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Confinement : le monde d’après ? « Je n’y crois pas un instant » selon Sylvia
Publié le 16 Mai 2021 à 13h32
Info-chalon a présenté récemment la boutique « Iki Hana », sorte de jungle urbaine centrée autour du bien-être. Aujourd’hui, sa propriétaire, Sylvia Karanfilovski-Underneh pose un regard sans concessions sur la vie sociale « à la française ». Le franc-parler d’une âme slave.
« Il y aura un avant et un après Covid-19 » scandait-on ici et là, en plein désarroi du premier confinement. Sylvia Karanfilovski-Undernehr, propriétaire de la boutique Iki Hana, rue aux Fèvres, ne croit pas une seconde à ce changement profond qui implique une prise de conscience, une sorte de reprise en mains. Bref, pour elle, il n’y aura pas de « monde d’après-Covid ». En tout cas, pas en ce qui concerne la France. « En France, assène-t-elle, on ne nous donne pas l’occasion de faire des efforts. Pourquoi voulez-vous que les gens changent ? »
Il est utile de connaître quelques éléments de son histoire – familiale et professionnelle – pour comprendre comment s’est forgé son regard.
Les origines : une âme slave
La famille de Sylvia Karanfilovski-Undernehr a des racines tentaculaires. Fille d’une mère croate et d’un père macédonien, Sylvia est née en France. Elle a de la famille aux États-Unis, en Australie, des amis en Thaïlande et au Canada. Elle parle aussi bien le français, le russe, le serbe, le bulgare et, bien sûr, ses deux langues maternelles.
Pourquoi ces précisions ? Parce que le cadre est posé d’une sorte de polyvalence : polyglotte et ayant une connaissance comparée de diverses cultures. D’où un certain recul et des éléments de comparaison pour juger certains aspects de la politique sociale française.
Le témoignage de sa mère, Milka, donne une perspective historique : « Quand nous sommes arrivés en France en 1966, l’État ne donnait aucune aide. Tout le monde travaillait. J’ai été aide-soignante puis j’ai dirigé une maison de retraite. À partir des années 1990, tout a changé : les gens recevaient de l’argent de l’État sans travailler. Moi, je n’avais jamais connu ça dans aucun autre pays. Le résultat, c’est qu’on ne trouvait plus d’aide-soignante, parce qu’on travaille parfois le week-end ou les jours fériés. Aujourd’hui encore, dans ce métier comme dans beaucoup d’autres, on ne trouve plus à embaucher. C’est très choquant. »
Du côté des quartiers sensibles
Sylvia a été consultante pendant 15 ans en gestion du temps, bilan de compétences, communication interculturelle, interreligieuse et intergénérationnelle. Ça se passait en région parisienne, notamment avec des délinquants de Grigny et autres quartiers sensibles. Elle a maintes fois entendu le même refrain : « Pourquoi je travaillerais, Sylvia ? J’ai 500 € d’aide, j’ai la CAF, je fais 2-3 barres de shit ou je fais un peu de black. Au final, je gagne plus que toi. » « Qu’est-ce que je pouvais leur répondre ? C’est la loi de l’offre et de la demande, souligne Sylvia, je ne pouvais pas les contredire, c’est un fait. »
L’ancien métier de Sylvia l’a confrontée à ce qu’elle nomme une évidence : le raisonnement, tout à fait logique de point de vue comptable, est alimenté par le système français.
Et les âmes, ailleurs ?
« Ma meilleure amie est thaïlandaise. Là-bas, l’État ne donne aucune aide, le principe est simple : tu travailles, tu manges ; tu ne travailles pas, tu ne manges pas. Ils sont habitués à se bouger, à s’entraider, c’est vital. Pendant le confinement, les commerces fermés ont dû s’organiser et – chose incroyable pour nous, Français – ils sont op-ti-mistes ! Mon amie me disait qu’en raison du gel des activités, la mer n’avait jamais été aussi propre, donc qu’ils envisageaient de viser le tourisme de luxe. Qu’il fallait rebondir. »
Cet exemple est suivi de bien d’autres, dont ses amis, au Canada, qui mettent 300 € de côté chaque mois en vue d’une possible reprise d’études pour se reconvertir, au cas où l’emploi actuel cesse. « Pourquoi l’État me donnerait quelque chose ? s’exclame cette amie canadienne. C’est moi qui gère ma vie, c’est donc à moi de payer la formation que je choisis ! »
L’âme française ?
Vous avez deviné que la comparaison n’est pas à notre avantage : « En France, on ne nous donne pas l’occasion de faire des efforts, disait Sylvia. On aide beaucoup trop, au point de ne pas inciter les gens à travailler. Je ne connais pas d’autre pays dans le monde où il est possible de vivre sans travailler. On met les gens dans une situation de handicap, dans un état d’irresponsabilité. »
« La conséquence, c’est que le Français se plaint toujours, il se pose en victime. Et il en demande toujours plus, même quand tout va bien. D’ailleurs, il ne dit jamais quand ça va, de peur que les aides s’arrêtent. C’est caractéristique de la France. On l’a aussi constaté pendant le confinement. On demande toujours la charité, comme si c’était un droit. Mais non, ce n’est pas un droit, c’est le fruit du travail et des impôts des gens qui travaillent. Et un jour, la dette sera trop grande. Qui la paiera ? Nos enfants, les enfants de nos enfants ? »
Par Nathalie DUNAND
[email protected]
Article Info-chalon sur le magasin de plantes Iki Hana : ici
Iki Hana
22 et 24, rue aux Fèvres
71100 Chalon-sur-Saône
Ouvert actuellement
Mercredi à samedi : de 10 h à 19 h
Dimanche : de 10 h à 12 h 30
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