Chalon sur Saône

Cinq productrices de cacao venues de Colombie visitent la chocolaterie Allex

Cinq productrices de cacao venues de Colombie visitent la chocolaterie Allex

Si l’on vous dit Colombie, vous pensez très certainement au café et à sa variété arabica, dont elle est la deuxième productrice derrière le Brésil... A contrario, peu d’entre vous sait que le pays produit aussi du cacao, dont la fève est indispensable à l’élaboration du chocolat.

Et c’est bien normal, car, avec à peine 2% de la production totale, la Colombie arrive loin derrière la Côte-d’Ivoire et le Ghana, les deux principaux producteurs. 
La quasi-totalité de la production mondiale de cacao provient d’une agriculture familiale paysanne, vivant de un à trois hectares de plantation de cacaoyers. Et la Colombie n’échappe pas à ce constat. A partir des années deux mille, la culture du cacao a permis à de nombreuses familles colombiennes de sortir de la production du coca et par voie de conséquence du circuit de la drogue. Mais ces familles ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts, car un kilo de fèves leur est bien moins payé qu’une tablette de chocolat.

Une journée en Saône-et-Loire
Elles s’appellent Maria Aydé, Ingrid Ampudia, Janeth Ciquente, Maria Calderon, et Katty Lucia Castillo. Elles sont âgées entre 28 et 63 ans et elles sont productrices dans la région de Tumaco, région située au sud de la Colombie. Elles viennent d’effectuer un voyage de dix jours en France, à l’initiative de Grégory Le Heurt, jeune producteur français installé en Colombie depuis 2016, et en partenariat avec la FUPAD (Fundacion Panamericana para el Desarrollo), une ONG colombienne, et l’USAID (United States Agency for International Dévelopment), l’agence américaine chargée du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde.
Un voyage au programme duquel figurait une journée en Saône-et-Loire avec le matin une visite de la chocolaterie Allex à Chalon et l’après-midi une rencontre des apprentis chocolatiers au CIFA Jean-Lameloise à Mercurey.
La délégation colombienne, à laquelle s’était joint le chocolatier berjallien Franck Berger, membre de l’association Elite Chocolate, présidée par Grégory Le Heurt, a été accueillie par Danièle Allex, accompagnée par ses deux filles Fleur et Clémence, Sébastien Buvot, chef du laboratoire, ainsi que Marie Mercier, sénatrice de Saône-et-Loire, et John Guigue, adjoint en charge de la relance du commerce et de l’animation, représentant Gilles Platret, maire de Chalon.

La fabrication de brownies et de cookies
Après un petit-déjeuner de bienvenue, les cinq productrices ont découvert le laboratoire, s’arrêtant devant le concheur, qui permet d’affiner le chocolat en le brassant. Pour information la chocolaterie Allex conche 4 à 5 tonnes par an. Chez elles le procédé est beaucoup plus rudimentaire, puisque, nous ont-elles dit, elles n’ont pour tout moyen qu’un grand plat à paella, qu’elles chauffent sur un feu de bois, ce qui pose des soucis de régularité de production, sans compter les problèmes sanitaires. 
La matinée s’est achevée par la fabrication de brownies et de cookies, deux gâteaux où le chocolat tient une grande place. Une fabrication réalisée avec les conseils bienveillants des jeunes pâtissiers de la Maison Allex et qui s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur, la citation prenant ici tout son sens. 
Durant leur séjour en France, principalement à Bourgoin-Jallieu, dans le Nord-Isère, les cinq femmes ont appris les bases de la création du chocolat. Des bases qu’elles vont s’efforcer de mettre en pratique, de retour dans leur pays, dans l’espoir d’avoir un jour prochain une vie meilleure. Grégory Le Heurt, qui a lancé une filière éthique de cacao dans les zones de conflit ou post-conflit, en est persuadé. « Savoir transformer les fèves de cacao en chocolat va leur permettre de s’émanciper ». 

Gabriel-Henri THEULOT