Deux Johnny pour le prix d'un, avec Monsieur Eddy en prime !

Deux Johnny pour le prix d'un, avec Monsieur Eddy en prime !

On avait laissé il y a peu Didier Donin de Rosière sur info-chalon.com à ses lamas et ses alpagas, lequel s’est autoproclamé Johnny pour des raisons de praticité vis-à-vis de la raison sociale de son autoentreprise et d’inconditionnalité au regard du mémorable chanteur. Maintenant, c’est son penchant pour le Taulier et « Schmoll » (Eddy Mitchell) qui remonte à la surface.

L’Aindinois reste droit dans ses bottes : admirateur de Johnny et d’Eddy il a été, il l’est et le sera jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Sa fidélité à ses convictions ne se pervertira point par l’usure, au point par le savant jeu du mimétisme d’adopter les divers codes de l’idole des jeunes. Histoire d’entrer dans la peau du personnage et de vivre par procuration quand l’occasion se présente. Attention, un Johnny peut en cacher un autre !  

Que signifie Johnny pour vous, et qu’est-ce qui vous séduit le plus en lui ?

« C’était la liberté, un renouvellement de la chanson française, car après les années 50, dans les années 60, c’était encore Tino Rossi, Charles Trenet, Becaud…Il n’y a pas eu de jeunes qui ont révolutionné la chanson. Johnny est arrivé, en même temps qu’Eddy (Mitchell N.D.L.R.). Ils ont commencé au tout début des années 60 ; Johnny était seul, Eddy, lui, était avec le groupe « Les Chaussettes Noires ». Ce que représente Johnny pour moi c’est la nouveauté, le côté rebelle. Au début ça n’accrochait pas vraiment. Dans les années 60 j’étais jeune, je suis né en 1961, je l’ai découvert en 1968, j’avais 7 ans. Mes parents avaient acheté un 45 Tours dans lequel il y avait notamment la chanson  « Que je t’aime », que j’ai écoutée plusieurs fois, mais ça n’accrochait pas spécialement. Après, au fil des années ça a commencé à prendre. Eddy, je l’ai découvert en 1974, auparavant il ne m’intéressait pas du tout, parce que de 1963-1964, où il a commencé à chanter jeune, jusqu’en 1974, ce qu’il faisait ne me plaisait pas vraiment. Il se cherchait, n’avait pas trouvé son style, et en 1974 il a eu l’idée d’aller enregistrer un album qui s’appelle « Rocking in Nashville ». Il s’est entouré des meilleurs musiciens, une partie des musiciens d’Elvis Presley avec notamment Charlie McCoy qui était son harmoniciste. Il a participé au dernier album country blues d’Eddy. Les deux ont eu un harmoniciste diabolique, Johnny c’était Greg Zlap, un harmoniciste génial qui l’a accompagné dans ses derniers concerts. Les dix dernières années, il avait cet harmoniciste. Je les ai découverts un peu sur le tard, Johnny ça a accroché à partir du début des années 80, où j’étais majeur, je m’identifiais à lui, je commençais à mettre des bottes américaines, à me coiffer comme lui. Je n’avais pas encore de tatouages à l’époque. Eddy je l’ai suivi à partir de 1974 et après ça n’a pas changé, tous les ans j’achetais son nouvel album sachant qu’à eux deux ils ont fait près d’une quarantaine d’albums studio. Je crois qu’Eddy en a fait trente-sept, au total il a dû faire cinquante-et-un ou cinquante-deux albums avec ceux qui ont été enregistrés lors des concerts. Johnny ça doit être à peu près pareil, il a quand même dû en faire plus. Quand j’ai pu aller les voir, bien sûr je me suis régalé, c’était vraiment la fête au village ! »

Johnny est-il resté le n°1 tout au long de votre existence ?

