. 

 

Il n’a plus travaillé depuis 2013

Il a déclaré aux policiers qu’il n’est pas violent. La présidente lui demande s’il maintient, il maintient, les bras croisés, le menton bien fier. Elle lui demande s’il maintient même si elle lit son casier. Il maintient, et ne baisse pas le menton. Elle lit le casier. 6 condamnations, un sursis mis à l’épreuve révoqué faute d’en remplir les obligations. « Vous ne vous engagez pas beaucoup dans le discours, monsieur, vous ne respectez pas la loi non plus. – Non, je respecte la loi, affirme Cédric X, mais… » Il dégage son propos en haussant les épaules. Il n’a plus travaillé depuis 2013. Qu’est-ce qui l’empêche de faire sa vie ? –« Des petits problèmes de justice. » Il boit parce qu’il a perdu des proches, à commencer par son père. 

 

Défendu malgré lui

Le parquet requiert une peine mixte (prison ferme et sursis mis à l’épreuve), l’avocat sort les rames. « Je dois porter une voix qui aujourd’hui me fait défaut, il est un peu démissionnaire, monsieur X, commence maître Diry. Il a une attitude faussement dédaigneuse, car il a joué cartes sur table avec les policiers. Et puis il y a la victime, qui dit que ‘lorsqu’il a bu, il devient noir’, cela dit qu’il a une autre face, pas aussi sombre. Il n’est pas le meilleur des prévenus, il ne sera pas le meilleur des détenus, pas sur un terreau psychologique comme le sien. »

 

11 mois de prison ferme en tout

Le tribunal condamne Cédric X à 18 mois de prison dont 10 assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans. Obligation de travailler, de se soigner, interdiction de contact avec la victime, de porter une arme, obligation d’indemniser la victime. Pour les 8 mois ferme, le tribunal décerne mandat de dépôt, et le parquet fait exécuter immédiatement un reliquat de 3 mois de sursis, ça porte à 11 mois de prison ferme la « correction immédiate », pour un homme qui ne fut « pas le meilleur des prévenus », mais qui se détend enfin un peu. Le jugement est passé, c’est fait. 

 

« La prison, il faut que ça vous serve à quelque chose, monsieur, il faut traiter vos démons, vous êtes encore jeune. » 

 

FSA