Chalon sur Saône

Paradisiaque, la cathédrale Saint-Vincent, avec un Laurent Voulzy aux manettes pour en tirer le meilleur, de manière imminente...

Paradisiaque, la cathédrale Saint-Vincent, avec un Laurent Voulzy aux manettes pour en tirer le meilleur, de manière imminente...

La cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône vivra deux soirées d’exception jeudi 21 (c’est complet), et vendredi 22 novembre (des places restent vacantes) à partir de 20h30. Laurent Voulzy s'est livré au jeu du questions/réponses pour les lecteurs d' info-chalon.com.

Sur un mode poético-romantique ad hoc, Laurent Voulzy redévoilera dans ce contexte singulier pour un artiste de variété de son acabit, une partie de son registre, avec l’aide de deux musiciens, l’un à la harpe, l’autre au clavier. Pour le plus grand bonheur d’auditeurs enveloppés dans une douce félicité. Interview pour info-chalon.com

 

Qu’y chanterez-vous, et que donne l’acoustique dans des endroits pareils ?

«Je vais chanter des chansons qui entrent en harmonie avec le lieu, sinon je ne ferais pas cette tournée. Donc je ne chante que des chansons qui prennent place dans cet endroit, et qui résonnent. Le lieu apporte quelque chose aux chansons, et en même temps mes chansons entrent en résonance avec cet endroit. Je chante Caché derrière, Le rêve du pêcheur, Jésus, Belle-île-en-mer, Scarborough fair, Ma seule amour, Le pouvoir des fleurs, Paradoxal système, Jeanne…L’acoustique est spéciale, c’est celle des églises et des cathédrales. Comme l’on sait, ce sont des endroits qui résonnent, qui ont beaucoup de réverbération. On a deux contraintes : c’est le répertoire pour moi, comme je vous dis il faut qu’il soit en harmonie avec le lieu, et les arrangements, pour la même raison. Comme ce sont des endroits avec des résonances, on ne peut pas faire n’importe quel arrangement, il faut jouer avec l’acoustique du lieu, qui nous impose une certaine rigueur. Ce ne sont pas des salles neutres, donc les églises et les cathédrales sont vraiment des partenaires avec qui il faut jouer. »  

 

On peut supposer que l’artiste se transcende dans un tel cadre ?

« Si j’ai choisi de faire cette tournée que l’on m’a proposée, c’est parce que j’avais déjà fait des expériences identiques au cours d’une tournée précédente dans trois églises assez remarquables : la basilique Saint-Denis à Paris, une église de Westminster à Londres, et puis l’église Saint-Eustache à Paris. Ca m’avait beaucoup marqué, quand on m’a proposé de faire uniquement ça, j’ai dit oui sans hésiter, alors que je n’étais pas du tout parti pour ça. C’était parce que j’avais vécu une expérience forte dans ces endroits. Vous savez, j’ai accepté cette tournée, je l’avais d’ailleurs même suggéré,  parce que j’ai une passion pour l’Histoire, le Moyen Age, les cathédrales, et, on peut le dire, comme beaucoup de gens, une espèce de quête spirituelle. J’adore visiter les cathédrales, les abbayes, etc. donc, être là et faire de la musique dedans, pour moi c’est formidable. Ce n’est pas neutre, ce n’est pas comme dans un Zénith. On peut avoir beaucoup de plaisir dans un Zénith, on a une autre sorte de plaisir, uniquement parce que les gens viennent, et l’on joue en public. Tandis que là il y a ça, plus autre chose, c’est-à-dire que ce sont des endroits chargés qui vous donnent déjà une impression. Quand vous entrez, je suis un peu sensible à ça, quand les gens entrent pour visiter une cathédrale, il n’y a pas forcément un concert. Déjà, ils viennent voir un édifice qui n’est pas neutre, et donc en plus lorsque vous jouez à l’intérieur, il se passe quelque chose. Ca transforme votre écoute, le concert que vous venez voir est un peu transformé par les lieux, et ça agit sur nous sur scène, bien sûr. »

 

Comment se comporte le public dans ce genre de circonstances, et quelles sont vos attentes vis-à-vis de lui ?

