Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « Mange tes morts, sale condé ! »

TRIBUNAL DE CHALON - « Mange tes morts, sale condé ! »

« Mange tes morts, sale condé ! » L’insulte est une marque de fabrique, presque une pièce d’identité, mais elle n’impressionne que ceux qui veulent bien la prendre au sérieux, ce n’est certes pas le cas des gendarmes du PSIG de Chalon.

Appelés le 28 juin pour intervenir sur une violation de domicile et agression de particuliers à Sennecey-le-Grand, ils viennent de mettre la main sur l’auteur, un jeune né en 1998, complètement bourré, et qui vient d’ainsi se présenter.

 

À Sennecey-le-Grand se trouve un parc de jeux, le parc des Chérubins. Face à ce parc vivent monsieur X et sa compagne. Il y a 8 jours, monsieur X a une altercation verbale avec J. et ses copains qui faisaient du raffut, mais ça en reste là. Jeudi dernier y avait foot, et « la France a été prise d’une folie » plaidera maître Guignard. Toute la France ? Oui, car à Sennecey, au parc des Chérubins, J. et ses copains arrosent ça au rhum et au whisky. Monsieur X, lui, accueille un copain, pour une soirée foot également, et la soirée est cool, lorsque sa compagne voit subitement quelqu’un dans le jardin (il a cassé une planche pour entrer : violation de domicile). Les jeunes gens reconnaissent ce « quelqu’un », c’est celui qui les avait insultés la semaine dernière.

 

« Moi je fais partie des gens du voyage et j’ai peur de personne. » Il est pieds nus, il sent l’alcool, et baratine comme quoi seule une femme pourrait le raccompagner vers la sortie. La compagne de monsieur X se dévoue, pour avoir la paix, elle y gagne un coup de poing sur sa voiture (dégradation d’un bien), et, ainsi chauffé J. retourne à toute vitesse dans le jardin et colle un coup de poing à l’un des jeunes hommes (violence par une personne en état d’ivresse manifeste) puis à nouveau sur une voiture, celle de l’invité. En tout il cogne deux fois sur les hommes et finit par prendre une mandale, « je suis tombé dans les pommes » dit-il à l’audience. Les gendarmes arrivent, il leur sert une bordée d’insultes (outrage à trois personnes dépositaires de l’autorité publique).

 

Voilà comment, quand on a 19 ans, on se prépare à fêter ses 20 ans en prison. J. passe en comparution immédiate, ce lundi 3 juillet. En avril dernier il fut condamné à 1 an de prison, assorti d’un sursis mis à l’épreuve de 2 ans, alors forcément le juge d’application des peines est favorable à une révocation partielle du sursis. A part ça deux procédures en cours à Bourg pour des vols, et à Chalon un « refus d’obtempérer » à venir, ainsi une convocation mi-juin pour détention de cannabis, il en fume depuis 1 an, et sinon, il est alcoolique. « Vous avez l’alcool mauvais ? lui demande la présidente Aussavy ? – Oui. » J. est sobre dans ses réponses.

 

Condamné à se soigner en avril dernier, le prévenu avait bien engagé la démarche, au service d’addictologie de l’hôpital de Chalon. Mais les délais sont tels qu’il n’a eu qu’un seul rendez-vous en mai, le second était prévu dans trois jours... J. vit chez ses parents côté Bresse, il travaille parfois comme maçon. C’est un beau jeune homme trapu et musclé au langage brut et souvent court. Son avocat plaidera en ce sens : un défaut d’éducation. « On lui demande de s’expliquer, il répond qu’il a fait le con. Il n’a pas le recul, ni l’éducation, ni l’intelligence suffisante, il a besoin d’encadrement. »

 

Maître Guignard plaide pour « une peine modérée » de prison, « connaître Varennes l’été, la chaleur qu’il y fait, le bruit, … : c’est un univers pas éducatif dans le social, je vous demande de ne pas trop l’en imprégner. » Oui, mais il y a des victimes (« ma compagne a eu très peur, on a dû dormir ailleurs qu’à la maison »), il y a eu des coups, et des menaces envers les hommes du PSIG « d’appeler la famille S. » pour... leur faire manger leurs morts sans doute, alors évidemment ça ne va pas le faire, et avant les questions sociaux-éducatives, une sanction va tomber. Le parquet requiert un nouvel SME et 6 mois de prison en tout (2 mois + révocation de 4 mois) et mandat de dépôt.

 

Le tribunal condamne le jeune J. à 8 mois de prison dont 5 assortis d’un SME de 2 ans, avec interdiction de paraître à Sennecey, interdiction du moindre contact avec les victimes, obligation de travailler, de se soigner, d’indemniser. Mandat de dépôt pour les 3 mois ferme. Il révoque le sursis d’avril dernier à hauteur de 6 mois, et ordonne l’incarcération immédiate. 9 mois ferme. J. aura 20 ans en prison.

 

FSA

 J. devra indemniser les deux victimes de 1554 euros en tout, tous préjudices confondus.