Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - Jugé pour évasion, « ça se passe trop mal en prison »

TRIBUNAL DE CHALON  - Jugé pour évasion, « ça se passe trop mal en prison »

Alors qu’il est incarcéré, il a une permission pour aller chercher sa carte d’identité à Dijon, et il n’est pas rentré dans sa cellule. Pourquoi ? « Parce que ça se passe trop mal. J’ai fait des mots depuis plusieurs mois mais personne en tient compte. J’ai parlé au SPIP, au KAIRN, mais rien. C’est des trucs assez graves, quand même. »

26 ans, crâne rasé, tee-shirt et pantalon de survêtement gris. Il se tient debout dans le box des comparutions immédiates ce mardi 25 mai. Son escorte, trois gendarmes, doit faire de même. On a perdu l’habitude de voir les prévenus debout dans le box, les présidents leur demandent de rester assis, parce qu’une barre coupe souvent leur visage et puis ça les met loin du micro. Le président Marchand tient à ce qu’escorte et prévenu restent debout, « juste pour la forme ».

Evasion et vol de voiture ?

Le jeune homme est jugé pour évasion, et aussi pour un vol de voiture qu’il conteste absolument avoir commis et pour lequel on n’a aucune preuve. C’est pour cette raison que la procureur demande d’emblée une requalification, en recel d’un bien provenant d’un vol : il reconnaît avoir conduit ce véhicule sur le camping de Pontailler sur Saône où on l’a arrêté. Le 4x4 Suzuki fut volé le 23 mai à Perrigny sur l’Ognon. Son propriétaire l’avait garée dans sa cour, la laissant ouverte avec la clé posée sur l’accoudoir central.

Un geste de dénégation lui vaut un « Non, vous ne me tenez pas tête, monsieur »

La procureur se réfère au témoignage d’un certain D., copain du prévenu, lequel  se défend  tout au long de l’audience« on était trois, moi j’ai jamais été à Perrigny, ils me mettent tout sur le dos mais j’ai jamais volé cette voiture, et quand L. m’a passé la clé, sur le camping, je ne savais pas qu’elle était volée ». Il conteste, posément mais avec constance. Sur une esquisse de geste de dénégation de sa part, le président le renvoie dans les cordes : « Non, vous ne me tenez pas tête, monsieur. »

Un malheur sourd, épais

Les gens ne respirent jamais le bonheur dans le box mais certains diffusent un malheur plus fort, plus sourd, plus épais. Celui-ci donne l’impression de ce malheur rentré. Il explique à un juge assesseur qui l’interroge sur ce point, qu’il n’a jamais fomenté le projet de s’évader, c’est juste qu’une fois dehors il a senti qu’il ne pouvait pas y retourner. Maître Faure-Revillet, qui intervient pour lui, rappelle aux magistrats qu’il avait de lui-même appelé la brigade de gendarmerie de Sennecey-le-Grand, pour dire où il se trouvait et qu’il allait se rendre.

Fin de son couple = 3 condamnations ensuite, la même année

Il n’en a pas eu le temps. Cette voiture volée dont son copain lui a passé la clé a conduit les gendarmes de Pontailler directement à lui. 6 condamnations, essentiellement pour des délits routiers et des conduites sous l’empire de l’alcool, dont 3 en 2020. Il est en train de purger les deux dernières. Trois la même année ? Sa copine et lui se sont séparés, le séparant de son fils. Il est allé loger chez un ami, « et voilà », alcool et « mauvaises fréquentations ». Le ministère public déclare que « son casier démontre un ancrage dans la délinquance » et requiert 15 mois de prison avec mandat de dépôt.

« Il ne sent plus en sécurité au centre de détention »

« Rien ne prouve que monsieur aurait volé cette voiture. C’est un dossier à charge. Il ne savait pas que la voiture était volée, donc la qualification de recel ne tient pas. Sur l’évasion : il ne sent plus en sécurité au centre de détention. Il voudrait passer en maison d’arrêt, pour être protégé, car il a peur, il se sent en danger », plaide son avocate.

Le tribunal le déclare coupable, requalifie le vol en recel de bien provenant d’un vol, le condamne à 10 mois de prison, décerne mandat de dépôt.

FSA