Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Ivre, il avait jeté son vélo sur un policier municipal chalonnais
Publié le 14 Mai 2018 à 21h43

Le malheur ordinaire sait se faire discret, invisible. Il arrive cependant qu’une combinaison de facteurs fasse éclater les choses. C’est violent à vivre, mais c’est parfois une chance, l’histoire de Charlie le raconte. Charlie 25 ans, fut le personnage principal d’un fait divers le 9 avril dernier, et c’est par lui qu’est revenue sur la place de Chalon, la question récurrente du « vagabondage et d’occupation bruyante de la voie publique ». Charlie fut placé sous contrôle judiciaire le lendemain des faits, il est jugé ce lundi 14 mai lors de l’audience de comparution immédiate.
Le 9 avril dernier, raconte la présidente Aussavy, la police municipale est requise par la police nationale pour rejoindre le Carrefour City rue de Belfort, des gens sont devant et perturbent la tranquillité. Un homme saigne de la lèvre, c’est Charlie qui explique qu’il s’est accroché avec son cousin. On lui demande de quitter les lieux. Le jeune homme est en état d’ivresse manifeste. Il saisit son vélo et obtempère mais tient des propos « à la limite du correct », dit le PV. On suppose que les policiers lui en signifient quelque chose, parce que Charlie perd tout contrôle et lance alors des salves non seulement vulgaires mais violentes. Un policier le retient, et l’alcoolisé jette son vélo sur lui. Le policier aura 5 jours d’ITT, le maire de Chalon publiera un communiqué de soutien à son équipe de policiers municipaux. Gilles Platret demande l’application stricte des arrêtés qui interdisent « les faits d’ébriété sur l’espace public et d’encombrement des voies de circulation ». D’ailleurs, dans les jours qui ont suivi, les abords des supérettes de la ville furent surveillés de près, y compris par la police nationale.
« L’alcool a ruiné ma vie. J’ai beau le savoir, je bois chaque jour »
Tout ça à cause de Charlie*. Mais Charlie n’est pas un vagabond, et il n’a pas de chien. Il est domicilié en ville, il est qualifié et il travaille. Et puis il boit. « Vous reconnaissez-vous dans vos propos vulgaires et insultants ? demande la présidente. » Le jeune homme se tient à la barre, les mains jointes dans le dos. C’est un petit gabarit sans couleurs. « Non. C’était inadmissible, et je le regrette. – C’est un peu triste ce que vous dites sur l’alcool. » La présidente le cite : « Je sais tous les dégâts que l’alcool occasionne. Mon père est mort à cause de ça, ma mère en a fait une dépression, puis est devenue alcoolique à son tour. L’alcool a ruiné ma vie. J’ai beau le savoir, je bois chaque jour. » Charlie va travailler, et le soir il boit, pour échapper aux angoisses qui sinon l’envahissent. Le malheur ordinaire sait se faire discret, et parfois il explose, comme un vélo jeté sur un policier et qui le blesse.
« On ne va pas envoyer nos fonctionnaires éponger le mal-être de monsieur »
Maître Leray Saint-Arroman intervient pour Charlie, elle l’a rencontré juste avant l’audience et lui fait préciser ce qui se passe s’il ne boit pas : « J’ai des grosses crises d’angoisse qui peuvent aller jusqu’au vomissement, avec des sueurs, et des pensées négatives. » D’ailleurs ce lundi Charlie n’a pas attendu le soir pour dégueuler : il a fait ça au travail, ce matin, tenaillé par la peur de l’audience. C’est pas le tout de jouer la provoc avec des packs de bière dans le sang, à jeun, c’est une autre affaire. N’empêche que Charlie a deux condamnations à son casier, il fumait du cannabis, il a arrêté, n’empêche, dit la vice-procureur Aline Saenz-Cobo, que « son comportement ne s’amende pas. La confiance et la clémence dont il a bénéficié (une amende et un sursis mis à l’épreuve au cours duquel il s’est sevré du cannabis, mais pas de la source de sa terrifiante angoisse, ndla) n’ont servi à rien. On ne va pas envoyer nos fonctionnaires, de gendarmerie ou de police, éponger le mal-être de monsieur. » Elle requiert 6 mois de prison dont 4 avec sursis et un SME de 2 ans avec exécution provisoire, « la partie ferme est aménageable mais exigera des efforts tangibles de monsieur. »
« Les faits sont en effet inadmissibles mais »
Des efforts, monsieur en fait déjà : il a diminué de moitié sa consommation quotidienne d’alcool. Son avocate y voit l’indice de sa sincérité : « Il ne vient pas vous dire qu’il a arrêté, non. D’ailleurs il ne peut pas, pas comme ça. Lorsqu’il rentre chez lui, il est assailli d’angoisses et de pensées négatives, il s’est effondré en larmes en garde à vue lorsqu’il en a parlé. Les faits sont en effet inadmissibles mais c’est l’histoire de sa famille qui a fabriqué le problème. Il n’a rien contre les policiers. D’ailleurs je n’ai pas compris ce qui motive la prévention de rébellion, et si vous ne comprenez pas non plus, je vous demande la relaxe sur ce point. Il faudrait qu’il ait le désir de s’engager dans une thérapie, vu son histoire c’est un sujet idéal. Il est mort de honte et rongé par les regrets. »
Une chance à saisir : faire parler son malheur et circonscrire l’angoisse
Le tribunal condamne Charlie, 25 ans, à l’existence gangrenée par un malheur transmis, et à l’alcoolisme muet jusqu’à ce soir du 9 avril dernier, à 6 mois de prison dont 4 assortis d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans. Deux mois ferme, donc, vu son casier, et une chance à saisir, de faire parler son malheur et de circonscrire l’angoisse. Le maire de Chalon a écrit au tribunal mais ne se constitue pas partie civile, du moins « son courrier ne le permet pas », observe la présidente.
FSA
*On souligne l’écart entre ce que le fait divers provoque, et ce que l’audience de jugement, qui vient plus tard, et plus apaisée, raconte, mais ces arrêtés de toute façon auraient retrouvé leur raison d’être, comme toujours, en une autre occasion, surtout avec des températures qui finissent par rendre l’espace public comme un espace que certains s’approprient au détriment des autres.



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