Grand Chalon
Le maire de Marnay, Patrick Théveniaux, défend la ruralité
Publié le 16 Septembre 2020 à 16h33
Marnay est une commune rurale près d’Ouroux-sur-Saône et Varennes-le-Grand. Son maire, Patrick Théveniaux, 51 ans, engagé depuis 20 ans dans la gestion de sa commune, évoque son village et sa ruralité, avec sourire et parler-vrai.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter ?
Je pourrais résumer par ces mots : je connais bien la commune et j’aime mon village, tout simplement. C’est mon 4e mandat d’élu depuis 2001, en tant que conseiller puis 1er adjoint sur 2 mandats. Le dernier a été durement marqué par le décès du maire, Marc Boit, auquel j’ai succédé en 2015.
Je me suis présenté en 2020 à la condition que je puisse m’appuyer sur une équipe motivée, en raison de mon activité professionnelle. Je ne vous cache pas que j’avais espéré que d’autres reprennent le flambeau… Être maire, c’est un engagement qui demande le courage de faire des sacrifices, ne serait-ce qu’au niveau de la vie de famille. Mais c’est passionnant aussi. Et puis, bien sûr, j’avais à cœur de faire aboutir les projets préparés sur le mandat précédent.
Quelle est votre idée sur le rôle de maire ?
Il faut avoir une vision à moyen terme de la commune, c’est-à-dire qu’on doit toujours anticiper, et savoir que les gains des actions entreprises se récoltent souvent sur le mandat suivant. Finalement, il ne faut pas perdre de vue qu’on est de passage.
On doit aussi être garant de l’équilibre budgétaire et savoir gérer l’argent public « comme un bon père de famille », avec clairvoyance et mesure. L’argent public, c’est notre argent à tous, chaque euro dépensé est un euro qui compte. Et la situation budgétaire est devenue difficile depuis que la dotation solidarité communautaire a changé. J’y reviendrai.
Le maire est garant, enfin, des valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité ne sont pas que des mots sur les façades des mairies françaises, ce sont les valeurs de la vie en société.
L’équipe municipale, entièrement renouvelée ?
Oui, ce n’était pas une volonté de ma part, mais chacun a choisi une autre priorité dans sa vie. Vous savez, 6 ans de mandat, c’est long, mais c’est aussi très court quand on s’investit. La commune compte environ 530 habitants, les Marningots. Le conseil municipal se compose, lui, de 15 membres dont 2 adjoints, pour m’épauler, René Quatrain et Michelle Mottet.
Mathieu Rochey, 21 ans, est notre plus jeune conseiller et j’en suis heureux parce que je tenais à ce qu’il y ait des jeunes dans l’équipe. C’est assez rare qu’un jeune s’engage pour son village, il est méritant et très investi. Je tenais également à ce que le métier d’agriculteur soit représenté : on est dans un village rural et c’est un métier de plus en plus difficile, qui se heurte à l’incompréhension d’habitants peu habitués à la ruralité et aux tâches agricoles. Ce n’est pas par plaisir, par exemple, qu’ils passent dans nos rues en tracteur.
Nous avons créé une nouvelle commission chargée de faire le lien entre les associations et la municipalité. Elles auront un interlocuteur identifié pour faciliter le dialogue.
Cette commune rurale, quels sont ses atouts ?
Le cadre de vie, d’abord : nous sommes au bord de deux rivières, la Saône et la Grosne, qui se rejoignent à Marnay. C’est un atout environnemental.
Depuis peu, la Voie Bleue (voie itinéraire à vélo qui relie la frontière du Luxembourg à Lyon) passe à Marnay.
Le parc de la cure (ou parc de l’église) est « le poumon vert » du village : c’est un magnifique parc arboré et paysager dans lequel ont lieu certaines animations.
Marnay compte aussi 11 associations, dont celle de pétanque qui a de bons résultats, un CPI (Centre de Première Intervention) des sapeurs-pompiers et une zone artisanale qui peut recevoir d’autres installations professionnelles.
Quels sont les projets de la nouvelle municipalité ?
La difficulté est de conserver un village rural tout en intégrant de nouveaux habitants qui, s’ils ne sont pas habitués, cherchent toujours plus de services. C’est un équilibre à tenir.
