Chalon sur Saône
Face aux cheminots chalonnais, le député Gauvain a sorti les rames !
Publié le 07 Avril 2018 à 11h26
Les cheminots CGT et Sud Rail ont été sollicités par le député de la 5e circonscription de Saône et Loire... Et le moins que l'on puisse dire c'est que le parlementaire soutenant la politique gouvernementale a été habillé pour l'hiver.
"Sachez que le gouvernement est déterminé !" a lancé Raphaël Gauvain. Des propos prononcés et qui ont soufflé le feu sur la braise, provoquant la réaction immédiate des cheminots, qui ont déroulé leur argumentaire en défaveur du projet gouvernemental sur le ferroviaire français.
"Ce ne sont pas les cheminots les responsables de la dette mais vous les politiques !"
Furieux de se voir systématiquement pointés du doigt comme responsables de la situation financière de la SNCF avec une dette abyssale de près de 55 milliards d'euros, "mais dîtes nous en quoi le statut des cheminots est responsable de la situation financière ? En quoi nous sommes responsables des choix des politiques ? En quoi Mme Borne, ex responsable de la stratégie de la SNCF vient nous donner des leçons ? La SNCF avait-elle besoin des rames pour sauver Alstom ? Tout n'est que la conséquence des choix des politiques, c'est vous les responsables. A l'Etat, d'assumer sa responsabilité !" ont lancé en choeur les délégués du personnel.
"Vous êtes déterminés ! Mais continuez comme vous faites, sachez qu'on ne cédera pas !"
"Qu'est ce que vous êtes venus faire ? Vous faites le tour parce que R. Ferrand vous a demandé de le faire ! En trois mois, vous voulez chambouler nos conditions de travail alors que vous ne vous attaquez pas aux responsables de la dette de la SNCF. On a une confiance très limitée dans les politiques, parce qu'on attend toujours des réponses de votre prédécesseur".
"Je suis là pour comprendre et voir une éventuelle porte de sortie !"
Raphaël Gauvain, député de Saône et Loire, a réfuté être "le porte-parole du gouvernement". "Je suis là à titre personnel, pour comprendre et voir une éventuelle porte de sortie par la concertation. Sachez que le gouvernement est déterminé à mener cette réforme et qu'il ne cédera pas sur les lignes rouges de la réforme, à savoir l'ouverture à la concurrence ou la création d'une nouvelle société".
Des propos qui ont fait survolter la salle, "vous mettez les dysfonctionnements de la SNCF sur le dos des cheminots, c'est là où vous êtes très mauvais. L'ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, parlons-en ! Ca a remis plus 5000 camions sur les routes par jour, prenez l'autoroute et constatez !" a lancé un délégué sud-rail, agacé devant les propos du député. "Vous ne connaissez rien au fond du dossier, que voulez-vous qu'on vous dise!".
"Mais vous vous rendez compte que l'Etat met 14 milliards d'euros par an pour la SNCF, c'est l'équivalent du budget de l'intérieur et de la justice" a rétorqué le député. "Mais ce chiffre ne veut rien dire ! C'est la conséquence d'un choix politique d'aménagement territorial. Les politiques, les grands stratéges à l'image de Mme la ministre sont les responsables. Vous nous parlez du rail allemand ou anglais pour porter votre réforme, mais vous savez ce qu'il pense outre-manche ou outre-Rhin ? Vous dites qu'on est 35 % plus cher que nos voisins mais on ne parle pas de même service. Vous allez reporter sur les usagers le prix de la réforme, c'est ça la réalité".
"Expliquez moi comment vous allez résorber la dette ! J'attends vos explications"
"Le ferroviaire français n'a pas les mêmes règles de sécurité. Vous vous rendez compte de ce qu'on doit avoir sur nous, les habilitations réclamées, les certifications validées, les formations sur un an alors que le privé passe outre. Vous vous rendez compte que la moindre soudure de rail doit être scellée avec un numéro qui nous engage. Et le privé ? Vous jouez avec la sécurité tout simplement, il faut que les usagers en soient conscients ainsi que la justice ! Vous êtes en train de créer le risque ferroviaire !"
"Les gens sont déterminés à un niveau que vous n'imaginez pas !" ont précisé les délégués syndicaux face à un député bien en mal dans l'exercice de pédagogie qui aura été compliqué à mener avant de préciser "que le Président a été élu pour réformer ce pays" et de se voir répondre, "'n'oubliez pas le souvenir du ventre. La CGT avait appelé à voter Macron et il n'était pas question de cette réforme dans les engagements de campagne".
Chacun est reparti de son côté, ancré sur ses positions après près d'une heure trente minutes, d'échanges fermes et musclés de la part des syndicats cheminots. Charge au député Gauvain de faire remonter à l'assemblée nationale, la détermination sur sa circonscription. En attendant, les cheminots savent que la mobilisation sera déterminante alors que se profile le tome 2 de la réforme avec en perspective le régime spéciale des retraites.
Laurent Guillaumé
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