Givry

A Givry, harcèlement de son ex : mandat de dépôt à la barre et bracelet anti-rapprochement

Par Florence SAINT-ARROMAN

Publié le 30 Juillet 2021 à 18h14

A Givry, harcèlement de son ex : mandat de dépôt à la barre et bracelet anti-rapprochement

Il est presque 21 heures, ce jeudi 29 juillet, quand un policier passe les menottes au prévenu. Il était arrivé libre à son jugement, il vient d’être condamné à être incarcéré immédiatement pour 12 mois, puis il sera en sursis probatoire (6 mois de prison à la clé ), et il portera un bracelet anti-rapprochement, le fameux BAR. 

Cette décision fera date, car il n’y a aucun fait de violence physique dans ce dossier, mais, comme l’a dit madame Saenz-Cobo, vice-procureur : « On voit bien que le but était de lui pourrir la vie, de la maintenir sous pression, par une violence morale et psychique, tout aussi grave que les violences physiques. » Reprenons rapidement l’histoire. 

Où qu’elle aille, elle le croise ou tombe sur lui

Le prévenu est un homme âgé de 41 ans. De 2011 à 2016 il a une relation avec madame X. Puis ils se voient de temps en temps, tout en ayant d’autres relations chacun de son côté, mais fin 2020 madame quitte monsieur pour de bon, et les problèmes commencent. Il la suit. Où qu’elle aille, elle le croise ou tombe sur lui. Il écrit à son entourage, entre en contact avec son employeur, la salit ou du moins essaie, auprès de sa fille à elle, etc. Elle vit à Givry. Il est promoteur immobilier. Il achète en mai dernier un bâtiment à Givry. Il veut en mettre une partie en location, et se réserve un grand appartement. Devant cette promesse de vivre l’enfer pour l’éternité, elle a mis sa maison en vente, elle ira vivre ailleurs.

C’est une audience à grand déballage

Le 25 juillet dernier, elle se trouve rue des Jacobins, il l’aborde. Un passant, intrigué par le comportement du prévenu qui s’était d’abord caché derrière une voiture, s’arrête à leur hauteur. Elle est apeurée, dit qu’elle a besoin d’aide. Elle peut monter dans la voiture de ce monsieur, il l’emmène au commissariat, où le prévenu les rejoindra. 

C’est une audience à grand déballage, le prévenu parle beaucoup mais surtout pour pinailler ou balancer que madame ne se comporte pas mieux que lui. Les magistrats, siège et parquet confondus, le recadrent plusieurs fois. 

L'enquête permet d'attester pas mal de choses 

La victime avait déjà déposé plainte et fait plusieurs mains courantes. Elle tenait un carnet qui a permis aux enquêteurs de vérifier ses dires, en exploitant le téléphone du prévenu. Ils ont établi 41 occurrences sur quelques mois où les dires de madame et le bornage du téléphone de monsieur coïncidaient. Il plaide et fait plaider par maître Sarikan, le hasard, mais le hasard a bon dos. Pendant l’instruction, il prend des notes, pendant les réquisitions, il en prendra aussi. Il prend la tête, également.

"On va arrêter ce petit jeu"

Un assesseur sature et le lui dit : « Vous êtes effrayant, je vous le dis, en toute objectivité, parce que vous avez reconnu avoir suivi madame plusieurs fois, vous êtes allé voir des gens de son entourage, vous avez envoyé des photos relevant de sa vie intime, vous avez communiqué des éléments sur sa vie privée, on a 41 déplacements qui coïncident, et des certificats médicaux. Je vous le dis, tous les éléments sont là, donc on va arrêter ce petit jeu. » La victime a 5 jours d’ITT qui marquent son anxiété, son hyper vigilance, ses difficultés à dormir et une perte de poids involontaire. 

Comment fait-il pour avoir autant de renseignements sur elle ?


Elle reste avec une question sans réponse : comment fait-il pour avoir autant de renseignements sur elle ? La police a examiné son véhicule : pas de trackeur. Alors ? Le prévenu a été placé sous contrôle judiciaire il y a deux jours. A son casier, 9 condamnations, pour des outrages, des menaces de mort, des violences sur conjoint , des violences avec menace d’une arme, travail dissimulé. La dernière peine date de 2014. Ses deux enfants furent placés pendant qu’il était incarcéré il y a une dizaine d’années, puis il en a obtenu la garde exclusive parce que leur maman est sous tutelle. Son activité professionnelle lui procure un bon revenu mensuel.

Le harcèlement est caractérisé 

Plus d’une heure et demie de débats et la procureur a la parole pour ses réquisitions. « Le harcèlement est caractérisé et il y a eu une dégradation des conditions de vie de madame. » D’ailleurs, sur conseil du parquet, madame est assistée d’une avocate et elle en mesure l’intérêt car assister à l’audience est éprouvant, émotionnellement difficile, elle est soulagée que maître Mortier-Krasnicki prenne la parole pour elle : Madame veut la paix et être rassurée. » Les réquisitions vont en ce sens, protéger la victime et rappeler la loi à monsieur. La procureur requiert une peine de 15 mois de prison dont 8 mois seraient assortis d’un sursis probatoire pendant 3 ans, avec l’obligation, entre autres, de porter un bracelet anti-rapprochement. « J’estime que ce dossier est grave, que monsieur est dangereux. » Elle demande un mandat de dépôt.

Incarcération à la barre

C’est ainsi qu’arrive un équipage de la police nationale pendant le délibéré. Le tribunal déclare le prévenu coupable, le condamne à une peine de 18 mois de prison dont 6 mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant 2 ans, avec obligation d’indemniser la victime (préjudice moral), interdiction de tout contact avec elle, ainsi que de paraître à son domicile et sur son lieu de travail, interdiction de porter une arme et porter un BAR. 

Un des policiers s’avance, pose des menottes à monsieur. Il va pouvoir dire au-revoir à ses enfants qui sont arrivés, puis il sera incarcéré au centre pénitentiaire de Varennes-le-Grand. 

 


Florence Saint-Arroman