Nous allons créer un Marché des producteurs locaux. L’évolution dans ce domaine est de privilégier les circuits courts : solliciter les producteurs et non plus les revendeurs. Saint-Loup-de-varennes et Varennes-le-Grand l’ont mis en place, nous pourrions le faire dans le cadre d’une entente intercommunale. Les producteurs pourront ainsi fidéliser leurs clients. L’intérêt, pour les habitants, c’est qu’ils puissent aussi passer leurs commandes pour la semaine suivante. Ce marché aura lieu le samedi.
Nous allons également développer la liaison entre la Voie Bleue et les rues du village, en matérialisant et sécurisant l’accès à cet itinéraire cyclable.
La construction d’un Abri Jeunes est prévue. Le manque de lieu de rendez-vous, avec un minimum de confort, avait été évoqué lors du mandat précédent. Il sera construit près de l’ancienne salle des Jeunes, reconvertie en salle de réunion. Ce serait bien qu’ils contribuent à peindre le bâtiment par exemple, pour comprendre que ces efforts leur sont destinés, éviter ainsi les dégradations ultérieures.
Impliquer les jeunes dans la vie de leur commune est un pas nécessaire pour enrayer les incivilités. Je pense que, mieux qu’un Conseil des jeunes, c’est par des actions concrètes pour leur commune, sur le modèle de la Journée citoyenne, qu’ils apprendront à respecter les équipements de leur village.
Qu’attendez-vous de l’intercommunalité et du rôle du Grand Chalon pour votre commune ?
Je fais partie du groupe « Coopération Grand Chalon », né de l’idée de quelques maires, pour mettre en avant la ruralité.
Marnay fait partie depuis 1994 de ce qui s’appelait alors la communauté de communes de Chalon Val de Bourgogne, à l’époque de Dominique Perben.
Soyons lucide : Le « On est tous Grand Chalon » est une formule, pas une réalité. En 2e couronne, on ne demande pas les mêmes services que la 1re couronne, bien sûr que non. On attend de l’écoute et, surtout, une reconnaissance de la ruralité. Et nous n’avons pas le sentiment d’être entendus. Lors d’un conseil communautaire, nous sommes 100 autour de la table, mais on traite beaucoup de sujets qui concernent la ville centre. Si on veut faire adhérer les communes, il faut les intégrer et prendre en compte les spécificités des communes rurales. Cette année, le Grand Chalon a nommé un vice-président à la ruralité. C’est bien, sauf que le choix n’a pas porté sur un élu qui incarne véritablement la ruralité, se bat au quotidien pour elle, et la connaisse de l’intérieur.
J’évoquais la dotation solidarité communautaire. Depuis 2014, elle est partagée en 2 parties dont l’une, le fonds de relance, concerne l’investissement. Il fonctionne en 50-50 %, en laissant la moitié du montant des travaux à la charge de la commune. Il devient donc difficile pour les plus modestes d’y avoir recours selon leurs besoins.
Enfin, le Conseil des maires serait le lieu idéal pour des échanges, en abordant des sujets concrets, communs aux communes de la 2e et 3e couronne. Son fonctionnement actuel ne le permet pas et son intérêt en est amoindri. C’est pourtant à ce niveau-là qu’il faudrait du dialogue.
Question d’actualité : quelques mots sur l’augmentation sensible des agressions des maires en France ?
Les agressions verbales ont sans doute toujours existé, mais si, avant, elles choquaient l’opinion publique, aujourd’hui, on les banalise. C’est un problème de société et la crise Covid-19 a sans doute exacerbé les choses.
Mais au-delà de toutes les causes qu’on peut chercher, il est peu courageux, voire néfaste, de se réfugier dans le déni. Oui, le respect des institutions faiblit, oui, les règles de vie en société sont ignorées, voire bafouées par une minorité. Toujours une infime minorité. On ne doit ni se taire ni accepter. C’est en cela qu’un maire est garant des valeurs de la République.
Je le constate quotidiennement avec les problèmes de voisinage dont on vient me parler : chacun est dans sa bulle individualiste, le respect du voisin, on n’y pense pas.
Mais je suis plutôt positif de nature : il existe des bonnes volontés, faites de loyauté et de respect des autres, c’est sur elles que j’ai envie de miser.
Nathalie Dunand
[email protected]
La Voie Bleue est un itinéraire à vélo qui relie la frontière du Luxembourg à Lyon en suivant la vallée de la Moselle, le canal des Vosges et la vallée de la Saône, sur près de 700 km.
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