«Le public n’a pas la même écoute qu’ailleurs, on le sent, c’est un peu différent. Il y a un côté effectivement, je ne dirais pas au début religieux, mais un peu. C’est-à-dire que le lieu impose, ce sont des lieux imposants. En plus on a de jolies lumières, par moments la cathédrale est redécorée par des éclairages, donc il y a un magnifique jeu de lumière. Il y a quelque chose au début de recueilli, religieux presque, par instants, par moments plus drôle, je parle un peu de certaines choses, les gens ont le sourire. Et puis par moments, un peu avant la fin de la première partie les gens tapent des mains, chantent. Quand on fait My sweet lord de Georges Harrison, toute la salle chante Alléluila, il y a un côté un peu gospel. Et puis, après, hop, on repart parfois dans une période un peu recueillie, c’est par vagues. »

 

Qu’est-ce qui tire le plus les âmes vers le haut : le texte ou la musique ?

« Je crois que la musique est très forte en général, forte pour motiver. Je crois que la musique est un langage universel qui parle au cœur, plus qu’à la raison. Bien sûr que dans les églises souvent on lit des textes, des évangiles, etc. Dans toutes les religions il y a des textes, des paroles, mais je crois que la musique liturgique existe, les moines chantaient un mot étendu avec du chant grégorien, un seul mot qui pouvait durer trente secondes, ou deux minutes. La musique compte, je trouve. En général elle nous porte, nous élève. Dans les chansons il y a vraiment un mélange de paroles et de musique. Après, les paroles peuvent être très belles, bien sûr, de toute façon les chansons c’est un mystère ! La musique apporte aux paroles, et les paroles apportent à la musique. C’est très complémentaire, les paroles parlent au cœur, mais en passant par la raison, la compréhension, parce que la musique ne passe pas par la compréhension, elle va directement en droite ligne dans le corps, le cœur, le ventre. Pas forcément par la raison. »   

 

Le contraste doit être saisissant lorsque vous retrouvez ensuite des grandes salles dépourvues d’atmosphère mystique ?

« Je n’en fais pas en ce moment, donc c’est simple. On est à plus de cent concerts dans les églises et les cathédrales, les abbayes. Non, je crois que je m’adapterais facilement, s’il fallait faire un concert dans un Zénith ou un théâtre, je le ferais. Je suis allé voir Alain Souchon chanter il y a trois jours (l’interview a été réalisée le mardi 19 novembre NDLR), eh bien voilà, j’ai retrouvé une ambiance que je connaissais, là c’était au Dôme à Paris, dans une grande salle. J’étais d’abord très content  de le voir parce que son spectacle était très beau, ses concerts sont très beaux. »

 

Quels sont les mots qui vous viennent en premier à l’idée d’animer un édifice religieux ?

«C’est très difficile à dire, c’est un mélange, c’est un peu exaltant, et en même temps il y a une sérénité. Il y a une part de mystère, c’est peut-être ça la différence avec un concert, à cause du répertoire qu’on fait du lieu dans lequel on est. Il y a une part un peu mystique, en même temps on fait de la musique normale, je chante mes chansons, mais le choix est différent, et les arrangements également. L’endroit colore ce que l’on joue, on ne peut rien y faire, le son, le lieu, ce qu’on voit avec les yeux, etc. Il y a un côté un tout petit peu spirituel, ça colore de façon spirituelle. C’est différent d’aller chanter dans un Zénith ou un théâtre, je le sens, qu’il y a quelque chose de différent que je n’arrive pas trop à analyser. Il n’empêche que oui, les chansons que je chante, déjà, ce sont des quêtes en fait, des questionnements que je me pose en chantant Jeanne, Jésus, Caché derrière, Scarborough fair…Simplement, on dirait qu’elles ont été faites pour être chantées là. Ca donne cette impression-là, ça ne veut pas dire que ça ne serait pas bien dans une grande salle, mais ça donne un côté un peu spirituel. Le sentiment que j’ai, je ne saurais pas dire le premier mot, non, ce n’est pas un premier mot, c’est une impression. Je sais que je ne suis pas dans un endroit où on a l’habitude de faire des concerts, maintenant je commence à être habitué, mais on voit bien, quand on va écouter des chœurs ou des concerts classiques, à l’opéra, dans un théâtre, dès que l’on va dans une cathédrale voir un concert classique, qu'il y a quelque chose de différent. C’est un peu ce que je ressens, ça donne un côté un peu céleste, spirituel, à ce que l’on chante. Vraiment.»

 

Et si d’aucuns vous invitaient à vous produire, toutes considérations religieuses mises à part, dans une mosquée ou une synagogue par exemple ?

