Chalon sur Saône

La communauté arménienne de Chalon-sur-Saône lance une cagnotte Leetchi à destination des victimes du conflit dans le Haut-Karabagh

La communauté arménienne de Chalon-sur-Saône lance une cagnotte Leetchi à destination des victimes du conflit dans le Haut-Karabagh

Une chaîne de solidarité s'organise dans la communauté arménienne de Chalon-sur-Saône autour d'une cagnotte Leetchi en réponse au conflit meurtrier qui a ensanglanté la région du Haut-Karabagh. Rencontrés dimanche, au lendemain de la Journée nationale de commémoration du génocide arménien, plusieurs membres de la communauté nous ont expliqué le bien-fondé de cette cagnotte. Plus de détails avec Info Chalon.

Forte de plus d'un millier de personnes à Chalon-sur-Saône et ses environs, la communauté arménienne lance une cagnotte Leetchi.


Encore récemment, elle avait déjà lancé un appel aux dons de vêtements, de jouets et de médicaments largement entendu — on parle de 200 à 300 kilos de médicaments ainsi récoltés — mais là il s'agit de frapper encore plus fort.


Un geste de solidarité pour soutenir et venir en aide aux familles arméniennes victimes ou réfugiées de l'Artsakh, petite république autoproclamée du Caucase non reconnue par l'ONU.


Anciennement intégrée à la République socialiste soviétique d'Azerbaïdjan, l'Artsakh ou Haut-Karabagh, majoritairement peuplé d'Arméniens, a déclaré son indépendance le 2 septembre 1991, à l'issue de la dislocation de l'Union soviétique, au grand dam de l'Azerbaïdjan. S'ensuivront de violents affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais et qui feront de nombreuses victimes et massacres de part et d'autre. Les hostilités entre les deux belligérants cesseront après la trêve négociée par la Russie le 12 mai 1994, bien que des combats sporadiques et des escarmouches ont toujours eu lieu jusqu'au dernier conflit ayant eu lieu l'année dernière.


C'est aux victimes de ces derniers tragiques évènements qu'est destinée cette cagnotte, sobrement intitulée «Solidarité pour l'Arménie».


Un conflit meurtrier qui s'est soldé par la victoire de l'Azerbaïdjan «mettant fin à presque trente ans d'humiliation» permet à Bakou de reconquérir plus de 3 000 km2 perdus lors de la guerre de 1988-1994. Ce conflit qui a eu lieu du 27 septembre au 10 novembre 2020, date de l'entrée en vigueur de l'accord de fin des hostilités sous l'égide de Moscou, a fait plus de 3490 morts et au moins 75 000 déplacés côté arménien et 3456 morts dont 541 mercernaires syriens et 407 blessés, côté azéri, selon certaines estimations.


Et c'est aux abords du Monument aux morts de Saint-Jean des Vignes, que quelques membres de la communauté nous ont fait part de cette initiative.


C'est à cet endroit même que la veille de notre rendez-vous, samedi 24 avril, date de la Journée nationale de commémoration du génocide arménien de 1915 que la France a reconnu le 29 janvier 2001, Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, a déposé une gerbe à 11 heures 30, en la mémoire des 1,2 million à 1,5 million Arméniens massacrés, selon les estimations, en Anatolie Orientale, partie intégrante de l'Empire ottoman, allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie pendant la Première Guerre Mondiale.


Notons que la date du 24 avril, la même que celle retenue aussi bien en Arménie que dans de nombreux pays, correspond au jour d'une rafle de 270 intellectuels arméniens assassinés à Istanbul par le pouvoir ottoman.


Le génocide arménien, vigoureusement contesté par la Turquie, est reconnu par une trentaine de pays, les États-Unis sont en passe de le faire, suite aux déclarations du président américain, Joe Biden. Une décision qui va mettre à mal les relations avec Ankara, allié historique de Washington et qui possède la deuxième plus grande armée en effectifs de l'OTAN.


Étaient également présents lors de cette cérémonie, Raphael Gauvain, député de la 5ème circonscription de Saône-et-Loire, Marie Mercier, sénateur de Saône-et-Loire, Nathalie Leblanc, conseillère municipale et régionale, pour ne citer qu'eux.


Parmi les membres de la communauté présents, figurent Levon Hovanisyan et Vardan Hovannisyan — Le Diable se cache dans les détails mais il s'agit de membres de deux familles différents avec un -n- qui fait toute la différence.


Si le premier (ici en photo) est bien connu du milieu Chalonnais de la nuit car gérant de La Suite, le deuxième, un peu plus discret, est pourtant très impliqué dans la vie de la communauté et possède de nombreux contacts avec des membres de la diaspora aussi bien en Espagne ou d'Allemagne, pour ne citer qu'elles.


«Nous remercions la municipalité de Chalon pour toutes les fois où ils nous ont autorisé à nous réunir et toute l'aide qu'elle nous a apporté mais aussi toutes les associations et les personnes qui nous ont apporté leur aide, que ce soit des Arméniens ou d'autres. Je pense notamment à Annick Berthier, Vincent de la Maison de quartier, à l'époque Christophe Sirugue, Gilles Platret, le maire actuel, Francine Chopard, Nathalie Leblanc, enfin toute les personnes que ça soit des élus locaux de droite et de gauche, des gens issus du monde politique ou simples citoyens... Un grand merci à tous!», nous dit Levon.


«Lorsque nous sommes arrivés en France, on a tous eu quelqu'un de la famille ou un proche qui nous a aidé à nous installer. C'est cet élan de solidarité que nous voulons communiquer à toutes ces personnnes qui ont tout perdu dans cette terrible guerre. Je tiens à préciser que lors de notre première collecte, beaucoup de gens nous ont aidé, y compris des gens de la communauté turque. Voilà de quoi briser un cliché sur un prétendu antagonisme entre Turcs et Arméniens! Nous, on ne fait pas de différence entre les victimes azéries ou arméniennes car des deux côtés ce sont des êtres humains qui ont été tués ou blessés. Maintenant, nous, on fait notre part à nous. Ce qu'on peut faire à notre échelle, en commençant par aider les victimes de l'Artsakh et en espérant que d'autres aident aussi les victimes et ceux qui ont tout perdu y compris des membres de leur famille de l'autre côté de la ligne de front», poursuit le jeune homme.


L'objectif est de répartir la somme récoltée au plus grand nombre de familles victimes de ce conflit. Priorités aux handicapés et aux enfants.


Le collectif constitué afin d'aider les victimes compte filmer les distributions pour faire montre d'une totale transparence quant à la gestion des fonds.


Pour l'heure, 445 euros ont été récoltés.

 

 

Karim Bouakline-Venegas Al Gharnati