Chalon sur Saône
Faux tournage de film à Chalon le 18 avril...mais vrai et bon prétexte pour rire !
Publié le 13 Avril 2018 à 14h02
Artiste protéiforme au talent accroché à ses basques, ce qui l’autorise à avoir une légitimité dans les domaines apprivoisés par sa matière grise, Patrick Haudecoeur sera à Chalon-sur-Saône le mercredi 18 avril à 20h en la salle Marcel-Sembat, ce dans le cadre des Théâtrales. Il donnera à voir et à entendre en compagnie de ses condisciples, lors de la comédie Silence, on tourne ! (ce n’est pas complet), pastiche d’un tournage de film qui ne devrait pas laisser indifférent…Interview pour info-chalon.com
Auteur, metteur en scène, comédien, rien ne vous échappe ?
«Oui, c’est sûr, mais pour mes propres projets c’est un peu la même casquette, c’est-à-dire que quand j’écris, enfin là je coécris avec Gérald Sibleyras, je me projette déjà dans le personnage que je m’attribue, mais je projette aussi la mise en scène. »
Cela n’exige-t-il pas un énorme investissement humain ?
« Ah si, j’ai du mal à faire autre chose, ne serait-ce que du tournage ou tout ça. D’ailleurs c’est au grand dam de mon agent, parce qu’entre l’écriture qui prend du temps, le montage ensuite, et le montage quand on est metteur en scène et qu’on joue dedans, il y a un investissement au niveau temps, et puis physique aussi, car c’est prenant. J’ai cependant l’impression qu’il n’y a que comme ça que je peux monter mes propres projets. Il n’y a pas de secrets, c’est laborieux, même l’écriture, c’est assez laborieux, je ne fais pas ça facilement, pour accéder justement à quelque chose sur scène qui paraisse facile, on est dans du divertissement pur. C’est une vraie mécanique, mais ça le public ne le voit pas, au contraire, mais c’est le but. »
Quel personnage jouez-vous ?
«Je suis l’assistant du réalisateur, ce qui me permet de naviguer un petit peu partout, et mon personnage est un cousin ou un frère de tous les personnages que j’ai dans mes pièces, c’est-à-dire un personnage un petit peu lunaire, maladroit, pas très à l’aise avec les femmes. Ce personnage, c’est lui qui tire un peu le fil de toutes les situations, même si c’est une pièce chorale, il faut pour l’histoire un personnage qui soit le fil conducteur, ça reste mon personnage. »
Avoir un public en tant que « figurant », ça ne doit pas courir les rues ? Comment s’est-il comporté jusqu’à présent ?
« Plutôt très bien ! Alors, ils sont surpris au début, surtout qu’on les éclaire, ce qui n’est pas courant, et puis ils comprennent assez vite le principe. De toute façon, c’est une fausse interactivité, puisqu’on fait appel à eux, la manière dont on leur parle, mais ils n’ont rien à faire, ou très, très peu. D’ailleurs on a des retours qui sont plutôt dans le sens positif, c’est-à-dire qu’ils sont contents de faire partie de l’histoire. C’est d’ailleurs tiré d’une histoire vraie, j’ai vécu ça lors d’un court-métrage où j’avais besoin de figurants pour faire un public de théâtre, ce n’est pas moi qui le réalisais, mais je l’avais coécrit et on a fait appel à de vrais figurants. C’est là où je me suis dit que si c’étaient les spectateurs ce serait la même chose, raconter une histoire autour de ça. Donc c’est une histoire vraie pour ça seulement, autrement pour le reste… »
Le burlesque réside-t-il dans l’outrance à une réalité somme toute plausible ?