« Alors je crois que dans une synagogue on n’a pas le droit, et dans une mosquée non plus. Il me semble que dans une synagogue ou une mosquée ne peuvent se chanter que des chants religieux. Je crois qu’il n’y a que la liturgie qui est acceptée. Alors bon, si c’était autorisé, si on me disait : « Viens chanter là », tu as la bénédiction des ecclésiastiques, des religieux, peut-être que, je ne sais pas, je ne me rends pas compte, je suis sensible aux lieux. Je trouve que les musiques qu’on a choisies vont avec ces lieux. Dans un endroit neutre il n’y a aucun problème, dans un lieu comme une église ou une cathédrale, je trouve que la musique qu’on fait va avec. Quand je chante Ma seule amour, qui est un texte du XVème siècle, écrit par Charles d’Orléans en prison pendant la guerre de Cent Ans, dans une cathédrale il y a un truc, il se passe quelque chose. Les poèmes qu’il écrivait étaient à double sens, mais même au premier sens c’était une chanson d’amour, je trouve que ça va bien dans ces lieux-là. Je suis personnellement sensible à l’architecture et à la musique liturgique chrétiennes. Comme quelqu’un qui aime le rap, etc. Je me suis beaucoup intéressé entre autres au bouddhisme, je suis allé au Liban, au Maroc, j’ai écouté de la musique arabe que je trouve très belle, de la musique indienne…mais ce que je chante est plus près de l’Occident, donc je trouve que ça va avec l’architecture occidentale. J’étais au Liban il y a très longtemps, les premiers jours je n’écoutais que de la musique occidentale, j’ai commencé à écouter de la musique arabe, et en fait à la fin j’étais à l’hôtel, au Liban, à Beyrouth, j’étais dans le bain, j’écoutais de la musique arabe. Je suis assez caméléon. Si je vais à Kingston en Jamaïque je vais écouter du reggae, quand j’étais au Brésil, à Rio, j’adorais écouter de la musique brésilienne  que j’ai toujours aimée. Là, je trouve que les chansons que je fais sont assez adaptées, elles vont bien dans  l’atmosphère de ces édifices dans lesquels on est actuellement. J’ai l’impression que mes chansons résonneraient moins dans une mosquée, d’abord on ne m’autoriserait pas à le faire. Il y a des résonances entre l’architecture, la cuisine, la musique, les vêtements. Quand je vais aux Antilles, je bois plus de punch que quand je suis à Paris. J’aime bien boire un petit punch le soir quand je suis là-bas, alors qu’ici j’en bois un tous les mois. Lorsque je vais en Guadeloupe, mon pays d’origine, je bois plus facilement du punch, je mange créole…Quand je suis au Maroc j’adore écouter des musiciens arabes, je peux très bien en écouter ici. »    

 

Comment pourra-t-on vous suivre ensuite, seul ou avec Alain Souchon ?

«On continue la tournée, notre périple de cathédrales, d’abbayes, de collégiales, d’églises. Et puis, petit à petit, je reprends l’écriture d’une pièce musicale avec Franck Ferrand, Gilbert Sinoué, et pour les chansons avec Pierre-Dominique Burgeaud et avec Alain déjà un peu, autour de Jeanne d’Arc. Avec Alain, il n’y a rien de programmé, vous savez il est en pleine promo de son album qui est sorti il y a environ deux semaines, il vient d’attaquer une tournée, donc son actualité pour l’instant est en plein dans le démarrage. Sauf qu’on sait qu’un jour ou l’autre on va continuer à réécrire des chansons ensemble. Pour ma part je suis extrêmement occupé à la fois par cette tournée et ce projet de Jeanne, avec aussi un label que j’ai créé qui s’appelle Manor, sur lequel une artiste a signé ; elle se nomme Suzane Grimm. On travaille autour de son album, et elle vient de sortir un single. Tout cela est passionnant, j’ai de quoi m’occuper ! Et en plus j’ai commencé un livre sur les cathédrales. »

 

Des places pour ce vendredi 22 novembre

Tarif normal 42,00 euros, tarif réduit 40,00 euros. Renseignements auprès d’A Chalon Spectacles (03.85.46.65.89, spectacles@ achalon.com). Points de location : Office de tourisme et des congrès du Grand Chalon (4, place du port-Villiers,03.85.48.37.97), billetterie internet&grandes surfaces, réseaux France Billet et Ticketnet.

 

Crédit photo : Yann Orhan et Julien Reynaud                          Propos recueillis par Michel Poiriault

                                                                                                         [email protected]