Faits divers
TRIBUNAL DE CHALON - Samedi 21, en début d’après-midi, les gendarmes sont appelés à Saint-Pierre de Bresse pour une tentative de meurtre.
Publié le 24 Novembre 2020 à 18h12

« Je prends un médicament pour m’arrêter de penser, parce que mon cerveau tourne tout le temps : ce que je vais devenir, ce que je vais faire… Il m’est arrivé beaucoup de choses dans ma vie, et pas que des choses faciles. J’ai l’impression que quand je veux construire, ça ne marche jamais. J’avance pas. J’ai des crises d’angoisse à cause de ça, je fais de la dépression, et voilà. » Sa voix se cassait un peu, il s’est mis à pleurer.
43 ans, le visage dévasté sous l’effet d’une douleur personnelle importante, et sous l’effet sans doute du tourbillon qui l’a conduit à être interpellé, placé en garde à vue, déféré, placé en détention provisoire puis extrait du centre pénitentiaire pour être jugé selon la procédure de comparution immédiate ce lundi 23 novembre. Le tout en deux jours.
Les gendarmes appelés pour une tentative de meurtre
Samedi 21, en début d’après-midi, les gendarmes sont appelés à Saint-Pierre de Bresse pour une tentative de meurtre. Sur place, ils rencontrent les parents du prévenu et son frère. Les deux frères se sont accrochés, puis disputés, puis le prévenu s’est emporté, a pris un couteau, a tenté de lui en asséner des coups. Le frère se protégeait avec une chaise. Il n’est pas blessé. Le prévenu dévasté reconnaît avoir fait des gestes, mais affirme qu’au grand jamais il n’a voulu blesser, et encore moins tuer, son frangin.
Sur ce visage, de la détresse
Il n’est pas jugé, finalement, car le président Dufour est alerté par le mauvais état de santé de l’homme qui du box lui offre un visage démasqué, ce qu’on a perdu l’habitude de voir et à quoi on mesure l’importance du visage nu et expressif, dans tout échange, toute communication. Sur ce visage, de la détresse : « C’est pour ça que j’ai vu la psychiatre, il y a quelques jours, pour remettre un traitement de fond en place, parce qu’en ce moment ça ne va pas. »
Nécessité d’une expertise psychiatrique
Le président pense qu’il faut ordonner une expertise psychiatrique avant dire droit. Angélique Depetris, substitut du procureur, le rejoint, maître Pamela Lépine également. Il a déjà été interné, dit le président. « J’ai été hospitalisé d’office en 2013, quand j’ai perdu mon deuxième emploi et qu’on m’a mis en invalidité, et que je n’ai pas supporté. » Il était plombier-chauffagiste, mais un jour une cheminée lui tombe dessus. Il est blessé, il a des séquelles, il change de métier. Il devient chauffeur-routier : nouvel accident qui touche son autre épaule. Il est reconnu invalide, il retourne vivre chez ses parents, il remâche ce qu’il vit comme une dégringolade en continu, et rien ne va.
« Que de souffrances, dans ce box »
Ses sanglots émeuvent lorsqu’il remonte le temps à ses 16 ans : il voulait s’engager, servir dans l’armée. Il dit avoir mûri son projet, mais le grand jour s’est achevé à l’hôpital, pour un mois. Il a un chagrin d’enfant, c’est-à-dire aussi puissant que ceux que les enfants peuvent connaître. Un chagrin brut, non taillé, sans compensation possible, qui le saisit tout entier. « Que de souffrances, dans ce box », résume pour tout le monde son avocate.
Tout le monde s’accorde pour que cet homme soit remis en liberté
Non seulement tout le monde s’accorde sur la pertinence d’une expertise psychiatrique, mais tout le monde s’accorde aussi, et c’est un fait remarquable car aussi rare qu’un canard à trois pattes, pour que cet homme soit placé sous contrôle judiciaire. Pourtant il n’a à l’audience aucune option de logement, et personne ne veut qu’il retourne chez ses parents, même si sa mère est d’accord (ce qui relance en lui un sentiment de reconnaissance qui le bouleverse), car c’est là qu’il a joué du couteau. En général, quand les prévenus n’ont nulle part où aller, on les envoie en prison. Pas celui-ci.
« Il est extrêmement fragile »
« Il est extrêmement fragile, ça me paraît compliqué de le maintenir en détention », dit la procureur. « Monsieur ne relève pas du régime carcéral », plaide son avocate qui explique qu’il pourra trouver à se loger car financièrement il a quelques moyens, modestes mais réels. « Je voudrais revenir à ma vie d’avant », dit le prévenu. Il ne parle pas de sa vie d’avant-hier, mais de celle où il avait un axe qui structurait sa vie, du moins on imagine, car on ne sait pas si cette période a réellement existé. Peut-être parle-t-il simplement d’une vie qui n’était alors pas uniquement souffrante.
Le frère qu’il a connu « avant »
L’alcool : « Je sais très bien que quand je bois, je ne suis plus la même personne. » Il veut se faire soigner aussi sur ce point. Son frère, celui qui mettait une chaise entre lui et le couteau, est venu à la barre pour dire : « Si j’ai posé plainte, c’est dans le but qu’il se fasse soigner, et pas pour qu’il soit incarcéré. » Il a un mot sur le frère qu’il a connu « avant », qui rejoint le mot du frère sur sa vie d’avant, mais avant est passé et ne reviendra pas.
Placé sous contrôle judiciaire
Le tribunal ordonne une expertise psychiatrique, renvoie le jugement à février prochain, et d’ici là place le prévenu sous contrôle judiciaire. Obligations de suivre des soins en addictologie et des soins psychologiques ou psychiatriques. Interdiction de contact avec son frère. Interdiction de paraître au domicile de ses parents. Il sera suivi par l’association d’enquête et de médiation (AEM).
On se demande où il dormira ce soir ? Et demain soir ? On se demande comment il va digérer ces 48 heures, et cette audience ? Comment il va revivre son accès meurtrier (dans l’esprit au moins, s’il n’y a pas eu d’intention concrète) ? Comment il va se dépatouiller avec tout ça ? Avec une bière ? « Quand je bois de la bière, ça met mon cerveau sur STOP. »
FSA



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