Société

Cancers de l’enfant : l’art comme thérapie

Cancers de l’enfant : l’art comme thérapie

Dessiner, peindre ou sculpter pour améliorer le quotidien des enfants malades. Pour qu’ils puissent mettre des mots sur leurs maux, aussi. C’est la nouvelle ambition de l’association Le Rêve de Marie Dream, lauréate “coup de cœur” d'un appel à projets lancé par les laboratoires Roche. 

“Ça m’a fait prendre confiance en moi. J’arrive à m’accepter un peu plus”. Camille, 16 ans, a découvert l’art-thérapie l’année dernière, le temps d’une exposition photo organisée par Le Rêve de Marie Dream. Grâce aux coups de pinceaux d’Agadele Body Art, art-thérapeute, l’adolescente en rémission s’est essayée au bodypainting. Un moyen “de prendre conscience du changement de [son] corps” (voir article du 7 septembre 2020), mais aussi de prendre du temps pour soi. Une révélation. Au sortir de l’évènement, la jeune femme se découvre une nouvelle passion. Elle se surprend à se maquiller, se plaît à peindre des paysages ou des étoiles. Surtout, elle se sent libérée de ses angoisses.

 

C’est là toute l’essence du projet. En voyant les retours positifs sur l’expérience éphémère de septembre 2020, Sylvie Garopin, trésorière de l‘association Le Rêve de Marie Dream, décide de concrétiser l’essai. “Le message de l’exposition était de sensibiliser aux cancers pédiatriques. Mais je ne m'attendais pas du tout à de tels bienfaits pour les deux participantes, explique-t-elle. Je me suis dit que si ça leur faisait du bien, pourquoi pas aux autres ?” Avec l’aide de Sabrina Vailleau-Lanni alias Agadele Body Art, elles montent le projet A(rt)dolescents et gagnent le prix coup de cœur d’un appel à projet lancé par les laboratoires Roche. Objectif ? Proposer l’art-thérapie en soin de support à des enfants et adolescents malades, “pour améliorer leur bien-être physique, mental et émotionnel”. Le tout, en dehors des murs de l’hôpital. Et parce que la souffrance ne s’arrête pas au sortir de la maladie, les initiatrices d’A(rt)dolescent ont souhaité que les jeunes adultes en rémission puissent en bénéficier aussi. Un soulagement pour Camille, première bénéficiaire du dispositif : “Quand les médecins nous disent de rentrer à la maison, nous sommes un peu lâchés dans le vide. L’après-maladie est compliqué, on a toujours peur que le cancer revienne. Hormis notre famille, peu de gens comprennent. L’art-thérapie, Sabrina, cela me ramène dans ma bulle. Ça me fait du bien de voir quelqu’un qui comprend ce que j’ai vécu.”

 

 

La nécessité d’un accompagnement pluridisciplinaire 

 

Autoportrait, mandala, peinture, les activités varient. Aucun savoir-faire requis. “Ce qui est attendu n’est pas le résultat mais ce qu’il se passe durant la création, précise Sabrina Vailleau-Lanni. Parfois, quand on ne va pas bien, nous n’avons pas les mots pour le dire. Les outils artistiques permettent d’ouvrir tout ça, d’avancer et de s’exprimer autrement que par la parole.” Mission accomplie. Camille, qui se rendra bientôt à sa troisième séance, a trouvé son exutoire : “Ça me détend, ça me déstresse, ça me fait penser à autre chose”.

 

Dans son rapport, le plan cancer 20014-2019 mentionnait l’importance d’une prise en charge spécifique, pluridisciplinaire, pour les enfants, adolescents et jeunes adultes atteints de cancers. Plus que de simples traitements médicaux, les jeunes ont besoin de construire des liens avec des acteurs extérieurs à l’hôpital. De bénéficier d’un accompagnement social et éducatif. Un constat établi par l’institut national du cancer (INCa) : depuis 2016, un réseau AJA (Adolescents et Jeunes Adultes) s’est tissé en France, dans l’optique de donner une attention particulière à cette population. Récemment, la Bourgogne Franche-Comté, à la traîne par rapport à d’autres régions, s’est intéressée à ce programme en créant un comité de pilotage. Et, au printemps 2021, l’association Le Rêve de Marie Dream a rejoint l’équipe de travail. Une nécessité. “Les enfants et adolescents malades en ont besoin. Je le sais parce que nous l’avons vécu, témoigne Sylvie Garopin, elle qui a vu sa fille se battre contre un cancer lymphoblastique. Marie se réfugiait dans le dessin. C’est un lâcher-prise, ça leur permet de reprendre confiance dans un cercle autre que familial.” 

 

Gratuites, les séances d’art-thérapie sont intégralement prises en charge par Le Rêve de Marie Dream. Les fonds récoltés lors de la 4e édition de la randonnée le 12 septembre , ainsi que les profits du concert organisé le 17 juillet à l’église de Cortiambles à Givry permettront de les financer.
Ne reste plus, pour chaque adolescent ou jeune adulte malade ou en rémission qui le désire, de faire parler son âme d’artiste.

 

Marylou Czaplicki

 

Informations et renseignements : 

Réservation en ligne pour KORAFOLAND du 17 juillet : www.le-reve-de-marie-dream.fr

Renseignement pour une séance d’art-thérapie : [email protected]