Agglomération chalonnaise
Le massacre des renards, une loi qui repose sur… du vide !
Par Nathalie DUNAND
Publié le 11 Mars 2022 à 11h55

L’Entente naturaliste de Bourgogne fait un constat accablant : l’administration n’a aucune idée des quantités réelles de renards abattus ! Une gestion aveugle de la faune sauvage qui pose question. Décidés à alerter l’État, ils réclament que le renard ne soit plus inscrit sur la liste des nuisibles.
Eh non, ce n’est pas la sensiblerie déplacée d’une citadine qui parle — comme se plait à le prétendre le détracteur obtus —, c’est la sirène d’alarme lancée par de vrais connaisseurs de la faune et des écosystèmes, en un mot de la biodiversité. Le fruit de leurs études de terrain, d’inventaires de la faune, de collaborations techniques avec les collectivités territoriales et les services déconcentrés de l’État…
Ils se nomment l’Entente naturaliste de Bourgogne, qui regroupe la Société d’histoire naturelle d’Autun, La Choue (association spécialisée dans l’étude des rapaces nocturnes), et l’Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire (AOMSL).
Après avoir dûment interrogé les services de l’État dédiés à la biodiversité à propos des destructions de renards pratiquées en Bourgogne sur l’année 2020-2021, l’Entente naturaliste de Bourgogne constate que l’administration n’a aucune idée des quantités réelles de renards abattus !
Double peine, double aveuglement
Le renard a double peine : l’État le classe comme gibier — et à ce titre, il est chassé du 1er juin au 30 mars (10 mois) — et l’a inscrit sur la liste des nuisibles : il est donc traqué toute l’année sur autorisation de l’administration. Les moyens de cette destruction massive, tir, battue, piégeage, n’excluent pas la cruauté, le mot est pesé : le déterrage, y compris durant sa période de reproduction où les renardeaux sont extraits du terrier pour être massacrés (voir vidéo en fin d’article, enquête de One Voice. Attention, scène violente. Si nous relayons ce document d’une cruauté difficilement soutenable, c’est pour réveiller les consciences et refuser des méthodes indignes).
Mais avant de décréter ces massacres, il serait sensé de se poser deux questions : le renard est-il nuisible à la biodiversité ? La réponse est non, c’est purement et simplement l’inverse (sur les bienfaits de cet auxiliaire précieux, voir article Info-chalon ici).
Deuxièmement, est-il en surnombre ? Plus précisément, sa population en Bourgogne est-elle chiffrée ? Aucun comptage n’est effectué.
Pour rappel, le renard est un prédateur redoutable des campagnols et rats taupiers. La prolifération des rongeurs, favorisée par l’effacement progressif de leurs prédateurs, est à l’origine de la propagation de certaines maladies et ravage les cultures. Les producteurs céréaliers en savent quelque chose… Hugues Budvin, de l’association La Choue, évoque ce producteur céréalier dijonnais qui, inquiet de la chute de ses récoltes, sollicite l’intervention de l’association pour installer des nichoirs à chouettes et buses afin de réguler les rongeurs : « Mais quand une chouette peut manger 2 rongeurs en 24 h, le renard, lui, en dévore plus d’une dizaine, surtout à la naissance des renardeaux ! » (photo de Une, renarde à la chasse pour nourrir ses petits).
La gestion déplorable de l’administration
L’Entente naturaliste de Bourgogne a donc interrogé la Direction départementale des territoires (DDT) des quatre départements bourguignons, afin de connaître le nombre de renards abattus au cours de l’année de chasse 2020-2021.
Elle présentait les réponses obtenues, ce mercredi 9 mars, à la Maison des associations, Espace Jean Zay.
Sur les 4 départements sollicités, la Nièvre n’a tout bonnement pas rendu sa copie ! Pour les autres, un « peut mieux faire » serait anecdotique s’il n’était question de massacres d’espèces entrainant un déséquilibre de la biodiversité.
Patrick Janin, membre de l’Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire, clôt ainsi l’analyse des résultats reçus, largement incomplets : « Les réponses obtenues de trois départements montrent qu’au mieux l’administration ne connaît pas le nombre exact de renards détruits, au pire se désintéresse du sort de cette espèce au point de ne pas éprouver le besoin de recenser le nombre d’individus abattus. »
Les seuls chiffres transmis, pour incomplets qu’ils soient – les ¾ des communes de Saône-et-Loire n’ont pas fait remonter de chiffres à la DDT, la Côte d’Or est plus évasive encore – témoignent déjà de l’ampleur du carnage : sur la seule Saône-et-Loire, près de 8 000 renards abattus sont recensés (un nombre largement sous-estimé, rappelons-le) avec un pic pendant la période estivale (3 491 de juin à septembre). Une destruction massive sans commune mesure avec les dommages que ce mammifère peut causer dans les élevages de volailles, parmi ceux qui ne sont pas protégés par leurs propriétaires.
Notons que la DDT du Doubs a pris un arrêté où le renard est rayé de la liste des nuisibles sur 117 communes.
Par ailleurs, et c’est une donnée naturaliste déterminante, rappelons que les renards s’autorégulent : ils adaptent leur procréation à la quantité de nourriture. Pas de prolifération incontrôlée à redouter donc. Et inversement, là où l’on "prélève" des renards, d’autres viennent investir l’espace. Leur "effacement" est, de fait, un acte purement stérile.
L’État doit revoir sa copie
« L’État autorise et ordonne ces destructions massives sans s’interroger sur leur nécessité, leur bien-fondé, se préoccupant uniquement de “dégâts” imputés à tort ou à raison au renard, et sans en contrôler la réalité ni l’importance » déclare Patrick Janin.
Les sangliers, dont les dégâts sont avérés, sont quant à eux nourris par certains chasseurs pour les détourner des cultures. Où est la cohérence, le bon sens ?
L’Entente naturaliste de Bourgogne déplore une gestion déplorable et dangereuse pour l’équilibre de la biodiversité.
Elle demande donc à l’État une révision complète du statut du renard qui passe par 4 points-clés : modifier son statut juridique et administratif et ne plus le considérer comme nuisible ; interdire de son déterrage toute l’année ; supprimer son tir et son piégeage en période de reproduction et, enfin, interdire sa chasse en été.
Le Plan Biodiversité lancé par l’État vise bien à préserver et restaurer ce fragile équilibre d’une part, et éveiller les consciences, non ? Alors, il est urgent de revoir sa copie.
Par Nathalie DUNAND
[email protected]
Vous aussi, vous pouvez participer à la protection de la biodiversité : mieux la connaitre pour mieux la défendre et lutter contre l’ignorance. Contactez-les !
Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire (AOMSL)
Mail : [email protected]
Tél. : 03 85 42 94 57
La Choue
Association pour l’étude et la protection des rapaces nocturnes en Bourgogne–Franche-Comté
www.lachoue.fr
Mail : [email protected]
Société d’histoire naturelle d’Autun (SHNA)
site, participez aux E-Observations et suivez-nous sur Facebook !
Vidéo – Le déterrage : une horreur insoutenable ! Enquête de One Voice, en infiltration dans le milieu très fermé de la vénerie sous terre.
(Attention, vidéo comportant des scènes violentes sur animal)
https://www.jaimelesrenards.fr/



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