TRIBUNAL DE CHALON - Sept hommes de nationalité roumaine sont jugés pour de multiples vols et pour recel.

TRIBUNAL DE CHALON - Sept hommes de nationalité roumaine sont jugés pour de multiples vols et pour recel.

Un procès sur deux jours s’est ouvert ce matin au TJ de Chalon-sur-Saône. Ils revendaient une partie de leurs butins sur des marchés en banlieue lyonnaise mais l’enquête parle également d’une filière internationale de revente.

Tout a commencé lorsque des gendarmes ont fait des rapprochements entre des vols commis une nuit à Bosjean, en novembre 2019, puis la nuit suivante à Savigny-en-Revermont. Le mode opératoire, les objets dérobés (de l’outillage), et la proximité géographique, tout indiquait que les auteurs des vols avaient entrepris d’écumer les garages alentours. Très vite, des lignes des téléphones qui avaient bornés dans cette zone, les nuits des cambriolages, les enquêteurs sortent trois numéros qui reviennent, ensemble ou séparément sur une foultitude de cambriolages. C’est ainsi que démarre une enquête qui passera ensuite à l’instruction au tribunal judiciaire de Chalon-sur-Saône, enquête qui sera nourrie de dizaines de vols (plus d’une centaine en tout) commis dans des zones rurales et sur six départements : l’Isère, la Loire, le Puy de Dôme, le Rhône, l’Ain, et, bien sûr, la Saône-et-Loire.

Un squat à Villeurbanne

La géolocalisation conduit les enquêteurs à Lyon et à Villeurbanne, dans un squat. Sept hommes de nationalité roumaine comparaissent ce jeudi 23, et demain vendredi 24 septembre, pour répondre tantôt de vol aggravé, tantôt de recel. Ils sont tous en détention depuis leurs interpellations, en janvier 2020 pour une part, en octobre de la même année pour les autres. Ils ont de 26 à 58 ans, sont assistés d’avocats et d’interprètes. Dehors, une poignée de leurs proches, venue de Lyon, fait le pied de grue : elle ne peut pas assister au jugement, car le public n’est toujours pas autorisé à entrer en raison de la situation de lutte contre le Covid. Seules trois personnes sont dans la salle, pour le reste occupée par des membres de l’ARPEJ (autorité de régulation et de programmation des extractions judiciaires) qui veillent à l’ordre.

« Ce n’est pas un défilé, là ! » lance avec une pointe d’agacement le président Madignier, interrompu une fois de plus dans sa lecture. Pour une fois, ce n’est pas parce que deux prévenus bavardent, ou que l’un d’entre eux commente la lecture, non, cette fois-ci, c’est parce que Mircea X, 58 ans, veut aller aux toilettes et, debout, fait sa demande à voix basse à l’escorte. Il est installé sur une chaise, face au box, avec ses deux fils, surnommés « Picky » et « Vichy » qui participaient aux affaires de leur père, un receleur au carnet de contacts très fourni. Il se fait appeler « Smantana », et « acheminait une grande partie du matériel volé, en Roumanie » lisait le président qui s’agace, mais bon, comment dire non si aucune pause n’est prévue dans la demi-heure ? On menotte le prévenu, on l’accompagne aux toilettes. On apprend que les enquêteurs ont trouvé 9000 euros en liquide dans le logement du dit « Picky », lors de la perquisition.

Tronçonneuses, débrousailleuses, disqueuses, meuleuses, etc.

Dans le box et sur des chaises posées devant les avocats, les 4 autres prévenus. Celui qui fut désigné comme étant leur chef est âgé de 49 ans. Il s’appelle Iuliu X. Son frère Iosif, 46 ans, est poursuivi pour 52 vols. Essentiellement des tronçonneuses, débrousailleuses, disqueuses, meuleuses, scies électriques, et parfois, quelques bijoux, une tablette numérique, une télévision, bref. Lors de leurs gardes à vue, puis devant la juge d’instruction, leurs déclarations ont varié, ils ont tous reconnu quelques délits, puis un peu moins, puis presque rien. Ils sont renvoyés devant un tribunal pour tous les faits dont les charges sont suffisantes pour les déclarer coupables. Leurs avocats se chargeront de pointer les défaillances s’il y en a. Quant aux périodes de détention provisoire, imposée en raison de la volatilité des mis en cause, elles sont déjà longues. 1 an et 9 mois pour la première vague interpellée.

Trente victimes sont portées au rôle mais il y en a des dizaines d’autres qui ont soit jeté l’éponge, soit ont été dédommagées par leurs assurances. Un bout de réseau est donc jugé cette semaine. Le dit Smantana récuse évidemment l’existence d’une filière internationale de recel.

FSA