« Au niveau de la chanson, oui, je dirais qu’à partir des années 80, il a bien su s’entourer de bons compositeurs, il a su se renouveler. Il a eu très peu de passages à vide, comme Eddy d’ailleurs. Johnny n’était pas auteur, je crois que la seule chanson qu’il ait composée c’était « Toute la musique que j’aime », sinon toutes les autres viennent d’autres paroliers. Eddy a repris aussi beaucoup de standards américains, tous les deux les ont adaptés. En revanche Eddy a écrit ses propres chansons à partir de 1980, il avait comme parolier Pierre Papadiamandis, qu’il a toujours d’ailleurs et ça fait un duo magnifique. Je ne les ai jamais lâchés, dans le sens où je n’ai jamais accroché avec les nouveaux chanteurs. Le rock a disparu, il n’y a plus de rock. Pour moi les dernières années du rock c’était Bowie, Elvis bien sûr. D’ailleurs Elvis a été quelqu’un qui a énormément influencé Johnny et Eddy. Ils singeaient Elvis, que ce soit dans la gestuelle ou la manière de chanter, les fins de phrase en gueulant, en faisant un  vibrato, ça c’était typiquement du Elvis. Ils l’ont arrangé à leur sauce ; Ils ne m’ont jamais quitté, malgré les frasques de Johnny. Ca ne m’a jamais gêné particulièrement ce que fait quelqu’un dans la vie privée, ça m’est un peu égal, du moment qu’il continue à faire la musique que j’aime, c’est le principal. Ces deux chanteurs ont su écrire des chansons auxquelles on peut s’identifier facilement. Je m’identifie à beaucoup de chansons d’Eddy et de Johnny, dans ma vie j’ai eu un parcours où des fois je m’identifiais dans les paroles de certaines chansons. »

Quels sont vos chansons et (ou) albums préférés ?

« Alors là, c’est vraiment difficile de faire un choix ! Johnny, je dirais, il y en a tellement, tellement…Je les aime tous. Il y en a un que j’aime bien, c’est quand Johnny a fait son concert à Las Vegas, en 1996. Il ne reprend que des standards américains, il avait fait venir une partie de ses fans en avion. Malheureusement je n’ai pas pu y aller, c’est un magnifique album. Il y a aussi « Mon pays c’est l’amour », peut-être l’un de ses meilleurs, il a dû sortir peu de temps avant sa mort, vers 2014-2015, car Il est mort en 2017. J’aime beaucoup d’Eddy « Rocking in Nasville » (1974), où il y a des grands tubes comme « C’est un rocker », « A crédit et en stéréo »…il y a aussi l’album « La dernière séance » avec «Et la voix d’Elvis », « La dernière séance », « Le chanteur de dancing »… »

 

Les avez-vous vus sur scène ?

« J’ai vu les deux chanteurs pratiquement le même nombre de fois, c’est-à-dire une dizaine de fois. Je ne suis pas fan non plus à chaque fois qu’ils faisaient un concert, ou lors d’une tournée, d’aller les voir dans toutes les villes où ils se produisaient. Je faisais en sorte de n’y aller qu’une fois, et encore, c’étaient les derniers concerts. J’ai commencé à les voir tous les deux dans les années 90, 2000. Johnny, c’était du grandiose, alors forcément c’étaient des grandes salles : le Zénith, qu’il a fait souvent, le Stade de France, j’y étais. Je les ai vus dans la région lyonnaise. Une fois je suis allé voir Eddy qui se produisait au Théâtre antique de Vienne, le temps était pourri, il pleuvait, on a quand même pu s’installer dans les gradins, et c’est au tout dernier moment qu’on nous a annoncé le report du concert. Ca a été une grosse déception, mais il faut aussi se mettre à la place des musiciens, il y avait quand même un risque d’électrocution. Les conditions n’étaient pas réunies pour faire un spectacle, mais ça n’a été que partie remise, ça a été reprogrammé la semaine suivante. J’ai vu Johnny lors de sa dernière tournée. Pas « Les vieilles canailles», je n’ai pas voulu les voir, Johnny était trop diminué, et je voulais garder une image de lui, quand même pas trop abîmée. Sa dernière tournée c’était « Rester vivant », je l’avais vu au « Printemps de Pérouges », là il avait du mal le pauvre, il souffrait beaucoup, il avait déjà ses séances de chimio, il a eu un courage magnifique. Mais c’était dur à voir certaines fois…Je préfère encore garder de lui son image des années 90-début 2000, où il était en pleine possession de ses moyens. Maintenant, il y a les vidéos, heureusement, avec YouTube on peut continuer à l’apprécier. On découvre des reportages que l’on ne voyait pas à l’époque, on découvre encore des choses sur Johnny. Sur Eddy, pas trop. Eddy a toujours été très discret sur sa vie privée, alors que Johnny, non. Ca faisait partie de sa vie d’être entouré de journalistes, Johnny.»

Partagez vous cet attachement, ou l’assumez-vous seul ?

