Faits divers

TRIBUNAL DE CHALON - « Sa responsabilité de mari, c’est de ne jamais lever la main sur son épouse »

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 13 Juillet 2021 à 21h00 , mise à jour le 13 Juillet 2021 à 21h42

TRIBUNAL DE CHALON - « Sa responsabilité de mari, c’est de ne jamais lever la main sur son épouse »

lls étaient là, à jouer depuis plusieurs mois à « je te tiens, tu me tiens, par la barbichette », tout en faisant des mains courantes contre l’autre. Un soir de février, il a estimé qu’il avait droit à l’exclusivité sur la télécommande de la télé. Elle a joué avec le disjoncteur, on/off/on/off..., pour le pousser à bout. Ça a marché mais comme il pèse 100 kilos, il a eu le dessus. 

A l’audience de ce lundi 12 juillet, un grand balèze de 31 ans se tient à la barre. On lui reproche des violences habituelles sur son épouse d’août 2020 à mai 2021. Maître Bourg va plaider la requalification en violence aggravée (= sur conjoint) suivie d’incapacité inférieure à 8 jours, et l’obtiendra, tant la relation au sein de ce couple est apparue mauvaise à l’audience, mauvaise de part et d’autre.

Une infidélité, le couple bascule

Elle a 29 ans. Ils se sont mariés en 2016, ont eu deux enfants. En 2019, il est infidèle. Le couple souffre, mais ils essaient de surmonter l’entorse au contrat de mariage. Ils n’y parviennent pas. Leur mode de relation se tend et dégénère à l’été 2020. En février dernier, madame est prise en charge par le réseau VIF de Chalon-sur-Saône, dit la présidente Verger. Madame va être logée ailleurs, monsieur n’a pas vu ses enfants depuis mai dernier. « Il faut accepter qu’on ne s’entend pas, dit-il à la barre. On doit se séparer, pour le bien de tous. »

« C’est un couple qui allait mal et qui doit se séparer »

En février dernier la scène fut particulièrement pénible et violente. Il le reconnaît. Maître Bouflija intervient pour madame. « Il n’hésite pas à l’étrangler pour 100 euros. Elle se retrouve en sous-vêtements, déchirés, devant ses enfants. » La vice-procureur prend la suite : « C’est un couple qui allait mal et qui doit se séparer, mais finir dans la violence, ce n’est pas normal. Son discours… il parle de ‘chamailleries’. Ce n’est pas ce qu’on lui reproche, on lui reproche un étranglement ! On peut ne pas s’entendre avec sa femme, ce n’est pas un crime. Mais sa responsabilité de mari c’est de ne jamais lever la main sur son épouse. Et les enfants sont des victimes collatérales. Quel modèle identificatoire est donné à sa fille ? Elle ne doit pas avoir pour modèle que l’homme peut taper. » Le prévenu n’a pas de casier judiciaire, elle requiert une peine de 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans.

« Cela n’exonère en rien monsieur de sa responsabilité, mais il n’y a pas de violences habituelles »

Maître Bourg plaide un dossier exclusivement à charge alors que le couple dysfonctionnait. « Je n’incrimine pas madame, mais ce couple avait basculé. » L’avocate rappelle le jeu avec le disjoncteur… monsieur a fini par reconnaître devant le tribunal que le rapport de force n’était pas égal, « sa réponse était disproportionnée », dit l’avocate qui précise qu’il n’a jamais posé son genou sur le cou de madame, comme il a été dit par elle, mais sa main. « Cela n’exonère en rien monsieur de sa responsabilité, mais il n’y a pas de violences habituelles. Dans ses dernières déclarations, madame exagère. »

2 ans de sursis probatoire

Le tribunal déclare monsieur coupable, le condamne à une peine de 6 mois de prison entièrement assortis d’un sursis probatoire de 2 ans. Obligation de suivre un stage de sensibilisation aux violences intra-familiales, interdiction de paraître au domicile de madame. Ordonne la dispense d’inscription de la peine au B2 du casier, pour ne pas le pénaliser dans son travail de nuit

 

FSA