Chalon sur Saône
L'interview de Pierre-Emmanuel Barré préfigure à merveille ce que sera son Nouveau Spectacle, le 28 avril à Chalon
Publié le 16 Avril 2018 à 15h39
Pierre-Emmanuel Barré carbure à la verve mordante et ne peut s’empêcher de trouver réponse à tout, fût-ce dans les situations les plus excentriques. Après deux one-man-show (Sale con en 2007, puis Pierre-Emmanuel Barré est un sale con en 2001, ainsi qu’une comédie : Full Metal Molière en 2009), revoici celui qui par ailleurs est chroniqueur radio et télé, dans une aventure ayant poussé ses premiers vagissements en 2017, et s’intitule Nouveau Spectacle. Il promet quantité de rires le samedi 28 avril à 20h30, salle Marcel-Sembat à Chalon-sur-Saône. Prenez-le au mot…Interview pour info-chalon.com
Sur quoi porte Nouveau Spectacle, et en dessous de quel âge ne le recommandez-vous pas ?
« C’est le spectacle de la maturité. J’ai choisi de cesser de dire du mal des gens. Fini le stand- up, maintenant, sur scène, je déclame un recueil des plus beaux textes de la littérature française sur les chips. De Baudelaire à Guillaume Musso, une heure et quinze minutes consacrées à l’éloge de cette fine tranche de pomme de terre qui ravit nos papilles.
Le spectacle est interdit aux enfants parce qu’il y a un buffet découverte avec sept cents sortes de chips différentes et qu’ils ont le palais fragile. »
En allant dans l’humour noir, ne vous privez-vous pas de publics qui ne traquent que la légèreté ?
« Oui, mais l’inverse est vrai aussi. C’est difficile de plaire à tout le monde.
L’idéal serait de faire de l’humour noir léger. Tiens, ça me donne une idée, je vais faire un sketch sur les femmes battues qui restent à gauche dans les escalators.
Ça, c’est fédérateur. »
Y a-t-il des sujets en règle générale à éviter, ou à contourner adroitement ?
« Quand on rend hommage aux chips, on sait qu’il y a des sujets qui fâchent les passionnés, comme les chips ondulées ou les Pringles. Mais j’essaye de ne pas m’autocensurer, c’est important de mettre les gens face à leurs contradictions.
J’ai un sketch sur les chips de betterave qui m’a valu quelques ennuis, mais je ne laisserai personne me bâillonner.»
Rire, en réalité, dépend de quoi ? De notre culture, de la façon dont on a été formaté ?
« Ben ça dépend surtout de si c’est drôle ou pas. Le cancer, c’est pas très rigolo, mais un clown qui a le cancer, là, on rigole.
Évidemment, les gens ne sont pas toujours unanimes, mais pour savoir si les blagues sont marrantes, j’ai une astuce. Je regarde si Michel Boujenah les a dejà faites.
S’il ne les a jamais faites, c’est que c’est rigolo. »
Travaillez-vous en amont dans le sens du spectateur, sachant d’avance là où il y a de fortes chances pour qu’il se bidonne, ou bien ne vous rangez-vous que derrière vos appréciations ?
« Tout est calculé. Pendant les spectacles, une place sur deux est réservée à un complice qui chatouille le vrai spectateur aux moments opportuns.
Ça coûte une fortune en masse salariale, mais le résultat est là.
Les gens rient. »
Le rire devrait-il figurer au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, à tout le moins, serait-il bon qu’il existe des écoles spécifiques, comme celles qui concerne le sport ?
« Oui. En revanche, on devrait supprimer les écoles de sport et tous les gens qui les fréquentent. Je n’ai aucune confiance dans les sportifs.
Je me méfie de tous les gens qui s’imposent une hygiène de vie implacable pour tenter de prolonger une existence médiocre.
Et puis je suis jaloux, parce que j’aimerais bien pouvoir faire tressauter mes pectoraux comme Chuck Norris. C’est pratique pour communiquer discrètement en morse. »
A force d’être toujours dans l’égaiement, la tentation n’est-elle pas grande de vous diriger vers des thématiques graves (la tragédie par exemple) afin de rétablir l’équilibre ?
« J’ai récemment fait une comédie musicale poignante sur la rollerite, une maladie terrible qui sévit principalement dans les pays sous-développés, comme le Soudan, le Bangladesh ou la Corse.
C’est l’histoire d’un enfant qui naît avec des rollers à la place des pieds et qui veut découvrir le monde, mais malheureusement, il ne sait pas faire du roller.
Du coup, il reste toute sa vie bloqué à la maternité.
C’est déchirant. »
L’autodérision est-elle plus facile que la moquerie gratuite ?
« L’autodérision, c’est quand on se moque des voitures ?
Ah ! Ah ! Lol.
Je suis en forme. On va bien rigoler à Chalon. »
Vous pouvez encore acheter votre billet
Il reste des places à 29,00 euros, à acquérir soit en grandes surfaces (Leclerc, Carrefour, Géant, etc.), soit sur Internet : fnacspectacles.com, ou ticketmaster.com
Crédit photo : Eric Canto (pour les deux clichés en noir et blanc), et Eric Kevern pour les autres
Propos recueillis par Michel Poiriault
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