«Seul, seul, seul, je ne me vois pas faire des réunions, d’ailleurs je n’aurais pas le temps d’y participer, de me déplacer, vous savez, avec mes lamas ça me prend pas mal de temps. C’est une passion que j’entretiens un peu en m’habillant toujours rock avec ce petit côté rebelle. Je porte des bagues comme Johnny, et ça ça restera. Au départ j’étais énormément critiqué, on m’a reproché de n’aimer que des cow-boys attardés qui ne savent pas chanter, on m’a dit que je n’avais pas de goût. Le temps a joué en ma faveur, dans le sens où  eux sont restés ! D’ailleurs Eddy avait chanté une chanson dans les années 70 : «S’il n’en reste qu’un », et en fait c’est lui le dernier rockeur français, enfin plutôt bluesman. Il a chanté des titres de rock, mais c’était plus un crooneur, alors que Johnny c’était le rock le plus dur. Des variétés aussi. Tous les deux en ont fait beaucoup. Ils passaient dans les émissions de Gilbert et Maritie Carpentier. Parfois ils chantaient des trucs qui n’avaient pas tellement à voir avec la Rock’n’Roll Attitude, mais bon, ça plaisait, et c’est devenu collector. »

Etes-vous familiarisé avec la guitare ?

«J’ai essayé, mais non, je n’y arrive pas. Je me suis mis à la batterie, et j’ai joué pendant quelques années, bien sûr sur des morceaux bien rythmés d’Eddy, de Johnny, ainsi que de Status Quo, etc. J’ai dû arrêter suite à un problème de santé, une tumeur au cerveau, je ne peux plus me permettre d’évoluer dans un bruit assourdissant, ça me poserait des problèmes. Ca faisait partie de la panoplie : jouer de la batterie, avoir le Perfecto, faire de la moto, je n’ai pas eu une Harley, mais une petite copie, ça me suffit. »

Qui se rapproche au plan français le plus de son style et de ses capacités vocales ?

« Actuellement il y a son sosie vocal Jean-Baptiste Guégan, lui c’est bluffant, quoiqu’il faut pouvoir monter dans les aigus. Johnny avait une voix de ténor, il ne faut pas l’oublier, il montait très haut. Je l’aime bien, Jean-Baptisqte Guégan, il commence à faire ses propres chansons, son répertoire ce n’est pas que du Johnny. Il a même eu Michel Mallory, qui était un des compositeurs de Johnny ; Michel Mallory l’a accepté, au début il doutait un peu, et maintenant ils travaillent ensemble. Je ne vois pas de relève, que ce soit chez les Anglo-Saxons ou les Français. Il n’y a rien qui m’intéresse maintenant. Et il faut dire que je suis passéiste. Je dirais que c’était mieux avant, quitte à passer pour un vieux con. Il ne faut pas oublier aussi qu’Eddy était un bon acteur, il a fait des beaux films, entre autres « Coup de torchon », de Bertrand Tavernier, avec Philippe Noiret, Guy Marchand, etc. Eddy jouait le rôle d’un jeune adulte un peu simplet, et il avait un rôle magnifique. Johnny, il a fait deux-trois beaux films, notamment « Salaud, on t’aime », de Lelouch, avec entre autres Eddy. C’était un très bon film, un bon Lelouch, un bon cru. »

Avez-vous déjà chanté du Johnny en public, et accepteriez-vous des invitations ?

« J’ai chanté en public quand j’ai quitté ma société. J’ai fait un mini-concert, et il y avait bien facilement cinquante personnes. Sinon, j’en ai chanté en fin de repas, quand c’est bien arrosé, qu’il y a une bonne ambiance, je peux chanter du Johnny facilement. Je vais peut-être le faire, car on doit tourner un film prochainement sur moi, sur mon activité avec les lamas, et peut-être que pour sonoriser une partie du film je chanterai une chanson, mais ce sera une bande-son. Ce ne sera pas moi filmé en train de chanter, je ne m’imagine pas ça. De plus, depuis que je suis à la retraite j’ai énormément grossi. Je peux toujours entrer dans mes bottes américaines, mais dans mes Levi’s… moins ! Si l’on m’invitait je dirais non, car je n’ai quand même pas le niveau des sosies officiels de Johnny. J’aurais peur du ridicule ! Je suis quand même d’un caractère timide, ou alors il faudrait me faire un pont d’or (rires) !

 

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Crédit photo : DR                                                                      Propos recueillis par Michel Poiriault

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