« Il y a deux phases dans la pièce : la partie où l’on s’adresse aux spectateurs en tant que figurants, et là on essaie d’être dans une crédibilité, une sincérité très, très fortes. Après on remet, j’allais dire, le quatrième mur à sa place, c’est-à-dire devant la scène, et on est dans une comédie classique. Là, on peut se permettre d’être à nouveau dans un jeu plutôt classique. Mais de toute façon le burlesque demande une sincérité et une crédibilité énormes, autrement ça ne passe pas, on n’y croit pas. »
Y a-t-il eu un moment de flottement après le gros retentissement de Thé à la menthe ou t’es citron ?
« Oui et non, mais la pièce a vingt ans, alors entre-temps j’en ai déjà écrit trois autres. La pression je l’ai eue à la deuxième, qui n’a d’ailleurs pas été un succès retentissant, puis après j’ai fait Frou-Frou les Bains et La Valse des pingouins, qui elles ont beaucoup mieux marché, mais pour celle-là ça s’est fait naturellement. il y avait aussi le fait de partir ailleurs, j’ai changé complètement d’équipe pratiquement. Enfin je n’ai pas une troupe, mais disons qu’il y a toujours le noyau dur, j’étais un peu allé voir ailleurs en tant que comédien, et puis surtout j’ai coécrit avec Gérald Sibleyras. On ne se connaissait pas, ça a été une aventure toute neuve. »
Entre auteur, metteur en scène, comédien d’un côté, et théâtre, télé, cinéma de l’autre, pour quoi éprouvez-vous un petit faible ?
« C’est quand même le jeu, le soir au théâtre, c’est ça qui m’attire un peu plus, je crois que je suis attiré par la lumière, les projecteurs m’attirent bien. Ce qui me manque un tout petit peu, ce sont les projecteurs des plateaux de cinéma, mais en même temps chaque casquette est différente. J’aime bien la mise en scène, mais c’est plus dans l’ombre, alors que jouer la comédie, surtout au théâtre, c’est tous les soirs ; ça demande une énergie et une bonne santé, ça permet de rester jeune je crois (rires). »
Quel est le mémorable souvenir artistique qui surpasse tous les autres ?
«J’en ai deux. La première fois où on m’a annoncé qu’on allait jouer Thé à la menthe… sur Paris. C’était au Café de la Gare, on devait faire faire une présentation de la pièce, et à la fin de la représentation on m’a dit que l’on me prenait. C’était la première fois que je mettais un pied dans le métier, ça a été très, très fort, surtout tout de suite après la représentation. Et puis le premier Molière avec Frou-Frou les Bains. Ce sont des souvenirs assez forts, parce qu’on est partis de rien. On était treize avec les musiciens, ce n’était pas gagné, vraiment pas, surtout à notre époque, treize ! Remarquez, là on est douze, ce n’est pas mieux ! »
Devoir susciter le rire, un noble métier ?
« Ah oui ! De toute façon je n’ai pas l’impression que l’on choisisse, je ne me suis jamais posé la question, je l’ai fait d’instinct. Je ne me suis jamais dit : tiens, je vais faire rire. C’est une seconde nature, après je ne dis pas que je fais ça toute la journée, loin s’en faut ! En tout cas, dès qu’il y a une démarche artistique, dès qu’on doit devenir un autre personnage, pour moi il doit glisser sur une peau de banane. C’est l’image que j’ai. »
Plusieurs distinctions
-Molière du meilleur spectacle musical en 2002 pour Frou-Frou les Bains
-Molière de la révélation théâtrale en 2007 via Sara Giraudeau dans La Valse des pingouins
-Raimu du meilleur auteur en 2007 pour La Valse des pingouins
-Molière de la pièce comique en 2011 pour Thé à la menthe ou t’es citron, laquelle a été nominée aux Molières 2017 pour le titre de meilleure comédie
Réservations
Il reste des places dans toutes les catégories : 57,00, 47,00 et 37,00 euros. Points de vente : www.les-theatrales.com; Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon (03.85.48.37.97) ; Fnac (www.fnac.com); Magasins Carrefour, Géant, Magasin U, et autres lieux habituels.
Crédit photo : DR Propos recueillis par Michel Poiriault
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