portrait

Lisa Bicheray, de l’école d’ingénieur à la danse…

Lisa Bicheray, de l’école d’ingénieur à la danse…

Née dans le sud, à Avignon exactement, Lisa Bicheray grandit en banlieue lyonnaise. Avec un cursus scientifique jusqu’en classe prépa, la danse qu’elle soit jazz, classique ou contemporaine, ne la quitte pas et la rattrape même car elle s’y consacrera pleinement après un changement de cap professionnel. 

C’est ainsi qu’en 2011, elle intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon. Avec la Cie Autre MiNa, elle sillonne les routes de France mais part également en tournée à l’étranger notamment en Corée du Sud, en Russie puis  elle travaillera avec d’autres compagnies (Cie Wejna, Sarah Fdili Alaoui, Tamara Erde.) Durant 3 ans, elle est co-directrice artistique du Collectif AUM.

Lisa Bicheray devient professeure de danse contemporaine au Conservatoire du Grand Chalon en 2018 et prend la coordination du département danse en 2021. Elle intervient également en tant que formatrice au Centre de Formation Danse Désoblique à Lyon. 

3 questions à Lisa Bicheray : 

Que pensez-vous de cette Journée Internationale des Droits des Femmes ?

Je suis assez partagée sur le sujet. Avoir une journée dédiée, c’est l’occasion de mettre en lumière les questions des Droits des Femmes, ce qui est tout à fait nécessaire. Mais ces questions sont tellement multiples, et fondamentales, qu’il ne faudrait pas que cette journée n’ait plus que pour vocation de prouver que l’on fait quelque chose. Je crois que les dernières années ont relancé la lutte, et peut-être cet événement du 8 mars peut-il trouver un écho plus juste qu’il y a quelques temps ? Mais je garde le souvenir de mes débuts en prépa scientifique : « mesdemoiselles, en sortant de cette école d’ingénieur vous serez payées 25% de moins que votre voisin ». C’était annoncé comme un fait, presque posé comme une réalité inaltérable. Cette journée du 8 mars résonnait alors pour moi comme le rappel que l’égalité n’existe pas. Aujourd’hui il nous reste une montagne à gravir, mais j’ai la sensation que la parole de la femme trouve un peu plus sa place sur les violences, sur les inégalités salariales, sur la charge du foyer. Mais il y a tant de sujets, tant d’inégalités, tant de schémas éducatifs et sociaux à transformer en profondeur pour que les Droits des femmes soient ceux des hommes, qu’une journée me semble un bien maigre éclairage.

Quel impact a eu la crise sanitaire de la Covid 19 professionnellement et personnellement ?

Je suis une éternelle optimiste. Alors je continue de penser, de croire, ou peut-être de m’accrocher désespérément à l’idée que nous serons capable de sortir du positif de cette crise sanitaire. Mais j’ai, dès le début, été choquée de la violence et de l’ignorance dont la société peut faire preuve. Non pas qu’elle n’ait pas prouvé cette part sombre dans le passé. Mais c’est autre chose d’avoir à y faire face. Lorsqu’un étudiant vous dit, sur un ton des plus factuels « il a fallu qu’on commence à se suicider pour être entendus », je ne peux pas m’empêcher de penser que nous avons largement failli à notre devoir de protection des générations futures. Je suis une pédagogue, et une danseuse. La relation est le cœur de mon métier. Je suis une jeune maman. La construction d’un avenir est le cœur de mes priorités. Je crois que cette crise nous a focalisés sur la mort bien plus que sur la vie, et c’est un climat très anxiogène. Il pousse les individus dans leurs retranchements, à la fois dans les sphères privées et dans les sphères publiques et professionnelles. Les liens me semblent de plus en plus difficiles à établir, la solitude et l’isolement ont gagné du terrain. Mais paradoxalement, les « habitudes » mises en place en confinement, en se faisant une place plus durable dans le quotidien, permettent de renforcer certaines relations. La distance entre beaucoup moins en compte dans les liens sociaux, le développement du télétravail peut contribuer à faire revivre les communes rurales… Je crois que nous avons encore du travail sur le sujet, mais qu’en trouvant un équilibre entre le retour à une sociabilité de présence et le développement des solutions palliatives à l’éloignement mises en place ces deux dernières années, nous pouvons extraire beaucoup de positif relationnel de cette crise.

Quelle est votre actualité ou quels sont vos objectifs à venir ?

Les objectifs sont assez simples : finir ce que j’ai commencé. Je suis en formation continue pour le Certificat d’Aptitude de Professeur de danse contemporaine, en plus d’être professeur et coordonnatrice au Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Chalon. J’ai deux enfants en bas âge à accompagner dans la vie. Alors l’objectif, c’est de mener à bien tout ce que j’ai entrepris ! 

Propos recueillis par SBR - Photo transmise par Lisa Bicheray pour publication - Crédit photo : Ksenia Vysotskaya